Le socialisme, qui inspire le gouvernement du pays, droite ou gauche, depuis des décennies, est créateur de pauvreté durable. En effet, l’égalité sociale n’est pas un progrès, c’est le progrès qui est facteur de promotion sociale.
Par Jacques Garello, administrateur de l’IREF et président de l’ALEPS
Publié en collaboration avec l’ALEPS(*)
Une telle campagne de presse, bien orchestrée, fait mouche dans un pays où l’égalitarisme est synonyme de progrès social, et où envie et jalousie sont des vertus majeures. Les Français sont naturellement conduits à penser que c’est la politique ultra-libérale suivie depuis 2002 qui est la cause de cette infamie.
Je voudrais rappeler quelques vérités premières à ce sujet :
1° C’est le socialisme qui crée la pauvreté durable.
2° Le socialisme inspire le gouvernement du pays, droite ou gauche, depuis des décennies.
3° Les inégalités sociales ne se sont pas accentuées en France.
4° L’égalité sociale n’est pas un progrès, le progrès est la promotion sociale.
L’un des rares arguments pertinents de la campagne misérabiliste est que la pauvreté augmente avec le chômage. Mais d’où vient le chômage ? En dehors de ce que j’appelle un « chômage progrès » qui accompagne nécessairement la croissance et la redistribution de la main d’œuvre qu’elle exige, il y a un « chômage-refus » qui est lié à la rigidité du marché du travail. C’est comme le mauvais et le bon cholestérol. Dans un cas, il y a changement d’emploi – ce qui prend un délai de quelques semaines, dans l’autre cas, il y a absence de création d’emploi – ce qui peut durer des années. Le chômage « frictionnel » c’est à peu près 3 à 4% de la population active et il dure trois mois en moyenne, le chômage « structurel » c’est bien au-delà et il peut durer de un à deux ans voire davantage.
Mais les socialistes keynésiens ont inventé le chômage « conjoncturel », lié aux prétendues crises du capitalisme, et qui appellerait l’intervention du gouvernement sous forme de dépenses publiques, financées à grands coups de création monétaire. Toutes ces politiques de relance ont toujours et partout échoué, et entraînent à coup sûr une montée du chômage : nous y voici. Pendant ce temps, les causes structurelles du chômage ne sont pas attaquées, et tout est fait pour décourager la création d’emplois : charges sociales, fiscales, syndicales, financières, qui empêchent les entreprises d’augmenter voire même de conserver leurs effectifs.
Cette situation dure en France depuis un demi-siècle au moins, en dépit de quelques réactions éphémères (Pinay par exemple). La droite actuellement au pouvoir ne fait pas de l’ultra-libéralisme, mais bien du pur socialisme. La dose de socialisme n’a cessé de s’alourdir : un droit du travail qui crée la rigidité, un parasitisme syndical délétère, une fiscalité pénalisant la réussite, l’épargne, l’actionnariat et le patrimoine, enfin, et non le moindre, des charges sociales nées d’un système de Sécurité sociale inefficace et ruineux. Si l’on devait rendre un seul service aux salariés les plus pauvres, ce serait de leur rendre le pouvoir d’achat qui leur est confisqué par des cotisations aberrantes et léonines. Mais on préfère parler précarité, pénibilité, et geindre sur le malheur des classes laborieuses. Cerise sur le gâteau : « il faut faire payer les riches ». Je ne vois pas ce que le gouvernement Fillon a à envier au gouvernement Jospin. Faire du socialisme pour surmonter la crise du capitalisme est une double erreur : et sur le mal, et sur le remède.
La traque aux riches trouve un nouvel aliment dans les statistiques publiées par l’INSEE. Or ces statistiques ne disent pas grand-chose de significatif. D’une part les égalitariens devraient être satisfaits : les mêmes séries statistiques prouvent que les écarts de revenus se sont réduits, et non pas accrus, au cours des quarante dernières années. Le capitalisme et la mondialisation ont été un contrepoids appréciable au socialisme gouvernemental. D’autre part, le « seuil de pauvreté » (qui est la valeur de revenu égale à la moitié de la médiane) augmente avec la croissance du revenu global (la médiane ne se déplace pas vers le bas et la classe moyenne n’a pas disparu). Enfin, la mesure des revenus les plus faibles comme les plus élevés est très incertaine, surestimant ou sous-estimant les uns ou les autres. D’ailleurs pauvreté et richesse se mesurent-elles en termes de revenus courants ?
Je crois qu’on fait fausse route en portant toute son attention sur les écarts de revenus. Il y aura toujours des écarts, et les régimes les plus « communisants » (en général totalitaires, car le communisme est contre la nature et contre la liberté) ont leur nomenklatura tandis que le peuple meurt de faim. On sera toujours le pauvre ou le riche de quelqu’un d’autre.
Ce qui est important c’est la promotion sociale, c’est-à-dire la possibilité pour le pauvre de devenir riche. Ce n’est pas en pénalisant le riche qu’on élimine le pauvre, sauf à rendre tout le monde pauvre (à l’exception de ceux qui organisent la redistribution forcée des revenus). Telle a été d’ailleurs pendant longtemps la signification du « rêve américain » : de pauvres immigrés devenant des millionnaires. En une génération, 95 % des Américains sont sortis de la classe la plus pauvre, et 25 % sont parvenus tout en haut de l’échelle des revenus. Ce qui est en panne, en France – et peut-être aux États-Unis s’ils se socialisent – c’est l’ascenseur social.
La conclusion est bien simple. Arrêtons le socialisme, qui crée la pauvreté durable, et adoptons la seule politique de justice : reconnaître les mérites, les efforts et les talents, et permettre à chacun d’aller au plus haut de ce qu’il peut faire. Le progrès social naît de la liberté.
Sur le web
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(*) L’ALEPS, présidée par le Professeur Jacques Garello, est l’Association pour la Liberté Économique et le progrès social, fondée il y a quarante ans, sous l’autorité de Jacques Rueff, dans la tradition intellectuelle française de Jean Baptiste Say et Frédéric Bastiat.