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DSK, minus min(h)abilus.

Publié le 19 septembre 2011 par Mister Gdec

DSK, minus min(h)abilus.J’ai longtemps hésité avant de donner mon avis sur cette sordide affaire qui occupe la une des médias depuis maintenant 4 mois, de manière si excessive. Je considérais en effet, à tort ou à raison,  qu’il s’agissait avant tout d’un fait divers qui n’avait rien à faire ici (c’est un blog politique),  si ce n’était la personnalité (déjà discutable avant…) du protagoniste. Selon que tu seras puissant ou misérable… tu n’occuperas manifestement pas la même place dans les médias. Une lapalissade ? Un constat. Amer.

 Pourtant, après avoir regardé l’interview d’hier soir sur TF1 comme beaucoup, histoire de me faire une opinion, je me suis dit que peut-être, je l’évoquerais… Ou pas. On verrait bien.  Enfin, voilà quoi, je ne savais pas encore, ma position n’était pas arrêtée, mon avis tranché, pour une fois… Je m’en suis tiré en m’accordant le temps de la réflexion, en fonction de l’adage populaire selon lequel la nuit porte conseil. Ce n’est pas toujours faux.

 Le déclic qui m’a poussé à écrire ce billet, c’est l’attitude même du prévenu personnage. D’autres l’auront dit avant moi de manière certainement plus brillante, nous avons assisté hier soir à une prestation dans laquelle rien n’était laissé au hasard, où il n’y avait aucune place pour la spontanéité (qui ne se décrète pas), où chaque mot, chaque geste, chaque mimique était pesée, calibrée sur du papier millimétré par une cohorte d’experts (Claire Chazal comprise) dont le but collectif était manifestement de permettre à ce triste sire de s’en sortir avec le minimum de dégâts pour sa notoriété. D’ailleurs, aucun risque n’a été pris, et surtout pas celui du direct, comme l’analyse très bien Fred Michalak (merci à B.mode pour le lien).  Je ne suis pas sûr que si ce genre de faits était arrivé à un individu lambda, il aurait bénéficié des mêmes soutiens… et s’en serait tiré avec les mêmes égards.

 Rien dans ce qu’il a dit ne m’a étonné. C’est l’attitude de quelqu’un de (naguère ?) puissant, qui le sait, et qui consent à faire amende honorable. Il concède avoir commis une erreur, mais ne semble nullement se remettre en question quant à son attitude envers les femmes, et c’est ce point précis qui m’a le plus interpellé. Et oui, je suis un homme, mais féministe. Enfin, j’essaie.  Et comme malgré tout, je ne peux échapper à mon genre, j’ai demandé son avis à ma compagne, qui n’ entend rien à la politique, ne veut surtout pas s’en mêler, et que ça met en rogne (comme je la comprends, en ce moment, ce terrible spectacle…). Sa réponse est sans appel : «  ce mec est un malade, il faut qu’il se soigne ». C’est, me semble-t-il, le lieu le plus commun de l’expression populaire. Tout est dit.

 Tout ? Non, car demeure pour ce type le fait qu’il avait là une occasion qui ne se représentera jamais de dire à quel point il avait fauté, fait offense aux femmes…  à quel point il était la caricature même de l’homme important qui use et abuse de sa position pour obtenir des faveurs que son physique et son âge ne lui permettraient pas autrement, sans qu’il lui soit nécessaire de payer pour cela.

 Or, au lieu de cela, qu’a-t-il fait ? Rejeter la faute, sa faute, sur d’autres, aller jusqu’à évoquer le complot, le traquenard, alors qu’il  a été pris par là-même où il abusait…   Bien entendu, on en espérait pas plus de lui, il n’y a eu aucune violence, pas d’usage de la force, ni quoi que ce soit de cet ordre, nous dit-il. Bien sûr, bien sûr… En un mot comme en cent, Nafitassou Diallo désirait ce rapport, et Tristane Banon voulait être (au moins, puisqu’on n’en sait pas davantage) embrassée. Et son économiste hongroise au FMi, dont j’ai oublié le nom,  voulait subir une relation sexuelle volontairement, malgré la supériorité hiérarchique et l’autorité de Strauss-Kahn, au point que son mari s’en inquiète…

 Décidément, dans certains milieux, on ne se préoccupe guère des problèmes de violences faites aux femmes. A leurs yeux réservées aux catégories populaires ? Preuve est faite que non.

 Et dire que cet homme (il l’a confirmé hier) voulait se présenter aux présidentielles… On l’a échappé belle. Aux yeux de beaucoup,   moi le premier, et encore plus à présent,  il n’aurait jamais pu représenter les valeurs de la gauche.  Il s’est définitivement disqualifié.

 Quant au fait de ne pas entrer dans le débat des primaires socialistes, auxquels il a déjà fait tant de mal, comment interpréter le fait qu’il ait fait allusion de manière si appuyée à Martine Aubry, sinon comme le baiser de Judas ? Quand bien même il ne voudrait pas lui nuire mais simplement lui manifester sa reconnaissance, le fait de le faire en public dans un tel contexte, où tout est pesé, ne peut que la desservir, compte tenu de l’impact forcément négatif que cela aura. Est-il censé l’ignorer ? Ses proches disent qu’il ne faut pas surjouer, interprêter sauvagement… je veux bien.  N’empêche qu’ il ajoute là une faute stratégique et politique à une faute morale,  et contribue à faire quasi nommément de Hollande,  par ce geste,   son fils spirituel.

Not my président.

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