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Le 16/09 à 20h 45 sur National Geographic Channel : « L’APOCALYPSE A L’ÂGE DE PIERRE ».

Par Ananda

On sait maintenant qu’il y a 100 000 ans, notre planète comptait environ un million d’êtres humains.

Or, par ailleurs, des recherches dans le domaine de la génétique nous laissent fortement soupçonner que les six milliards d’Hommes qui la peuplent aujourd’hui, en ce moment-même, descendent TOUS, sans exception, d’un groupe d’ancêtres bien inférieurs en nombre à cette quantité.

La conclusion s’impose d’elle-même : « un évènement s’est produit », et « un évènement d’importance, qui a modifié le cours de l’évolution de la race humaine ».

Ce documentaire se propose d’approfondir cette question intrigante.

Premier constat : même si l’Homme présente « une grande variété de caractéristiques physiques » visibles à l‘œil nu que nous connaissons tous (couleur de peau, forme du crâne, etc.), il n’en possède pas moins des « ressemblances profondément dissimulées ».

L’étude de l’ADN est troublante : il n’y a en effet que 0,1% d’écart génétique entre deux individus, et ce quelque soit leur appartenance ou leur origine géographique.

Comment interpréter ce qu’il faut bien se résoudre à appeler une « disparité pratiquement nulle en terme de génétique » chez une population telle que la nôtre, alors que, par exemple, nos plus proches parents, les chimpanzés, ont à leur actif une différence génétique infiniment plus marquée pour une population bien moindre ?

Le chercheur Tod DESAUTEL pense posséder la réponse ; selon lui, « la plus grande partie du patrimoine génétique » du genre humain aurait été « éliminée ».

Afin d’imager son propos, le scientifique américain entreprend de vider, sous nos yeux, un bocal de verre rempli de billes de différentes couleurs. Seule une infime minorité de ces billes peut se glisser par le goulot du récipient que l’on renverse, pour en sortir.

La transposition de ce phénomène statistique à la génétique a donné lieu au terme –fort parlant – de « goulot d’étranglement ». Un goulot génétique ne laisse passer qu’un nombre restreint d’individus et, par conséquent, de patrimoines génétiques, et appauvrit ainsi la richesse génétique d’une espèce.

Ce sont les mitochondries (organites hôtes de la cellule uniquement transmis par les femmes) et leur patrimoine génétique propre qui ont permis, par leur étude, de déterminer l’effectif des populations humaines de la préhistoire et aussi de dater le phénomène de goulot d’étranglement.

Ô merveille, nous sommes à présent, de ce fait, inclinés à croire qu’ « il y a 50 000 à 100 000 ans de ça », une population qui, peut-être, ne dépassait pas les 5000 INDIVIDUS a été à l’origine directe de notre population actuelle, soit six bons milliards d’êtres humains !

Cela équivaut, nous révèle le commentateur, à une seule personne qui engendrerait toute la population de Manhattan.

Le Dr Chris STRINGER, de Londres, nous fait remonter dans le temps : si notre ADN s’est différencié de celui des chimpanzés voici six millions d’années environ, la véritable humanité n’est pour sa part apparue qu’il y a près de deux millions d’années, avec les tout premiers outils de pierre, accompagnés de modifications du visage et d’une augmentation de la taille du cerveau.

Il faut attendre d’arriver à 100 00 ans B.P pour trouver, avec un crâne fossile déterré en Israël, les premières « caractéristiques modernes » qui signalent à coup sûr notre espèce, l’HOMO SAPIENS. Ces premiers ancêtres, on en a la preuve, « façonnaient toutes sortes d’outils » et avaient indubitablement « commencé à penser », à « s’envoyer des messages ». Le symbolique était né, sous l’espèce, notamment, de « parures en coquillages ».

Pourtant cette humanité allait bientôt frôler l’extinction, sous l’effet d’un « évènement apocalyptique » dont la nature a semblé longtemps très mystérieuse.

Quel fut-il ? Une « éruption gigantesque » ? Un « tsunami redoutable » ? Un « impact d’astéroïde colossal » ?

Il fallait en avoir le cœur net, et, pour ce faire, on se tourna vers les glaces de l’ANTARCTIQUE. On y préleva ce qu’on appelle des « carottes » de glace riches en minuscules bulles d’air et en « suspensions de particules », et l’on analysa les « données annuelles » qui s’y entassaient. Au terme de ce travail, en 1993, le Pr Greg ZELINSKI fut frappé par une présence très forte (« la plus forte sur 110 000 ans de données ») d’acide sulfurique à un niveau remontant à 75 000 ans B.P.

C’était, à ses yeux, clair : la seule origine possible à ce phénomène ne pouvait être qu’une gigantesque éruption volcanique.

Ainsi qu’on a eu l’occasion de le voir il y a quelques années, lors de l’éruption du volcan PINATUBO, aux Philippines, les éruptions de ce type rejettent dans l’atmosphère des sulfates, qui se transforment en ACIDE SULFURIQUE.

Mais quel volcan pouvait-il, ici, être précisément mis en cause ?

