Bonjour, il est presque 18 heures en ce dimanche 11 septembre 2011 et je n'ai toujours pas allumé ma télé, ni mon poste de radio. Probablement n'ai-je pas envie qu'on me rebatte les oreilles de ce qui s'est passé il y a dix, à coup d'images catastrophe racoleuses destinées à émouvoir les chaumières du brave peuple et à lui faire peur. Vous n'en trouverez d'ailleurs pas sur cet article.
Bien sûr ce fut un drame humain : plusieurs milliers de morts, dont la plupart ne méritaient pas ce qui leur est arrivé. Et je suis totalement compatissant. Bien sûr ce jour-là l'évènement m'a impressionné : je ne suis ni Hutu ni Tutsi, encore moins Serbe ou Kosovar, mais subitement, je me suis dit, comme beaucoup d'entre vous, que ce qui était arrivé à New-York pouvait se reproduire à Paris, à Lille ou à Sommaing-sur-Ecaillon. Finie notre tranquillité confortable, nous n'étions plus en sécurité nulle part. Et de l'autre côté de l'Atlantique, c'est peut-être ce qui nous le plus marqué.
Ben Laden est mort, mais a-t-il eu le temps de mesurer les conséquences de l'action qu'il a télécommandée il y a dix ans ? Comme le disait mon mentor aux échecs, "nous ne sommes jamais maîtres des conséquences de nos actes". Et la crise actuelle est l'une des principales conséquences.
Il y eut bien sûr l'aspect humain, ces morts injustes et injustifiées, mais également tous les soldats tués depuis dix ans.
Il y a aussi un lourd impact financier. Il paraissait alors inconcevable de ne pas attaquer l'Afghanistan. Pour y faire quoi aussi ? Depuis dix ans, que savons-nous des buts de guerre qu'il fallait nous fixer ? Punir al-Quaïda, bien sûr, et quoi d'autre ? Détruire le régime taliban, parce qu'il avait soutenu les terroristes ? ET puis quoi ensuite. Ce régime repose sur une large base populaire dans ce pays. N'en légitimons pas pour autant les aspects archaïques et indignes des droits de l'homme. Et de la femme ! C'est d'ailleurs à travers elle qu'on s'est aperçu qu'on pouvait "civiliser" ce pays. Mais pour y apporter quoi exactement, et de manière définitive et irréversible ? Depuis dix ans, on ne sait plus : la mayonnaise ne prend pas, l'ancien régime opère son retour en grâce, on parle de discussion avec lui pour pouvoir guetter ce bourbier. Alors, pourquoi sont morts les soldats tués là-bas et pourquoi a-t-on dépensé des milliards d'euros ?
On a cru aussi qu'on pouvait lancer impunément une nouvelle croisade de la civilisation occidentale contre l'axe du mal. C'est l'initiative américaine en Irak depuis 2003. Il faut remercier Dominique de Villepin ici, qui, ferme et catégorique, a refusé d'entraîner la France dans cette aventure. Sans résultat tangible, elle a coûté des milliers de vies de soldats et des centaines de milliards de dollars aux Etats-Unis, qui se débattent aujourd'hui dans une dette abyssale qui pourrait lui coûter son précieux triple A.
C'est peut-être là la victoire posthume d'Oussama ben Laden. Il a foutu un bordel monstre dans notre économie occidentale, qui nous met au bord de l'effondrement et pour lequel on vous demande de vous serrer la ceinture encore davantage, au détriment de votre avenir, de votre santé et de l'éducation de vos enfants.
"On n'est jamais maître des conséquences de ses actes". On ne saurait que trop méditer cette maxime.
A lundi.