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C'est pas facile d'avancer avec des roues carrées

Publié le 08 avril 2011 par Spartac

C'est pas facile d'avancer avec des roues carréesPrenez deux cents gars aux mollets sur dimensionnés et épilés, au bronzage agricole et aux bras atrophiés. Mettez leur des cuissards moulants, un casque et des lunettes fumée le moins esthétique possible. Maintenant, posez les sur des vélos de course et lancez les sur les routes. Oh, pas n'importe quelles routes, celles du Paris-Roubaix.
Car c'est ce dimanche que se déroule l'épreuve mythique, déjà centenaire, qui de Paris au Vélodrome roubaisien emmènera le peloton sur les routes du Nord. Et qu'y a-t-il de plus idiot que cette course? En effet, déjà de par sa longueur, cette course est hors normes, puisqu'elle dépasse les 250 km, au milieu des terrils. Rien de bien exceptionnel s'il n'y avait le petit plus qui rend cette course intéressante ou purement irrationnelle, les pavés.
En effet, pour arriver à bon port, les coureurs devront passer par 50km de pavés, répartis en différents secteur jalonnant la course. Vestige antédiluvien du vélo à papa (ou plutôt au vélo de grand grand papa), c'est toujours un spectacle ubuesque de voir des vélos traverser des chemins pavés, usés jusqu'à la corde par les engins agricoles, couverts de terre, parfois déchaussés, et absolument peu adaptés à la pratique du vélo. Si vous avez déjà essayé de prendre une vieille rue pavée, vous connaissez cette sensation de vibration, qui ralentit votre véhicule, vos dents qui s'entrechoquent, alors pendant 50km... Et pour peu qu'il y pleuve, cela devient totalement aléatoire, les secteurs pavés offrant de spectaculaires chutes, et les survivants arrivent à Roubaix, tout de boue couverts, parfois méconnaissables.
Idiotie je vous dis, et avec la vitesse des cyclistes, dangereux pour les sportifs, qui risquent la chute à tout moment. Bernard Hinault ne disait pas moins de cette course, et pourtant il la gagna, et après l'arrivée eut cette phrase, "au moins on ne me fera plus chier avec cette connerie" (NB: Il n'a jamais eu l'âme poète). Une connerie en effet, à tel point que dans les années 90, les secteurs pavés étaient réduits, le danger également. Pourtant le parcours s'enfonçait dans la monotonie, sacrifiant le risque aux routes désespérément plates du Nord.
Alors les pavés sont revenus, ils sont même conservés précieusement, les chemins entretenus, pour que subsiste cette course. Car malgré l'absurdité, le spectacle qu'elle offre n'est jamais ennuyeux, jalonné de péripéties, de chutes, de crevaisons. Je ne peux que rester admiratif devant ces fous qui s'engagent dans ces chemins, à plus de 50 km/h épaule contre épaule. Pas de place là pour l'approximation, cela demande une attention constante, un mental d'acier, et une grande habileté.
Car si le cyclisme est gangréné par le dopage, Paris-Roubaix est une des rares courses ou l'expérience est primordiale, et ou le courage en dispute au physique. On peut se dire à la fin de la course que le plus fort a gagné, et non le plus chargé.
Certes, le cyclisme garde une image rétrograde et ringarde, et je pense que ce billet ne convaincra pas les réfractaires, interloqués par ce sport dont il ne voient guère l'intérêt. Cependant après la sieste dominicale et avant de s'intéresser à des joutes rugbystique, pourquoi ne pas se poser un moment devant l'enfer du Nord, ce n'est pas plus ennuyeux qu'une course de Formule 1...

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