La citation du dimanche :
Malheureusement, l’État n’est pas un centre de décision, mais un ensemble diffus pénétré de toutes parts par ceux qui vont bénéficier ou pâtir des mesures prises. Dans cet État confus et mou, tout le monde parle à tout le monde, se mêle de tout, s’occupe de tout, les décisions sont longues à prendre, constamment remises en question, et tendent naturellement à maintenir les intérêts établis. Les conflits sont étouffés et les secousses évitées, mais les conséquences en sont aujourd’hui flagrantes… Un État arrogant, omniprésent et omnicompétent, est nécessairement impotent, car il ne sait qu’ordonner à partir de principes abstraits et de vues générales. Seul un État modeste peut vraiment se révéler actif, car il est seul en mesure d’écouter la société, de comprendre les citoyens et donc de les servir en les aidant à réaliser eux-mêmes leurs objectifs.
Michel Crozier, État modeste, État moderne. Stratégies pour un autre changement, Paris, Fayard, 1986.
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Michel Crozier est un sociologue français, né le 6 novembre 1922, diplômé de HEC, docteur en droit et docteur ès lettres. Fondateur du Centre de sociologie des Organisations en 1962, il est connu mondialement pour ses théories sur le pouvoir dans les organisations et les dysfonctionnement des bureaucraties. En France, il a contribué à la réhabilitation de l’individualisme méthodologique comme démarche de recherche dans les sciences sociales. Il a également influencé de nombreux travaux scientifiques dans le domaine du management.
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