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La crise pèse sur le marché des grands vins

Publié le 21 septembre 2011 par Alexandrevatus

Ces dernières années le marché des grands vins a vu ses prix exploser. La croyance générale attribue cette flambée des prix aux méchants Chinois qui après avoir chipé nos usines s’en prennent à nos grands vins. Cette hypothèse occulte la raison principale de la flambée des cours : l’importance de la spéculation.  Après avoir connu une progression linéaire le marché des grands vins pâti de la crise financière.

C’est les British qui font monter les prix !

Ces dernières années ont consacré l’avènement de la demande chinoise pour les grands vins mais également l’explosion des investissements financiers dans ce secteur. En effet, le marché du vin a cru très rapidement au cours des dix dernières années profitant de la forte croissance des économies émergentes. Ces dernières ont stimulées la consommation des grands vins mais également l’intérêt des financiers qui ont alors vu dans le vin un actif leur permettant de diversifier leur portefeuille.

Ce boom des sommes investies dans le vin repose donc sur  le postulat que le vin est un actif atypique qui  permet de diversifier son portefeuille de manière plus performante que les actions, obligations et autres matières premières. Les banquiers de Wall Street et surtout de la City ont donc massivement investi une partie de leurs bonus dans les grands vins y voyant là une occasion rêvée de faire de belles plus-values mais aussi de diversifier leurs actifs. Les prix des grands vins sont donc devenus étroitement corrélés aux bonus des banquiers tant et si bien que le vin ne couvre plus ses détenteurs contre les fluctuations de la bourse.

Le vin, c’est un peu comme du pétrole

Depuis que la crise de la dette ravage la planète financière, on observe que le vin n’est un actif pas si différent des autres en ce sens qu’il suit les mêmes fluctuations que d’autres placements. Ainsi, des économistes du FMI sont même allés jusqu’à démontrer une corrélation allant jusqu’à 90% entre les cours du pétrole et ceux des grands vins entre Janvier 2002 et Juin 2010.

A l’instar des matières premières et autres actions, les prix des vins peuvent être observés au moyen d’indices. L’un des indices de référence se nomme le  Liv-ex Fine Wine 50. Ce CAC 40 des vins fins, a progressé de 240 % sur les cinq dernières années. Cependant, entre Décembre 2010 et Septembre 2011, l’indice marque clairement le pas puisqu’il se montre stable à -0,1 %. Ce même indice a même baissé de 4% au cours du mois d’Août 2011. Preuve est donc faite marché des vins n’est pas insensibles aux chocs macroéconomiques.

A cela s’ajoute le fait que les ventes aux enchères de grands vins ne soldent plus l’intégralité des lots mis en vente. Cette situation est pour le moins inhabituelle, les Christie’s, Sotheby’s et autres Acker Merrill & Condit avaient pris l’habitude de voir tous les lots disparaître à des prix dépassant souvent les estimations.

Alors tout est foutu ? Mieux vaut-il boire son vin ?

On l’a vu, les financiers intègrent le vin dans leur portefeuille. Compte tenu de la chute des indices boursiers et des probables pertes qui en découlent il n’est en rien surprenant que certains vendent leurs grands vins. En outre, si les établissements financiers de la City ont versé autant de bonus entre avril 2010 et mars 2011 qu’en 2009/2010 il n’en reste pas moins que leur montant est largement inférieur aux années fastes qui précédaient la crise. Le contexte morose aidant, ces éléments peuvent expliquer en partie la stagnation du marché.

Malgré la dépression qui sévit sur les marchés financiers, les ventes aux enchères sont en bonne forme. Ainsi, récemment  Christie’s a vendu  300 bouteilles de Chateau Lafite-Rothschild pour la modique somme de 540 000 $. Bien que le montant de la vente soit en dessous de l’estimation de 580 000 $ on peut saluer la performance. En outre si certaines stars de Bordeaux comme Lafite semblent avoir atteint un plafond voire baissent, les Bourgogne voient quant à eux leurs prix augmenter de manière spectaculaire ces derniers mois.

D’importantes ventes aux enchères sont prévues d’ici la fin du mois notamment à Hong-Kong et Londres. Cela sera l’occasion de voir si comme le déclarait l’un des dirigeants de  Christie’s « l’intérêt pour les grands vins transcende les fluctuations de l’économie ». De plus, la période faste des fêtes de fin d’année et du nouvel an Chinois ne manquera pas de relancer la machine au moins temporairement.

Enfin, ce n’est évidement pas parce que le marché ralentit qu’il va nécessairement s’effondrer. Ainsi, certains auront en mémoire le cours des Bordeaux 2005 qui se sont effondrés à la fin de l’année 2008.  Ces fameux 2005 ont par la suite repris leur croissance soutenue. Pour l’heure malgré la conjoncture déplorable, le marché résiste plutôt bien.


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