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Apologie de la stérilité volontaire

Publié le 21 septembre 2011 par Legraoully @LeGraoullyOff
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Apologie de la stérilité volontaire

On l’a déjà déploré, l’Homme est un animal grégaire. Toutefois il arrive que las de la promiscuité de la meute, il recherche la compagnie du sexe opposé. Il arrive même que les deux individus s’apprécient suffisament pour former un couple (mais ce n’est pas un critère obligatoire) et pour envisager de perpétuer leur nom et leur espèce, que ce soit dans les liens sacrés du mariage ou dans les liens éphémères d’une ivresse de soirée. Vient alors l’enfant. Mais qu’est-ce vraiment qu’un enfant?

Le Code Civil, qui aime les belles histoires, accorde une présomption juridique au couple qui est connue de tous les juristes en herbe et qui s’énonce en latin de cuisine Pater familias. Cette fiction suppute que le mari est toujours réputé être le père de l’enfant que porte l’épouse enceinte; il s’agit donc d’une présomption d’innocence teintée d’une certaine méfiance à l’endroit de la fidélité de l’épouse, ce qui est presque aussi insultant que le fantasme de l’instinct maternel. On le voit, à peine à l’état embryonnaire, l’enfant sème déjà la discorde dans sa parentèle. Après trente-neuf semaines de gestation (quarante et une si l’on compte l’aménorrhée) vient l’accouchement, où la Femme geint et se plaint encore plus que les neuf mois précédents. Certains hommes n’y résistent pas et renoncent à la gloire de la paternité pour revenir au nomadisme conjugal. A la naissance, le petit d’homme se présente sous la forme d’un rôti gélatineux qui comme les Knacki est entouré de placenta pour assurer sa conservation au réfrigérateur, option pratiquée quand le nourisson ne répond pas aux attentes des commanditaires de la grossesse. Malgré cet aspect repoussant, l’entourage des heureux parents ne manque jamais de s’extasier sur la beauté du lardon, en cherchant des hypothétiques ressemblances avec les géniteurs. Il est vrai que depuis que tout le monde fait des calendriers dénudés pour défendre sa cause au lieu de jeter des pavés, les calendriers des Postes avec des petits chatons sont tombés en désuétude et les gens ne savent plus reconnaître ce qui est vraiment mignon. Les premières années de l’enfant sont assez peu intéressantes, celui-ci se contentant d’être un tube digestif en activité perpétuelle et un réveil-matin incontrôlable, qui transforme les voyages en train en supplices et des gens normalement intelligents en monuments de niaiserie et de dévotion pour le fruit de leurs entrailles. Alors que franchement c’est à la portée de tout le monde de se reproduire, mais demandez à un couple de restaurer la Chapelle Sixtine et ils resteront cois comme des carpes (qui se dit koi en japonais mais j’ignore s’il y a un rapport).

Plus tard, l’enfant développe la parole et ses capacités motrices. A l’instar du Président de la République, il s’assimile alors à une sorte d’être humain de petite taille qui ne cesse de poser des questions idiotes. On prête au petit Homme une certaine innocence qui n’est que de la naïveté (la preuve, il croit que policier est un métier honnête et digne d’intérêt) et qui est aisément contrebalancée par sa cruauté proverbiale envers les insectes dont il aime arracher les ailes. Dans les pays moins développés que le nôtre, on profite de ses petites mains pour effectuer des tâches de précision dans les mines ou les ateliers, ce qui est absurde puisqu’il n’a même pas encore de CAP, et la qualité de la production s’en ressent fatalement. Chez nous, on envoie l’enfant poser ses questions dans une école, où il apprendra les rudiments de la vie en troupeau, et commencera à développer la tendance des adultes à humilier les plus faibles et à fayoter auprès des plus forts. Régulièrement, il honore ses parents en gaspillant des nouilles pour faire des colliers pour sa mère, qui feindra de s’extasier sur les talents de bijoutier de sa progéniture, comme elle se force déjà à conserver les dessins hideux de sa progéniture depuis sa plus tendre jeunesse. La dernière partie de l’enfance se nomme l’adolescence. Cet âge particulièrement ingrat voit l’enfant s’étonner de la subite évolution de sa pilosité et de ses hormones, qui est inversement proportionnelle à sa capacité à communiquer autrement que par onomatopées. C’est également la période où son instinct grégaire atteint son paroxisme. Certains hommes n’en sortent jamais, à cette différence près que la croissance ne s’exerce plus que sur la partie abdominale de l’individu. Au collège et au lycée, l’enfant intègre les bases des disciplines qui lui permettront de ne pas s’ennuyer au chômage, à savoir un penchant pour les boissons alcoolisées, les musiques insupportables, les fumées plus ou moins nocives, une sexualité débridée sans rime ni raison, qui continuera le cycle de la reproduction de l’espèce, et comme le dit Frédéric Lefevre, saturera les statistiques d’un marché du travail plus bondé qu’un convoi de boat-people. Comme on l’a prouvé avec brio, l’enfant n’a absolument aucune utilité sociale si ce n’est celle de servir de coeur de cible au racket des fêtes obligatoires que sont par exemple Noël et Pâques.

Camarades enfantophobes, groupons-nous et demandons l’interdiction des enfants sur la voie publique et leur insonorisation,  et l’obligation pour les couples qui envisagent de procréer de se signaler à la préfecture. Abolissons la dictature enfantine sur la télévision, la consommation, la culture et sur la vie!

Dans un prochain épisode, nous étudierons l’opportunité de laisser les personnes âgées bloquer les caisses des supermarchés pendant trois quart d’heures pour une botte de poireaux et cent grammes de mou pour le chat.


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