Si j'avais passé 3 jours au festival du film américain de Deauville, j'aurais dormi dans un palace et croisé Abel Ferrara au petit-déjeuner, le pas trainant, son rictus, abimé.
J'aurais pas rigolé devant un pseudo-romantic-movie plus stupide que crazy et love. Une énième scène à la "je change de vêtement-je change de personnalité" m'aurait achevée.
On aurait partagé la piste de danse, moi et des actrices à la Villa Cartier. Pour des Afters après avoir fait autre chose. Et j'aurais écrasé les pieds d'Elisa Sednaoui, si j'avais mis pas mal de conviction dans mes pas, on se serait fait un signe de la main, d'excuse, tels deux footballeurs qui ne souhaitent pas qu'un arbitre se méprenne sur la véritable signification de la confrontation. Certes pas amicale mais raisonnable entre femmes de caractère.
Je me serais caché les yeux pour éviter les giclées d'hémoglobines envoyées par Drive au cours d'une projection époustouflante.
J'aurais peut-être diné avec une élue UMP, capable de comparer les mérites respectifs des montres Chanel, Piaget, Rolex, Tag Heuer, en énumérant le nombre de centièmes de secondes, dixièmes de seconde, secondes ou même minutes qu'elles perdent chaque année à cause d'un mécanisme déficient.
(J'aurais oublié assez vite quelle marque était la championne es fiabilité)
J'aurais vu un pensum sur les pédo-nazis et me serais interrogée sur le bien-fondé du concept de viol quand une fille de presque 14 ans fait l'amour avec l'homme qu'elle aime. Charlie, 38 ans, prof de Sciences physiques. Bah quoi, au même âge, y en a qui se tapent la moitié de l'équipe de football américain !
[A savoir, un homme en complet et New Balance modèle Cross ne peut être tout à fait bon].
Au cours du séjour, je n'aurais pas snobé Trouville, village assez nostalgique pour abriter l'un des derniers Panta-shop de la France métropolitaine. J'aurais préféré son bord de mer, à celui de Deauville, comme toujours, et son restaurant banal sis au milieu de la plage.
J'aurais aussi dit à Sabrina Ouazani, que je lui souhaitais DE TOUT MON COEUR (j'aurais pas dit ça en vérité, « DE TOUT MON COEUR », je l'aurais pensé mais pas dit et même pensé, ça aurait été un mensonge car mon coeur a d'autres choses à quoi s'occuper) que ça aille haut ou fort pour elle. Haut ou fort, je ne me rappelle plus l'adjectif que j'aurais voulu employer ni celui que j'aurais utilisé effectivement, l'un et l'autre me semblent encourageants. Enfin, j'aurais sûrement dit "loin".
Eventuellement j'aurais divagué devant Another Earth, un nouveau film du genre « Et si... » il existait un duplicata de la terre, Earth 2, « et si », sur cette terre, tout y était semblable à nous, « et si » on pouvait s'y retrouver, « et si » Ema 2 en était au même stade professionnel et émotionnel que Ema 1 ? Ou mieux ?
J'aurais sinon foutu la honte à Sonia Rolland en arborant une tenue fort subtile quand la pauvrette paradait en Jennyfer, saison 2007.
Puis, j'aurais un lundi matin quitté l'hôtel Royal de Deauville pour rentrer à la maison. A pied.
Jeu de briques
Snake
Pacman
Bubble