Magazine Livres

Nebraska

Par Bordierlaurent

C‘est son trois quarts face qui me fit bondir. Ce nouvel angle rendant un visage plus squelettique qu’émacié vint à moi comme pour me rappeler qu’à l’hôtel c’est encore le même homme ricanant de ses coups de pieds violents qu’il m’envoyait en hurlant – lâche l’enveloppe enfoiré ! !  Fais glisser ta putain de paye sur le lino ! !

Ces souvenirs fugaces ramenèrent en moi une violente rage ; je ramassai l’arme se trouvant au sol, pris un peu d’élan et frappai de toute ma haine sur le visage granuleux du pookie. Il me regarda un instant, hébété, puis s’écroula comme un lamantin sur le rebord du trottoir. Un léger jet puis un flot de sang coulèrent de ses narines allant paisiblement l’étouffer. Je le vis remuer l’avant-bras gauche comme pour demander de l’aide à son amie, mais la jeune camée, incapable de rien, tétanisée par cet évènement tragique resta bouche bée au-dessus du visage du pookie. Elle alterna vers le jeune homme un regard fixe puis fuyant ; sembla chercher du secours à l’aide de ses pupilles mais personne ne vint. Les quelques automobiles fonçant sur l’avenue de Douglas Park semblèrent ailleurs déjà lorsqu’elle tenta de les appeler, quant aux quelques passants, la bruine leur fournit une excuse en béton : le parapluie où ils purent ignorer en toute quiétude le meurtre que je venais de commettre. Je laissai le pookie crever là, sur le bitume, et si l’on m’avait donné un sceau de sciure à bois et une brosse je me serais fait un plaisir d’éponger sa chemise de ces derniers morceaux de sang crachés dans une ultime quinte de toux. Ce garçon n’eut pas le temps de gémir et comme dernier visage, sa victime. 


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Bordierlaurent 119 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine