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Les NeNeTSeS

Publié le 13 juillet 2007 par Missbrownie

Hier soir, nous aurions pu regarder un des nombreux films en attente d'être vu sur notre PC, puis finalement , nous nous sommes laissés embarqués vers la Sibérie...

Alors voilà, je voulais vous faire partager un peu de ce reportage qui m'a beaucoup touché, si vous ne l'avez pas vu.

Ces gens sont impressionnants!

Là-bas, les femmes ont des milliers d'interdits à respecter, les tâches hommes/femmes sont très strictes... L'homme va à la pêche, s'occupe des rennes alors que la femme n'a pas le droit, mais elle doit aller couper son bois, chercher sa glace pour en faire de l'eau, démonter leur habitation quand ils partent vers un autre lieu et s'occuper du feu.

J'ai beaucoup ri en voyant les enfants emmaillotés, ressemblant à des pingouins dont les seuls jeux étaient des jeux d'imitation des grands mais ils étaient calmes, avaient l'air heureux, pas de cris, pas de colère (en tout cas, je n'en ai pas vu)...

Pas de problème de "Qu'est ce qu'on mange ce soir?", le menu, c'est poisson congelé et du thé par litre! Une fois par mois, ils ont le droit de manger un rennes dont ils mangent les abas direct après l'avoir tué, dans le sang chaud (leur unique source de sels minéraux)... La scène étaient assez draculesque, sanguinaire et Je comprend Charlotte de Turckeim de n'avoir pu boire ce sang chaud et goûter les abats.

Etant très frileuse, pour preuve hier soir, j'étais frigorifiée avec 18° dans l'appart, je ne pourrai jamais vivre là-bas par -40°, déjà les sports d'hiver, c'est pas trop mon truc!

Enfin c'est comme ça qu'on se rend compte que nous nous torturons beaucoup l'esprit avec notre confort.

Hier, sur France 2, il y avait donc:

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Charlotte de Turckheim chez les Nenetses (Sibérie)


Frédéric Lopez emmène Charlotte de Turckheim à la rencontre des Nenetses, des éleveurs de rennes qui vivent au-delà du cercle polaire arctique.


"Tant qu’il y aura des rennes dans la toundra, il y aura des éleveurs nénètses"
Sofia, mère de Kirill


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Les Nénètses sont les plus grands éleveurs de rennes de la planète. La province du Yamal compte près de 600 000 rennes dont la moitié sur sa seule péninsule. Dans cette région du nord de la Sibérie occidentale ce sont les rennes qui tirent les traîneaux et non pas les chiens. Ici, le renne est le cœur de la culture nénètse. C’est lui qui rythme la vie des Hommes. Les Nénètses sont des éleveurs nomades. Ils déplacent leur campement environ 70 fois par an, sur plus de 1000 kms, dans un seul but : trouver les pâturages de lichen blanc, indispensables à la survie des rennes. Chaque animal consomme près de 10 kg de lichen par jour.


