Sarkozy : l’impasse ?

5 ans après le « travailler plus pour gagner plus », la France qui se lève tôt et le bouclier fiscal, que reste-t-il du sarkozysme en tant que pensée politique ? Sur quels éléments le très probable candidat de l’UMP va-t-il pouvoir s’appuyer pour faire campagne en 2012 ?

La situation n’est pas simple. Si le bilan de Sarkozy comporte quelques succès ou, du moins, quelques réalisations notables (réforme des retraites, autonomie des universités, quelques coups d’éclat en Libye ou en Côte d’Ivoire), l’ensemble manque singulièrement de relief et de lisibilité. Et ce n’est pas que la faute à la crise.

Une réforme fiscale (loi TEPA, allègements de charges, bouclier fiscal) qui a été plus ou moins complètement remise en cause, une réforme de l’Etat qui met toute une série de professions au bord de la crise de nerfs (infirmières, enseignants, agents de l’Etat déconcentré, juges…), une politique de sécurité qui n’a pas eu de résultats significatifs, une politique étrangère incohérente et illisible, une compétitivité économique qui ne cesse de se dégrader, une « République irréprochable » qui ne l’a pas été, un climat social pourri par les multiples provocations du gouvernement (sur les musulmans, les Roms, les Tunisiens, les profiteurs du système, etc.) un chômage au plus haut et une précarité qui explose, et des finances publiques délabrées.

Comment, sur ce triste bilan, jouer la carte de la continuité ? Quasiment suicidaire, d’ailleurs la crise offre un bon prétexte pour justifier un changement de cap.

La stratégie de droitisation, utilisée en 2007, revenue sur le devant de la scène à l’occasion du discours de Grenoble, est régulièrement utilisée par Guéant. Elle ne semble plus aussi efficace qu’en 2007, en tout cas dans les sondages.

Que reste-t-il ? Jouer au président protecteur, serein face à la tempête planétaire, faisant la bise à Merkel et tapant dans le dos d’Obama. Tourner en dérision le programme du PS, en le faisant passer pour ringard et dépensier. Faire croire au peuple que la seule ligne politique tenable est celle dictée par les marchés et les banques. Menacer les partisans d’une candidature au centre. C’est la stratégie employée d

epuis plusieurs mois.

La campagne risque d’être compliquée pour Sarkozy. Comment susciter l’adhésion avec un tel programme ? Comment à nouveau vendre la rupture ? Comment convaincre l’électeur que, après 5 années de crispations et de grimaces, la France n’aurait de meilleur choix que de reconduire les sortants ?