La Palestine et le Vatican

Ne nous alignons pas sur  les dinosaures ...

C’est donc le jour de l'équinoxe (le 23 septembre) que l’ONU devait se prononcer par un vote sur l’admission de la Palestine dans ce « machin » comme le caricaturait de Gaulle, cette assemblée du monde. On connaît par avance l’issue. Quel que soit le score, les États Unis ont par avance prévenu de leur véto. Il se pourrait, comme très souvent dans les instances internationales, que les pendules s'arrêtent afin de "donner du temps au temps", éviter l'affrontement des Nations. C'est en tous les cas la volonté de certains.

Un tel vote aurait une portée considérable : essentiellement symbolique. Une portée permettant de mesurer, une fois de plus, le fossé qui se creuse entre les pays du sud, les émergents, et les autres.

Il représenterait également pour la France, un moment rare ou elle pourrait, comme jadis, rassemblée autour des visions planétaires gaulliennes, faire entendre une musique un peu différente : une musique tournée vers "le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes". Un moment privilégié, ou la France refuserait l’alignement pur et simple, à l’image de son refus de suivre l’Amérique dans sa guerre stupide en Irak.

Le Président Français en se distinguant habilement du refus pur et simple de Barak Obama, a semble-t-il perçu les enjeux et propose de "jouer la montre"

"Nous sommes aujourd'hui devant un choix très difficile. Chacun sait bien qu'une reconnaissance pleine et entière du statut d’État membre de l'ONU ne peut être obtenue dans l'immédiat pour la Palestine" […] "Mais qui pourrait douter qu'un veto au Conseil de Sécurité risquerait d'engendrer un cycle de violence au Proche-Orient "

Il évoque précisément l'opposition de Washington, qui a promis de faire obstacle à l'initiative palestinienne si elle arrive jusqu'au Conseil de sécurité.

"Faut-il pour autant exclure une étape intermédiaire ? Pourquoi ne pas envisager pour la Palestine le statut d’État observateur aux Nations Unies ?"

Nous rappellerons ici que le Vatican est bénéficiaire de ce statut d’observateur !

Mahmoud Abbas, à ce jour, entend toujours déposer une demande de reconnaissance formelle et provoquer le vote d’affrontement. La délégation palestinienne laisse cependant entendre qu’elle est prête à « donnes du temps » à l’ONU pour étudier la demande et les différentes réponses possibles à lui apporter. « Donner du temps au temps » est souvent une formule acceptable, raisonnable, mais dans ce conflit épouvantable et déstabilisateur pour le monde entier, il est juste de reconnaître que le temps n’a pas été compté ! Un temps qui s'écoule et n’arrange d’ailleurs pas les choses, au contraire. Il suffit pour s’en convaincre de constater jours après jours la radicalisation de plus en plus dure du Likoud au pouvoir en Israël. Une France gaullienne ne peut admettre cette radicalisation, un tel mépris des peuples, ce désir hégémonique dans une région du monde.

La position du Président Français, sans être « révolutionnaire », refuse l'alignement pur et simple sur les États Unis. Une Amérique qui devait régler le problème Israélo-Palestiniens très vite aux dires d’Obama en campagne et qui finalement est rentrée dans le vieil « ordre établi », celui d’une bienveillance unilatérale à l’égard d’Israël.

La voie qui refuse l’affrontement immédiat, sera d’autant plus difficile à faire admettre que le reste de l’Europe est parfaitement divisé. Cette pauvre Europe montre ici une fois de plus son inexistence internationale. La France, une fois de plus, sur ce dossier douloureux comme sur bien d'autres, a tout intérêt à réveiller son originalité, à tourner ses yeux vers le grand large, vers ceux qui feront le monde demain. Elle ne doit pas, par conformisme douillet, rester accrochée aux basques de ceux qui appartiennent déjà au passé. Souvent le gaullisme est brocardé et regardé comme une survivance dinosaurienne : c'est tout le contraire. Les dinosaures sont les alignés.

[Qu'il soit permis aux plus jeunes ou à ceux qui auraient oublié, de réentendre ci-dessous cette sublime conférence de presse du général de Gaulle sur la situation au moyen orient à l'époque. La langue est parfaite au service d'une vision clairement exprimée.]