Président de la République ou voyou ? L'article d'Ariane Chemin publié dans Le Monde (édition du 10 septembre) consacré à Alexandre Djouhri qualifié de " prince de l'ombre " par Pierre Péan dans son livre " La République des mallettes " suscite un profond sentiment de malaise. Notamment lorsqu'à propos du rôle de M. Djouhri dans l'affaire Clearstream, il est prêté à Nicolas Sarkozy un propos inquiétant : " S'il n'était pas venu à Canossa, il aurait reçu une balle entre les deux yeux".
Nicolas Sarkozy n'a pas encore fini son mandat qu'il flotte déjà sur l'Elysée un fumet nauséabond. Karachi, Clearstream, la Françafrique et tous ces intermédiaires mystérieux, ultra-riches qui gravitent dans l'ombre du pouvoir donnent une étrange couleur à un président intronisé par les puissances de l'argent au Fouquet's.
On savait que l'affrontement entre Balladuriens et Chiraquiens avait été d'une rare violence. Alors que les cicatrices de l'affaire Clearstream ne sont pas encore refermées, la thèse de Pierre Péan le confirme pleinement.
Ariane Chemin extrait du substrat de son collègue, journaliste d'investigation réputé, une véritable bombe qui donne un éclairage particulier, s'il est avéré, à la personnalité de l'actuel président de la république.
Pierre Péan avance qu'il ne serait pas absurde, "conformément aux soupçons de Nicolas Sarkozy, d'envisager un possible rôle de Djouhri dans la machination - Clearstream – ".
Pierre Péan s'appuie sur des propos qui auraient été prononcés en janvier 2008 par Nicolas Sarkozy dans l'avion présidentiel devant son sherpa Jean-David Levitte. Cette conversation aurait été confirmée par Hervé Morin alors ministre de la défense.
A propos du rôle de M. Djouhri dans l'affaire Clearstream, M. Sarkozy aurait dit : " S'il n'était pas venu à Canossa, il aurait reçu une balle entre les deux yeux".
Langage fleuri ou menace sérieuse ? Difficile de savoir. Le livre de Pierre Péan dessine néanmoins une galaxie sarkozyste des plus glauques, entre commissions financières et petits arrangements.
Un ouvrage dans lequel l'auteur avance entre autres qu'Henri Proglio ne serait que le petit soldat d'un Alexandre Djouhri, omniprésent, "invité" à régler les modalités financières du divorce du président avec Cécilia, son ex-épouse.
On pourrait accuser Pierre Péan de fantasmer, de grossir le trait à des fins commerciales mais il se trouve qu'un autre livre, "Sarko m'a tuer" des journalistes du Monde Fabrice Lhomme et Gérard Davet, exemples multiples à l'appui, décrit les pratiques dénuées de scrupules de Nicolas Sarkozy et de son entourage.
En photo : Pierre Péan (crédit photo : Rama)
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