Au cœur de la nuit
je suis toute petite
je redeviens l’enfant
chétive et écrasée
Le froid aux longues pattes d’échassier
me mord.
Le plafond s’abaisse
sous le poids d’éboulis
caillots d’obscurité,
gangue d’épais charbon,
de météores chus.
Froissée, fripée, les yeux
immensément ouverts
je ne reconnais plus
les miroirs qu’on me tend
le silence est lourd de
millénaires empilés
et j’écoute le bruit
de reptation du Temps
lente paille de fer
passée sur les glacis
d’espace en pleine fuite
Je surprends tout ce qui
ne dit rien, ne sait rien
conspirant de concert
à ma nyctalopie
et à mon abandon
dans le souffle glacé,
duveteux
de l’intact.
Au cœur de la nuit
qui a tout décapé
me voici désarmée
comparable à tortue
renversée sur le dos
sur un plancher de verre.