Royaume-Uni. George Osborne, le Chancelier de l’Échiquier, a déclaré que l’eurozone s’oriente vers une intégration fiscale. Mais quelle forme celle-ci peut-elle prendre? L’intégration fiscale pose autant de problèmes qu’elle n’en résout…
Un article d’Open Europe
George Osborne, Chancelier de l'Échiquier du gouvernement de David Cameron
Voici la dernière déclaration publique tombée il y a quelques jours :
Aujourd’hui, George Osborne, le Chancelier de l’Échiquier [NdT: ministre britannique chargé des finances et du trésor] a réitéré son invitation à une plus grande intégration fiscale dans la zone Euro et ce parmi les pays qui se débattent avec la crise de la dette en cours.
Le Chancelier a exhorté les gouvernements des nations membres de la zone euro à suivre « une logique implacable » de fusion financière.
Il a déclaré :
« La crise financière dans la zone Euro est extrêmement sérieuse. Heureusement que la Grande-Bretagne n’est pas dans la zone Euro ; mais malheureusement nous ne sommes pas immunisés contre l’instabilité qui se trouve à notre porte. »
« La zone Euro doit mettre en œuvre ses engagements politiques pour aborder la crise. »
Mr. Osborne ajoute:
« La zone Euro devrait suivre la logique implacable de l’union monétaire comprenant une plus grande intégration fiscale. Nous devons nous assurer de ne pas faire partie de cette intégration, de façon à ce que nos intérêts nationaux soient protégés et promus en tout point. »
Le conservateur David Nuttall (de la circonscription de Bury North à Manchester) appelle les ministres à faire pression sur les pays de la zone Euro pour leur permettre de lâcher la monnaie commune sans sacrifier l’appartenance à l’union Européenne.
Mais le Chancelier souligne que l’Euro est « ici pour rester » et ajoute que nous ne sommes pas dans « la perspective immédiate d’une renégociation majeure du traité monétaire ».
S’exprimant sur les questions de budget au parlement, il assure que les travaillistes restent engagés en principe à amener la Grande-Bretagne à adopter la monnaie unique.
Bien sûr, on voit ce qui se passe. Le ministre des finances britannique, se faisant du souci concernant la reprise très fragile en Grande-Bretagne, veut éviter un effondrement dans la zone Euro – ce qui renverrait l’économie britannique dans la récession. D’une certaine façon, c’est bien compréhensible.
Et pourtant, dans le même temps, ce n’est pas le cas. Parce que si l’on soutient l’intégration fiscale sur la base qu’elle va organiser la zone Euro, et ainsi aider le rétablissement de la Grande-Bretagne, il s’ensuit certainement que le Chancelier devrait spécifier le type d’intégration fiscale qu’il a en tête. Il y a union fiscale et union fiscale. Une intégration fiscale sans conviction qui ne résout aucun des problèmes économiques sous-jacent de la zone Euro, et qui peut parfaitement conduire à de déplaisantes disputes politiques (on se rappelle tous maintenant le coût politique des renflouements et des prêts collectifs) est pire que tout pour la Grande-Bretagne.
À titre d’exemple, et comme on en a déjà discuté, il n’est pas clair du tout comment le mélange approximatif entre les Euro-obligations et les obligations nationales (en cours de discussion) va mettre fin à la crise. Ce type d’accord découragera la discipline fiscale et même augmentera potentiellement le coût général des prêts pour les économies endettées, dans le cas où les parts des obligations nationales feraient face à une augmentation alarmante de leur taux. Il se pose aussi la question écrasante de la mise en œuvre de cette politique et la façon dont on pourrait faire fonctionner les Euro-obligations sans faire imploser le marché existant des obligations.
Il serait bien nécessaire de faire la lumière sur ces questions-là…
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Sur le web
Traduction: JATW pour Contrepoints.