Il faut tout réduire du même pourcentage, disait Milton Friedman.
Un article publié en collaboration avec l’ALEPS (*)
Comme avec les chaises musicales, on supprime une niche pour en créer une autre. C’est le spectacle que nous ont donné le gouvernement et les députés quand il s’est agi d’arrêter le plan dit « de rigueur ». On avait coutume de dire que derrière chaque niche il y a un chien. Derrière chaque privilège, exemption ou passe-droit, il y des intérêts privés bien précis. Certains sont sans doute fort honorables. D’ailleurs les niches n’existeraient pas si la fiscalité française était sans faille ; souvent les niches ont réparé quelque injustice.Mais, enfin, le gouvernement a fait des niches aux contribuables en prenant des mesures ubuesques : pourquoi les parcs à thèmes ? Les sodas avec addition de sucre ? Pourquoi maintenant les hôtels de luxe ? Mais il y a plus grave : pourquoi les mutuelles ? Pourquoi les allocations familiales ? Pourquoi les actionnaires ? Pourquoi les plus-values immobilières ? Pourquoi l’impôt exceptionnel sur les exceptionnellement riches ? Et, en dépit de la belle unanimité de l’Assemblée Nationale, pourquoi la consolidation des compagnies multinationales ? Tout cela flaire bon l’improvisation, l’arbitraire et, parfois la lutte des classes – on veut sans doute obliger la gauche à adhérer à ces mesures (peine perdue !).
Il fallait bien se douter qu’il y aurait des députés courageux pour défendre les niches. Jean Pierre Raffarin, défendant le Futuroscope, a donné l’exemple. De façon plus générale, comme les niches ne sont pas là par hasard toute coupe soulève une opposition naturelle.
Milton Friedman avait étudié le problème et, en conseillant Reagan pour sa réforme fiscale, il avait conclu que la seule manière de couper court à toute discussion est de frapper du même pourcentage tous les postes budgétaires. Si vous voulez instaurer une rigueur budgétaire en diminuant le déficit de 5 %, vous devez supprimer 5 % de toutes les niches.
À vrai dire, Friedman ne s’intéressait pas tellement aux recettes mais aux dépenses. La particularité du plan « de rigueur », c’est qu’il impose la rigueur aux contribuables mais pas aux administrations. Les gens de l’État réduisent leur train de vie de 1 milliard, contre 11 milliards d’impôts nouveaux. C’est dérisoire et cela confirme que ce plan n’en est pas un, puisqu’il est fait d’un puzzle mystérieux, et qu’il n’est pas un plan de rigueur, car il n’y a aucune baisse sensible des dépenses publiques. « Les marchés », comme on dit, vont-ils être « rassurés » par l’énorme effort consenti par les Français ?
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Article repris du site de l’ALEPS, Libres.org, avec l’aimable autorisation de Jacques Garello.
(*) L’ALEPS, présidée par le Professeur Jacques Garello, est l’Association pour la Liberté Économique et le Progrès social, fondée il y a quarante ans sous l’autorité de Jacques Rueff, dans la tradition intellectuelle française de Jean Baptiste Say et Frédéric Bastiat.