La lutte contre le terrorisme a également servi de prétexte à des pratiques absolument interdites et réprouvées, dont le recours « légalisé » à la torture dans des centres de détention tels que Guantanamo ou Abou Ghraïb sous contrôle américain, ou dans de nombreux autres centres de détention nationaux secrets afin d’échapper à tout cadre légal. Dans certains cas, des gouvernements ont eu recours à des assassinats ciblés et extrajudiciaires. Selon Patrick Baudouin, Président d’honneur de la FIDH, « la propagande de légitimation des atteintes aux libertés au nom de la lutte antiterroriste, relayée par le réflexe de peur engendré et instrumentalisé, a conduit à un abandon progressif des valeurs essentielles de l’humanité ».
Dix ans plus tard, loin d’avoir porté ses fruits, cette politique liberticide a des effets dévastateurs. Certes, l’élection de Barack Obama a entraîné un changement de discours salutaire. Mais force est de constater que l’engagement pris de fermer la prison de Guantanamo ne s’est toujours pas concrétisé.
La guerre se poursuit en Afghanistan et l’alliance entre le mouvement Talibans et diverses mouvances terroristes semblent gagner du terrain. Au-delà du combat mené par les États-Unis et ses alliés contre Al Qaeda, d’autres États invoquent la lutte contre le terrorisme pour continuer d’agir en toute impunité, comme le font les autorités russes dans le Caucase du Nord. Le reste de l’Asie n’est pas épargnée avec, par exemple, la politique de répression menée par la Chine à l’encontre de ses minorités, que se soit au Tibet ou au Xinjiang contre le peuple Ouïghour.
Au prétexte de la lutte contre le terrorisme, de nombreuses dictatures ont longtemps bénéficié du soutien souvent inconditionnel, de pays occidentaux, leur permettant de se maintenir au pouvoir. Alors que les révolutions secouent le monde arabe depuis le début de l’année 2011, beaucoup de dirigeants de pays occidentaux semblent enfin réaliser que soutenir les aspirations des peuples pour la conquête des droits et libertés contribue davantage à la stabilité de l’ordre international que le maintien au pouvoir des régimes autoritaires. Ce changement d’attitude reste toutefois timide, freiné à la fois par divers intérêts d’ordre économique et géostratégique et par le scepticisme voire l’inquiétude suscitée par ces bouleversements rapides.
Dans ce contexte, la FIDH demande l’abrogation des législations liberticides adoptées ou renforcées au lendemain du 11 septembre au nom de la lutte antiterroriste, et demande aux Etats d’oeuvrer pour une meilleure prise en compte des droits de l’Homme dans leur lutte contre le terrorisme.
Dossier spécial 11 septembre -
Anti-terrorisme et... par fidhdailymotion
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Anti-terrorisme et droits... par fidhdailymotion
Special 9/11_Antiterrorism and human...
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Pour plus d’information :
Dossier Afrique sur Antiterrorisme et droits de l’Homme
Dossier Asie sur Antiterrorisme et droits de l’Homme
Dossier Maghreb et Moyent Orient sur Antiterrorisme et droits de l’Homme
Dossier Europe de l’Est et Asie Centrale sur Antiterrorisme et droits de l’Homme
Dossier Amérique Latine sur Antiterrorisme et droits de l’Homme
L’antiterrorisme à l’épreuve des droits de l’Homme : les clés de la compatibilité (2005) http://www.fidh.org/L-antiterrorism...
En anglais :
The 9/11 Decade and the Decline of U.S. Democracy (by the Center of Constitutional Rights) source : http://www.fidh.org/Dossier-special-11-septembre