Magazine Société

Patty

Publié le 16 septembre 2011 par Toulouseweb
PattyAux Etats-Unis, les lobbystes ne font pas dans la dentelle.
Ne croyez surtout pas que nous l’avions oubliée ! D’ailleurs, elle est inoubliable ! La sénatrice démocrate Patty Murray, élue de l’Etat de Washington, continue d’oeuvrer jour aprčs jour, avec une ténacité remarquable, et en évitant d’inutiles précautions oratoires, pour le plus grand bien de Boeing, de ses partenaires et fournisseurs et, de maničre plus vaste, pour la prospérité de l’industrie aérospatiale américaine tout entičre. Lŕ bas, elle s’est hissée au rang de vedette, gagnant sans cesse en notoriété depuis qu’elle a pris le chemin de la capitale fédérale en 1992.
En revanche, elle reste inconnue en Europe, et c’est lŕ une vraie injustice. Les politiques français, européens, ne devraient en effet pas la quitter des yeux et, ŕ l’occasion, lui rendre la monnaie de sa pičce. Mais, de ce côté-ci de l’océan, c’est vainement que nous attendons Ťnotreť Patty. Seul le député Bernard Carayon déploie occasionnellement des efforts méritoires pour vanter les mérites du nationalisme économique appliqué ŕ la Défense mais il pręche dans le désert. Trop peu, trop rarement, męme quand il se met en tęte de soumettre ŕ ses collčgues du Palais Bourbon une pétition condamnant ouvertement la maničre de faire américaine dans le traitement du dossier des ravitailleurs en vol. Il est vrai que, pour faire du chiffre, il avait soumis son texte ŕ des incompétents notoires, le plus bel exemple étant celui de David Douillet, fraîchement élu, sous-ministre des Français de l’outre-mer, expert čs tatamis mais pas vraiment au fait de la concurrence Boeing-EADS.
On en revient toujours au męme constat : les Européens s’amusent des déclarations tonitruantes de certains politiques américains, ils pensent trčs fort qu’ils n’en feraient pas autant, ont la moquerie facile mais strictement rien ŕ en dire puisqu’ils ne lisent ni le New York Times, ni le Washington Post ou Aviation Week, pas męme le Herald Tribune. C’en est devenu agaçant.
Si Patty Murray déboule ŕ nouveau dans l’actualité, cette semaine, c’est tout simplement parce que le Wings of Liberty Award vient de lui ętre décerné par l’Aerospace Industries Association of America, pour services rendus ŕ la bonne cause.Et comme le hasard fait bien les choses, la distinction lui a été remise par James Albaugh, l’actuel président de l’AIA, qui se trouve ętre le patron de Boeing Commercial Airplanes. En clair, tout cela se passe en famille. Reste le fait que cet exercice donne lieu ŕ des discours enflammés, de bon petits articles ici et lŕ, des mots de félicitations, y compris venus de syndicats reconnaissants. Il s’agit en effet de la défense de l’emploi, de la bonne santé de l’industrie, de celle de la balance commerciale américaine, de la prospérité de Seattle et de ses environs, d’une lutte incessante contre les méchants Européens dont les gouvernements subventionnent honteusement Airbus. Cela valait bien un Award sur parchemin, soigneusement encadré, du plus bel effet.
L’AIA ne fait pas pour autant que dans le ŤPeopleť, bien au contraire. Le groupement professionnel s‘inquičte des réductions budgétaires qui vont faire trčs mal au Pentagone, encourage l’envoi d’un courrier incendiaire au Président Obama signé par Patty Murray et ses amis, et finance une compagne de notoriété baptisée ŤSecond to Noneť. En traduction libre, le message consiste ŕ souligner que le secteur aérospatial et de la Défense, vu sous son angle industriel, est tout simplement irremplaçable.
Voici la question ŕ nouveau posée : faut-il s’amuser de ce traitement plutôt simpliste d’une question grave ? Ou, tout au contraire, conviendrait-il de s’en inspirer ?
Pierre Sparaco - AeroMorning

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Toulouseweb 7297 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine