Made in Spain

Vueling croit fermement aux vertus d’un modčle économique hybride.
Bientôt, Orly-Zurich ŕ 50 euros : la compagnie espagnole Vueling tisse sa toile et suscite un intéręt croissant. En effet, elle revendique un modčle économique hybride (bien que ses dirigeants n’utilisent pas ce terme) et, de toute évidence, elle s’en porte bien. Sortie de nulle part en 2004, elle exploite déjŕ 48 Airbus A320, pratique de petits prix, reste bénéficiaire malgré la nouvelle envolée du prix du pétrole et poursuit son expansion trčs rapide, bien loin des méthodes sans compromis de Ryanair et EasyJet.
Certes, chez elle, il est aussi question de Ťbasesť mais les correspondances sont ouvertement favorisées grâce ŕ un hub ŕ part entičre, Barcelone, plate-forme qui permet plus de 550 combinaisons de vols en męme temps que l’interface avec le réseau long-courrier d’Iberia qui détient 45,8% de son capital. Le résultat, c’est le moins que l’on puisse dire, est intéressant et digne de la plus grande attention.
Voici donc une jeune low cost rentable, qui a transporté 11 millions de passagers l’année derničre (un croissance de 35%), qui dessert une cinquantaine de destinations, occupe ŕ peine 1.300 personnes et est accolée ŕ un ténor, Iberia, lui-męme marié récemment ŕ British Airways. Un trio qui commence ŕ faire parler beaucoup de lui, d’autant qu’il donne l‘impression de s’appuyer sur des choix simples. Vueling est une entreprise aux rouages légers et qui choisit astucieusement ses cibles prioritaires.
Ainsi, le marché français, dont on sait ŕ quel point il est dynamique et ouvert ŕ l’innovation, fait l’objet de soins attentifs et d’initiatives multiples, au point d’occuper la deuxičme place, aprčs l’Espagne. La création d’un Orly-Zurich le 30 octobre prochain en constitue une nouvelle preuve, en męme temps qu’une confirme que Vueling s’intéresse beaucoup aux voyages d’affaires. Sous cet angle, la compagnie est bel et bien hybride, encore que le terme ne convienne pas tout ŕ fait ŕ sa maničre de procéder. La réalité, en effet, est faite tout ŕ la fois de simplicité et de sophistication, ainsi qu’en témoignent éloquemment les résultats obtenus en France. D’autant que Vueling inaugure cette semaine une ligne Nantes-Barcelone et annonce un Toulouse-Lille ŕ partir du 3 octobre. C’est-ŕ-dire une nouvelle ligne intérieure qui ne manque pas d’une certaine forme d’audace, pour ne pas en dire davantage. Air France appréciera.
Vueling dessert actuellement six villes françaises, ŕ savoir Paris (Orly et CDG), Lille, Nice, Bordeaux, Nantes et Toulouse. Cette derničre a été promue au rang de base, la premičre hors d’Espagne, des vols étant assurés au départ de la Ville Rose vers Barcelone, Ibiza, Majorque, Malaga, Ténériffe mais aussi Venise, Nice et Prague. Depuis le début de l’année, Vueling a inauguré trente-trois nouvelles destinations et deux bases européennes, Toulouse et Amsterdam. L’année prochaine, le réseau s’étendra davantage, au plan géographique s’entend, et atteindra notamment la Russie.
Dans ces conditions, sur base d’un million et demi de passagers par mois, un taux moyen d’occupation des sičges de prčs de 84% et d’une progression moyenne du chiffre d’affaires de 9% par an, les responsables de Vueling apprécient modérément que nous nous interrogions sur le bien-fondé du modčle hybride qui vaut de gros ennuis ŕ Air Berlin. Ici, plate-forme de correspondances, panachage de destinations touristiques et professionnelles, contrôle sévčre des coűts font bon ménage.
Du coup, il sera nécessaire d’en reparler, un peu plus tard. Peut-ętre assistons-nous en effet ŕ l’apparition, non pas d’un modčle nouveau, mais plutôt d’un retour aux sources. A savoir l’essor d’une compagnie qui s’efforce de tirer soigneusement les leçons des errements des autres, c’est-ŕ-dire de compagnies qui l’ont précédée et n’ont pas toujours été capables de toute la prudence voulue. Il serait prématuré de se risquer ŕ de telles conclusions mais, dorénavant, il ne faudra plus quitter Vueling des yeux.
Pierre Sparaco - AeroMorning