Les trésors : la ballade de Halo Jones
Alan Moore/Ian Gibson
Soleil Us comics
2011
"Ca fait maintenant deux jours que je me bats dans la dépression/ Ca fait 6 mois que je me bats dans la dépression".
On y rentre en passant les portes du bouclier, on hurle, on court partout et on tire sur des trucs pendant cinq minutes, puis on en ressort pour s'apercevoir qu'un mois s'est écoulé à l'intérieur. Comme dit le sergent Woo. "Ca fait passer le temps".
Mon horloge interne semble détraquée.En plus chaque fois qu'on sort ça semble être l'heure du petit déjeuner. J'ai eu six petits déjeuners gargantuesques en 2 jours, ou est-ce que ça fait un déjeuner gargantuesque par mois ?
Le pire a été de m'apercevoir que j'avais manqué mon anniversaire, de deux semaines. J'ai trente ans maintenant , mais je ne me rappelle pas que c'est arrivé. C'est pas grave, j'aurais peut-être plus de chance quand j'aurais trente et un, ...dans trois jours. (...)"
Fou comme ces bandes inédites en France sous forme d'album nous rappellent le meilleur de la science fiction. On se croirait dans Blade runner, ou Outland.., pour ne pas citer les films de ces vingt dernières années qui ont semble t-il bien dépouillé ce récit et ce style. (...)
Publié au début des années 80 dans la revue anglaise 2000 AD, Halo Jones raconte les aventures d'une petite blonde et des ses copines dans un univers pouvant rappeler au niveau scénaristique certaines bandes précoces de Druillet. (Lone Sloane), c'est à dire la SF un peu urbaine où le danger plane. Halo est son groupe vivent en effet dans l'anneau, sorte de banlieue zone de ce qu"il reste de New York, en 4949. Mais Halo jones n'a qu'une idée en tête.. partir, fuir ce cloaque et la Terre, pour vivre ailleurs...et là le récit devient du Space opera.
La BD avec ses cases un petit peu serrées et ce noir et blanc au trait très fin est assez typé de ses années là. Le dessin de Ian Gibson peut d'ailleurs faire penser à celui de Dave Sims (Cerebus). Cela pourrait un peu rebuter au premier abord les non afficionados, ceci dit, le ton des dialogues et des dessins, (costumes, chorégraphie...) interpellent aujourd'hui vraiment dans leur aptitude à avoir devancé finalement la lecture manga dynamique et sensible que l'on connait bien aujourd'hui.
Le récit est d'ailleurs aussi très prenant, émouvant même. Scénaristiquement, on sent vraiment la patte d'un très grand monsieur et ce n'est donc pas pour rien si les éditions Soleil ont pris sur elles de rééditer ce qu'elles appellent les trésors d'Alan Moore. Nulle grandiloquence dans ce titre, puisqu'il est vrai que lorsqu' on se fait happer par le récit, on ne le lâche plus jusqu'à sa toute fin.
Ces aspect en font une oeuvre rétro-moderne qui aurait donc des chances de pouvoir être apprécié, si tant est qu'elle puisse arriver jusqu'aux lecteurs adolescents auxquels ont fait allusion ici.
La réédition est de belle facture, avec un livre cartonné de 190 pages à la maquette soignée.
Seul reproche : dommage de Soleil ait laissé passer dans sa traduction autant d'erreurs (on trouve des coquilles dans pas mal de bulles : phrases pas terminées, ou en double..etc.)
> Une belle idée de cadeau tout de même pour les amateurs de SF.
17,5/20