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Sur le néo-chiliasme

Publié le 12 septembre 2011 par Tudry

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Courte biographie, du Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire, en forme de mise en garde :

Nous nous appuyons sur le roc inébranlable des commandements du Seigneur. Et nous établissons notre défense à l'abri des traditions.

Saint Nil de la Sora.

L'Archevêque Averky, de bienheureuse mémoire, avait raison d'affirmer que, plus que tout autre temps, le temps du Grand Carême, est un temps de lutte et de combat spirituel. Il avait également raison d'opposer à cette vérité essentielle de la voie christique, la forme dévoyée qui ce faisait jour à l'heure où il écrivait et prononçait ces paroles empruntes de sagesse patristique. Nul doute qu'aujourd'ui encore, peut-être même plus encore, il s'en trouvera pour stigmatiser ce discours, couvrant la vérité qu'il pointe sous les noms de « radicalisme, fondamentalisme, conservatisme » ou mieux encore « d'obscurantisme ». Comme le rappelait à juste titre dans son texte l'Archevêque Averky, ceux qui souhaitent s'en tenir à la vérité « connaîtront des tribulations ».

La personne qui, en vue de sa plus large publication, traduisit ce sermon du russe, pourrait apporter un éclairage singulier à l'analyse développée par Vladyka Averky. En effet, le Père Seraphim Rose alors qu'il était encore, pour le monde, Eugène Rose fut un brillant étudiant. Brillant certes mais néanmoins, comme beaucoup de ses contemporains et co-disciples, profondément angoissé par les soubresauts du monde et cherchant avidement, quoique obscurément, une réponse spirituelle absente de leur environnement. Le Père Seraphim fut un spécialiste affirmé de la langue et de la philosophie chinoise antique, après de violentes crises d'un nihilisme existentiel aigu, il rencontra les écrits de René Guénon et de « l'école » dites « pérennialiste ». Il y fit son miel essentiellement des constats d'échec du monde moderne et des raisons tant spirituelles que métaphysiques de ces échecs. Progressivement pourtant, une autre lumière ce fit jour et ostensiblement l'orienta vers la Sainte Eglise Orthodoxe, en l'occurrence, puisque vivant aux Etats-Unis vers l'Eglise Orthodoxe Russe hors-frontière. Sa conversion, d'abord basée sur des critères intellectuels, fut finalement telle qu'il se consacra entièrement à l'Eglise, d'abord en ouvrant une librairie orthodoxe ainsi qu'une imprimerie (avec la bénédiction paternelle de l'Archevêque Jean Maximovitch, saint Jean de Shangai et San Fransisco) dédiée aux écrits spirituels de l'Eglise, ensuite en poursuivant cette oeuvre missionaire particulière au sein d'un « désert » en fondant la Fraternité Saint Herman.

La foi du Père Serpahim fut, à ses débuts, aussi ardente que son nihilisme des années antérieures, comme beaucoup de convertis il en vint à se vouloir plus « orthodoxe que les orthodoxes », plus « russe que les russes », il faudra les épreuves, les oppositions, les conflits et une vie de prière pour ramener le « zélote » à une plus juste considération de ce qu'il nommera lui-même « l'orthodoxie du coeur ». Il sut alors concilier une rigueur doctrinale, éclairée par une connaissance profonde des Pères et une intelligence aiguë des réalités spirituelles, à une chaleureuse affection. Un équilibre qui le fit respecter de tous ceux qui croisèrent sa route. Il mit, dès lors, toute sa force, toute sa capacité de travail dans un labeur acharné, luttant pour affirmer la droiture et la justesse de la foi orthodoxe, pour l'ouvrir à des « cherchants » de plus en plus nombreux tout en en défendant la complète et stricte intégrité.

De par son parcours personnel, de par la crise philosophique et spirituelle terrible qu'il avait vécu, le Père Seraphim fut, tout au long de son existence terrestre, très attentif au problèmes des illusions spirituelles. Bien qu'ayant infusé beaucoup de compréhension et de chaleur dans son « zèle », certains reprocheront encore au Père Séraphim des positions que beaucoup de modernistes ne peuvent, évidemment, que reprocher à l'Eglise et à ses moines, néanmoins, le souci majeur du Père Séraphim, bon connaisseur des spiritualités orientales, qui avait eu l'occasion dans ses années d'études d'analyser au plus près les phénomènes modernes des « secondes religiosités », fut toujours de préserver la doctrine spirituelle orthodoxe de tout mélange mortifère, considérant que celle-là se suffisait parfaitement à elle-même et va même bien au-delà de ce que beaucoup de « cherchants » prétendent trouver dans telles ou telles philosophies « antiques » ou orientales. Mais aussi de prévenir ces « cherchants » des risques réels et sérieux qu'ils allaient inévitablement rencontrer, fusse dans leur désir de se mettre à « l'école » de la foi orthodoxe vécue intensément.

Thierry Jolif-Maïkov

Chiliasme et néo-chiliasme selon le Père Seraphim (Rose) de Bienheureuse mémoire :

« Cet enseignement (le chiliasme) est une hérésie, condamnée par les anciens Pères de l'Église, elle prend sa source dans une mésinterprétation du livre de l'Apocalypse (Révélation). L'Église orthodoxe enseigne que le Règne du Christ, avec Ses saints lorsque le « mauvais » est enchaîné pour mille ans (Apoc. 20:3) est cette période que nous vivons maintenant, la période entière (1000 étant un nombre symbolisant l'entièreté) entre la première et la seconde venue du Christ. Durant cette période les saints règnent avec le Christ, mais il s'agit d'un règne mystique qui ne doit et ne peut être défini sur un plan externe ou politique tel que les chiliastes, précisément, l'entendent. Le démon est réellement lié en cette période – ce qui signifie qu'il connaît des restrictions dans l'exercice de sa volonté malade contre l'humanité – et les croyants qui vivent la vie du Christ et reçoivent les Saints Mystères vivent une vie bénie qui les prépare pour l'éternel Règne céleste. Les non-orthodoxes, qui n'ont pas les Saints Mystères et n'ont pas goûté la vraie vie de l'Église ne peuvent comprendre ce règne mystique du Christ et, donc, recherchent un règne extérieur et politique. » (The Orthodox Word, n° 100-101, 1981, p. 207)

« Comme il est approprié aussi, pour les chiliastes que nous vivions maintenant (depuis 1917) dans l'ère « post-constantinienne » puisque ce fut au début de cette ère, i.e l'âge d'or des Pères, que fut écrasée l'hérésie du chiliasme. Et, nous avons vu, également, accompagnant la Révolution qui a mis un terme à cette ère, une réforme de la chrétienté qui éloigne de plus en plus l'Église de ce qu'Elle est : un instrument de la grâce de Dieu pour le salut éternel de l'homme que cette réforme remplace pour le souci prééminent d'un « évangile social. » (Père Seraphim, Lettre personnelle, 1970)


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