Ce perpétuel mouvement rend les Nénètses extrêmement mobiles, fluides, s’adaptant à toutes les situations, apprenant à vivre au jour le jour dans un environnement hostile où les températures peuvent atteindre -50 degrés et où la nuit polaire dure trois mois. Le renne est le garant de la survie des Hommes : il est leur nourriture, sa peau sert à la fabrication des vêtements et des tchoums. Cet habitat traditionnel est une sorte de tente composée d’une soixantaine de peaux de rennes. Il symbolise à lui seul toute une part de la culture nénètse. Il délimite l’extérieur où l’on élève les rennes, où l’on pêche - le monde des hommes- de l’intérieur où l’on cuisine, où l’on coud les peaux - le monde des femmes. Ces dernières ont d’autres activités à l’extérieur, couper le bois et aller chercher la glace qu’elles transformeront en eau. L’homme, lui, ne fait que manger et dormir dans le tchoum. Il est la propriété des femmes, ce sont elles qui le montent et le démontent à chaque déplacement. Il peut abriter jusqu’à 15 personnes et est composé de trente perches de bois dont aucune n’entre dans le sol. Les croyances des Nénètses interdisent de planter un pieu ou quoi que ce soit dans la terre de crainte de déranger les dieux du sol. Dans son livre " Nénetses de Sibérie, les hommes debout", Frank Desplanques, rédacteur en chef de « Rendez-vous en terre inconnue », note que "Dans la toundra, la vie ne tient qu’à un fil... ou plutôt à une multitude de liens, de ligatures, de nœuds, de boucles et de torsades. (...) Il n’y a pas de clous, pas de pieux, pas de piquets, seulement quelques chevilles de bois pour fixer les traîneaux. Tout doit pouvoir s’attacher et se détacher en quelques secondes, tout peut être réparé et réuni par un lien. Une véritable philosophie de vie qui relie sans figer, Un monde où tout est souple, mobile, disponible pour de perpétuels ajustements. Au début des années 90, lors de l’effondrement de l’empire soviétique, il n’y a plus un seul chamane, ils ont tous été tués. Les esprits de la toundra n’ont plus d’intercesseurs avec le monde visible mais leur vision du monde est toujours présente. L’hostilité de l’environnement a appris à ces hommes une économie de gestes et de paroles, à se diriger selon le vent et les modifications du paysage, à vivre dans une relation intime avec la nature. »


C’est sans doute cette grande capacité d’adaptation qui a permis à ce peuple de perpétuer son mode de vie traditionnel. La résistance de la culture nénètse étonne. Les ethnologues parlent même d’exception, « de miracle nénètse ». Pourtant l’histoire récente a particulièrement bouleversé leur mode de vie. Sous le joug de l’URSS, les années 30 marquent l’heure de la collectivisation, les troupeaux privés sont transformés en kolkhozes et en sovkhoses, les Nénètses traditionnels sont perçus comme des contre-révolutionnaires, pourchassés et envoyés au goulag. Les enfants sont envoyés de force en pension, coupés de leurs racines, ils n’ont plus le droit de parler leur langue. Néanmoins dans cet empire où tout est sous contrôle de l’Etat, une certaine souplesse administrative permet aux Nénètses de conserver des troupeaux privés. Mais la forte industrialisation amorcée dans les années 70 met en péril l’élevage des rennes en détruisant plus de 7 millions d’hectares de pâturages.


Le futur va, une fois de plus, éprouver cette grande souplesse. En effet, le sol de la toundra est à la fois la principale richesse et le grand danger des Nénètses. Il offre le lichen qui sert de nourriture aux rennes mais surtout il renferme un trésor convoité par le monde entier : le plus grand gisement de gaz de la planète... Dans les 50 prochaines années, on prévoit d’ailleurs que l’Europe vivra aux dépens du gaz du Yamal. Assurant une source de revenus particulièrement importante pour la Russie et pour la province, le gaz permet de financer les écoles, de subventionner les Nénètses ou encore de construire des abattoirs. Mais l’extension future des puits de gaz, la présence de pipeline bouleverse l’environnement des Nénètses et par conséquent leur mode de vie. La pollution des pâturages et la transformation des terres met en péril les troupeaux de rennes et leur déplacement.


La sédentarisation opérée depuis les années 50 traduit une perte de vitesse de la culture nénètse. L’éducation obligatoire arrache les enfants de leur famille dès l’âge de 7 ans et pour au moins dix ans. Grandissant dans le confort, ils sont de moins en moins nombreux à vouloir retourner dans la toundra. Pourtant, dans les villes, les Nénètses sont victimes de discriminations et nombre d’entre eux sont sans travail, sombrant dans l’alcool et l’isolement. C’est contre cette fatalité et pour perpétuer le mode de vie traditionnel Nénètse que Kirill se bat. Il veut trouver à travers l’élevage et la pêche les moyens pour que les Nénètses vivent de manière autonome.


La situation actuelle des Nénètses est un paradoxe cruel : le gaz est une source de richesse inestimable mais également la principale menace qui pèse sur ce peuple. Aujourd’hui encore, les Nénètses doivent réussir à s’adapter, retrouver leur équilibre pour rester debout, fiers et libres.


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