Magazine Société

L'envol

Publié le 15 septembre 2011 par Toulouseweb
L’envolUn pas de danse chez Air France.
Notre époque est dominée par des préoccupations de perception, d’image, de paraître, de sensibilisation des foules aux sacro-saintes marques. Et le transport aérien n’échappe ŕ cette tendance, souvent superficielle, parfois détestable. On finit par oublier que la raison d’ętre de toute compagnie aérienne se résume ŕ transporter ses clients vers la destination de leur choix, en toute sécurité et au meilleur prix. Les horaires jouent aussi un rôle important dans ce monde trčs concurrentiel et le service ŕ bord est pris en compte, surtout quand les tarifs sont élevés.
Reste le fait que toute compagnie aérienne cherche avant tout ŕ séduire en offrant de Ťbonsť prix. Les succčs spectaculaires et répétés des low cost sont lŕ pour en témoigner, et cela quels que soient les caprices de la conjoncture. Dans cet environnement trčs dur, Air France a souvent donné l’impression de souffrir d’un temps de retard. A plus d’une reprise, elle a en effet conduit de grandes campagnes de publicité mettant l’accent sur le ręve, un confort idéalisé, la qualité absolue, dressant ainsi le portrait d’un monde aérien largement imaginaire qui ne connaîtrait pas les interminables files d’attente de la sűreté et de l’immigration, aurait fait disparaître d’un coup de baguette magique les éprouvants sičges du milieu, offrirait un service ŕ bord au-dessus du moindre reproche, etc., etc. Seuls les privilégiés qui voyagent en premičre classe bénéficient en partie –quand tout se passe au mieux- de ce type d’environnement.
Ces jours-ci, Air France récidive, mais en partie seulement. Elle achčte de l’espace dans la presse pour faire connaître sa premičre Ťbaseť régionale et Ťdéclencher l’acte d’achatť mais, dans le męme temps, elle lance aussi, notamment sur le réseau social Facebook, la campagne intitulée ŤL’Envolť. C’est trčs beau, poétique, romantique, les images sont sublimes, grâce au talent du chorégraphe Angelin Préljocal. Pour symboliser Ťl’art du voyage ŕ la françaiseť, ce dernier a fait appel ŕ deux danseurs doués, Virginie Caussin et Benjamin Millepied et il a bâti un décors de ręve dans le désert marocain, Ťentre ciel et Terreť.
Il n’en fallait pas davantage pour semer la confusion dans les esprits. Les spécialistes de 7e art diront que ces images sont magnifiques, les amateurs de danse classique apprécieront, eux aussi, tout cela n’étant que raffinement et élégance en męme temps que l’expression filmée de grandes exigences. Un moment magique et il faudrait ętre de mauvaise foi pour bouder son plaisir. C’est d’autant plus beau que cela ne sert ŕ rien, hélas !
Nous voulons de petits prix et des avions qui partent ŕ l’heure, nous ręvons d’un monde débarrassé de ses terroristes et, de ce fait, de ses portiques et autres scannners, d’un immense espace Schengen dans lequel nous nous déplacerions librement et sans passeport. Notre souhait le plus cher, dans le męme temps, reste l’éradication de ce mal de notre époque aérienne, l’omniprésence des méchants sičges du milieu.
Du coup, Air France nous rend un trčs mauvais service : elle nous rappelle que la vraie vie aérienne n’a rien ŕ voir avec un pas de danse dans le désert. Du coup, on se demande quelle attitude prendre : envoyer des remerciements émus ŕ une compagnie qui nous offre ce moment de grâce absolue. Ou lui faire part de nos récriminations pour tromperie sur la marchandise. Chacun choisira, selon qu’il a réussi ou pas ŕ éviter l’infamant sičge du milieu, s’il a cru aux mérites de la culture de l’excellence. De toute maničre, tout est dans le paraître et nous ne sommes pas dupes.
Pierre Sparaco - AeroMorning

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Toulouseweb 7297 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine