Les requins ont un système immunitaire très primitif et pourtant sont capables de lutter efficacement contre les virus. Leur secret, un composé de leur cartilage, la squalamine, déjà connu pour son profil de sécurité pour l'Homme et qui aurait aussi pour l'Homme, un potentiel antiviral à large spectre, selon ces chercheurs de la Georgetown University (Washington). Ces premiers essais montrent son efficacité contre de nombreuses maladies virales comme la dengue et les hépatites B et D. Cette étude publiée dans l'édition en ligne du 19 septembre des Comptes-rendus de l'Académie des sciences américaine (PNAS) arrive à point nommé alors que de nombreux virus deviennent résistants aux antibiotiques existants.
La squalamine a déjà été testée dans les essais cliniques humains pour le traitement du cancer et des troubles oculaires a donc un profil d'innocuité déjà bien connu, il pourrait donc être rapidement testé dans cette indication antivirale qui pourrait trouver son utilisation contre de nombreuses maladies comme la dengue, la fièvre jaune ou encore les hépatites B, C et D.
Dans deux expériences de laboratoire et sur l'animal, le composé vient de démontrer une forte activité antivirale contre ces agents pathogènes humains, dont certains ne peuvent plus être traités efficacement.
Le composé pourrait être un antiviral à large spectre: L'auteur principal, le Dr. Michael Zasloff, professeur de chirurgie et de pédiatrie à Georgetown University aurait compris comment les requins avec un système immunitaire très primitif peuvent lutter efficacement contre les virus : «Je crois que la squalamine appartient à une famille de composés qui protège, contre les virus, les requins et quelques autres vertébrés primitifs de l'océan, comme la lamproie de mer. La squalamine semble protéger contre les virus qui attaquent le foie et les tissus sanguins et, chez le requin, contre les infections virales respiratoires.
Une découverte qui date de 1993: Le Dr. Zasloff a en fait découvert la squalamine en 1993 quand il a était professeur de pédiatrie et de génétique à l'Université de Pennsylvanie et déjà à la recherche de nouveaux agents antibactériens. «J'ai été intéressé par les requins en raison de leur système immunitaire en apparence primitif mais efficace. « Personne ne pouvait expliquer pourquoi le requin est si robuste,» dit-il. En travaillant sur ce composé, il a découvert d'autres propriétés pouvant traiter d'autres maladies. La squalamine inhibe la croissance des vaisseaux sanguins en croissance rapide dans la croissance tumorale ou dans la dégénérescence maculaire et la rétinopathie diabétique.
Un composé naturel mais synthétisable: Lorsque la squalamine pénètre dans les cellules, elle ne cible que certaines cellules, comme celles des vaisseaux sanguins, des capillaires et du foie et déplace certaines protéines qui favorisent la réplication des virus. Sans ces protéines, le cycle de vie du virus est perturbé et la cellule qui le contient est détruite. La durée de vie de la squalamine, serait même prolongée, selon le chercheur, car calée sur celle du virus mais son action antivirale serait extrêmement rapide. En rendant les tissus même de l'hôte moins réceptifs à l'infection, alors que les antimicrobiens classiques ciblent une protéine virale spécifique, la squalamine ne peut inciter à l'émergence d'une résistance virale.
Sur des tissus humains, la squalamine démontre sa capacité d'inhibition du virus de la dengue et des hépatites B et D. Dans les études animales, la squalamine s'avère efficace contre la fièvre jaune, le virus de l'encéphalite équine et le cytomégalovirus murin.
Il faudra encore trouver le bon dosage, explique le chercheur, convaincu de la promesse antivirale de la squalamine: "C'est clairement un médicament prometteur qui fait la différence, dans son mécanisme d'action et sa structure chimique, avec les autres antiviraux candidats en cours d'étude."
Source : PNAS 2011 108 (38) 15978-15983; published ahead of print September 20, 2011, doi:10.1073/pnas.1108558108 “Squalamine as a broad-spectrum systemic antiviral agent with therapeutic potential” (Visuels PNAS, video “Squalamine only. Details of movie”)