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Sarko, casse-toi, pauvre con !

Publié le 23 février 2008 par Jean-Philippe Immarigeon

« Casse-toi, casse-toi alors ! Pauvre con va... » Voilà la dernière saillie, ce samedi au salon de l’Agriculture, du petit Nicolas, toujours au mieux de sa forme. Bon, c’est un prêté pour un rendu, lui qui s’était fait traiter d’enculé en Bretagne et avait tourné les talons sous l’affront. Mais c’est certain que notre président fait une nouvelle fois honneur à la nation qui a eu le malheur de le désigner pour la représenter, et qui se demande comment mettre fin le plus rapidement possible à ce qui est en train de virer au cauchemar. Car comme il le dit lui-même, il n’est vraiment pas raisonnable de laisser des malades mentaux en liberté.

Justement, il y a dans notre Constitution un article 62 qui stipule qu’« une disposition déclarée inconstitutionnelle ne peut être promulguée ni mise en application. Les décisions du Conseil Constitutionnel ne sont susceptibles d’aucun recours. Elles s’imposent aux pouvoirs publics et à toutes les autorités administratives et juridictionnelles. » En soi ce texte est scandaleux, car voilà une pseudo-juridiction qui délibère en secret, sans respect du contradictoire, parfois sur la base de pièces secrètes, sans publication d’opinion dissidentes (les dissents anglo-saxons, qui sont souvent plus intéressantes que la décision elle-même, et encore plus souvent source d’inspiration et même de droit pour les juristes), et sans possibilité de recours, et j’en passe. C’est une honte pour une démocratie : même la Cour Suprême de Washington fonctionne de manière moins obscène depuis qu’elle s’est mise aux ordres du Pentagone en septembre 2001. C’est surtout tellement stupide que ça peut bloquer tout l’appareil judiciaire. C’est ainsi le Conseil Constitutionnel qui a ralenti plus de dix ans la procédure sur les faux électeurs du 5ème arrondissement, alors que sa décision de février 1998 aurait dû, si on avait appliqué l’article 62, clore immédiatement l’instruction (pour comprendre comment et pourquoi, voir Jean-Philippe Immarigeon, Autopsie de la fraude électorale, Stock 2000).

Si j\'aurais su...

Je comprends donc un peu le petit Nicolas. Il entend rompre avec toute la tradition pénale française héritée des Lumières et précipiter la France dans une panoptie compassionnelle où l’arbitraire serait roi, abandonnant le principe de légalité qui distingue l’état de droit du régime totalitaire. Et voilà qu’une dizaine de ridicules lui casse – un peu – la baraque. C’est effectivement rageant. Alors il fait comme se le permettaient parfois nos rois avant 1789, et encore avec parcimonie et beaucoup d’hésitations : l’enregistrement forcé en lit de justice.

Mon problème est qu’il était prévu de longue date que Sarko agirait un jour ainsi, c’est comme tout ce que fait cet esprit inculte et limité, déterminable et déterminé par des pulsions psychanalytiques qui inquiètent désormais la presse étrangère et les chancelleries qui se demandent sérieusement s’il n’est pas totalement fou.

Il faut donc lire ou relire et faire lire le premier ouvrage critique écrit sur lui en pleine sarkomania, et à ma connaissance à ce jour le seul, où tout était déjà couché sur le papier voilà déjà quatre mois : le mien.

Extrait du chapitre « Guantanamo connection » sur la démolition par Sarko l’Américain des fondements du droit français :

Au diable ces gens de robe ! Pourquoi s’embarrasser du pouvoir judiciaire ? Pourquoi ne pas inclure les juges dans le spoils system à l’américaine que Nicolas Sarkozy veut introduire en France, et tous les virer à chaque élection d’un nouveau président? Nul besoin de prendre tant de peine : il suffit à notre Garde des sceaux de renvoyer Montesquieu aux oubliettes et d’annoncer durant l’été 2007 que le chef de l’État étant détenteur par élection de la souveraineté nationale, les juges devront désormais suivre son opinion. Puis de convoquer quelques procureurs pour leur signifier que les cours de justice ne disposeront même plus du droit de remontrance qu’avaient nos anciens Parlements. Encore un peu, et le chef de l’État se transportera dans les pompes de la Cour de cassation réunie en assemblée plénière, pour y tenir un lit de justice digne d’un Louis XV : « C’est en ma personne seule que réside l’autorité souveraine ; c’est de moi seul que mes cours tiennent leur justice et leur autorité ; la plénitude de cette autorité qu’elles n’exercent qu’en mon nom demeure toujours en moi et l’usage n’en peut jamais être tourné contre moi. » (Discours devant le Parlement de Paris du 3 mars 1766, lors de la séance dite de la flagellation)

Jean-Philippe Immarigeon, Sarko l’Américain, Bourin 2007

C’est pourquoi c’est décidé, cette fois-ci, j’arrête ce blog. A quoi bon me répéter encore et encore puisque j’ai à l’Elysée le meilleur attaché de presse qui soit, appliqué à tout faire comme c’est écrit dans le livre.

Je reprendrai lorsque Sarko en sera arrivé à la conclusion : dire, en notre nom à tous, « merde » à l’Amérique ! Mais ça, c’est pas pour demain. Même pour le plaisir de dire encore une fois un gros mot.


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