Pour avoir une chance de le déterminer, les géologues pointèrent du doigt tous les « points de jonction des plaques tectoniques ». Il soupçonnèrent tour à tour le Vésuve, qui avait détruit Pompéi à l’époque romaine ; le Krakatoa, volcan d’Indonésie entré en éruption en 1883 et le Mont Saint-Helens qui, en 1980, causa dans le nord-ouest des Etats-Unis la mort de plusieurs personnes. En vain. Il s’avéra par la suite qu’une telle SUPERERUPTION avait pour responsable un complexe volcanique situé sur l’île de SUMATRA qui abrite un lac de 100 km de long et 30 de large, le lac TOBA.

Comment le sait-on ? Eh bien, parce que cette « immense CALDERA » s’est précisément formée il y a 75 000 ans, exactement à la même époque que la fameuse « concentration d’acide » détectée dans les glaces polaires.

L’’île de Sumatra se trouve au contact de deux plaques tectoniques…et la quantité de gaz emmagasinée dans son magma souterrain explique tout.

Un géologue nous explique que la « puissance explosive d’un volcan » résulte de la présence de « magma de forte densité » coinçant et retenant les gaz. Le volcan guadeloupéen La Soufrière en est un bon exemple, et dieu sait qu’il a été sujet à de violentes explosions.

« Le magma est comme le SODA », c’est sous l’effet du gaz qu’il « pschiite ». Quelle meilleure illustration ?

David WARK, au terme d’une expérience, se montre catégorique : son test lui a permis de constater que « le magma de Toba est beaucoup plus visqueux que celui de l’échantillon de contrôle ». D’autre part, « des trous apparaissent dans la roche fondue de Toba ».

La gigantesque éruption dont il est question ici fut, d’abord, la résultante de « milliers de kilomètres cube de magma accumulés dans les entrailles de l’île de Sumatra ». Sa violence inimaginable, inouïe, donna lieu à « mille kilomètres de cendres projetées » et à « plus de deux millions de tonnes d’acide sulfurique expulsé dans l’atmosphère » !

Par ricochet, elle constitua une « menace sur tous les continents » du fait du « dramatique goulot génétique humain » qu’elle entraîna.

Mais voyons ça d’un peu plus près…

A proximité immédiate du volcan, comme on s’en doute, l’effet fut « apocalyptique ». Tout se trouva détruit, « sur toute la largeur de l’île » indonésienne. La colonne de cendres atteignit 80 km de hauteur.

Reportons-nous, encore une fois, au cas du Pinatubo. Un soldat américain qui fut témoin de cette éruption décrit ce qu’il a vu de ses yeux : « un nuage de cendre a envahi le ciel », et « tout, autour, était recouvert de cendre », y compris la végétation qui était devenue grisâtre.

Or, si l’on veut se faire une idée, l’explosion de Sumatra a expulsé « deux cent fois plus de déchets » que celle du volcan philippin, et a donc recouvert « une zone de quatre millions de kilomètres carrés » !

En l’an 2000, Michael PETAGLIA découvrit, au SUD DE L’INDE, une couche de cendre volcanique profonde de « près de quinze centimètres ». On imagine la « menace respiratoire » majeure que cette pluie de particules de cendre pareille à des éclats de verre a vraisemblablement constitué pour les populations humaines locales.

Il faut également prendre en compte la « pollution de l’environnement des chasseurs-cueilleurs » de cette époque : soumises à l’agression chimique de la cendre volcanique extrêmement toxique, les plantes ne pouvaient que mourir et que rendre, de la sorte, la terre entièrement « stérile » ; la « déforestation » était une véritable calamité.

L’étude en laboratoire d’échantillons de terre prélevés dans le sud de l’Inde révèle que, sous les couches de cendres dont nous venons de parler se trouvait de l’argile, témoin d’un sol primitivement « fertile » ; avant le cataclysme, la contrée était très verte et  riche de « toutes sortes de plantes des marais ».

Nous savons désormais qu’ « UNE GRANDE PARTIE DE L’INDE » a été proprement ensevelie, en l’espace de seulement « quelques jours ». A ce drame est venu, par-dessus le marché, s’ajouter LA MOUSSON dont les trombes d’eau sont venues déplacer des « millions de tonnes de matériaux volcaniques » et ont largement contribué à entraîner dans les cours d’eau la cendre, ce qui, toujours selon l’archéologue Michael Petraglia, a induit « le blocage du système naturel d’irrigation ». Encore un fait symptomatique : si l’on trouve, dans cette région, « une grande quantité d’outils de pierre », on les trouve tous sous la couche de cendre volcanique, au-dessus, ils sont absents.

L’explosion du Toba, nous l’avons vu, a dégagé un « nuage acide ». Ce nuage, gros de « deux milliards de tonnes de sulfate » a occasionné un « hiver volcanique de six longues années ». 90% de la lumière du soleil ne parvenait plus à éclairer ni à réchauffer la surface de la Terre, d’où une réduction très sensible de la température. Il en allait de même pour l’eau, puisque les pluies ne tombaient plus. En la quasi absence de lumière, « la photosynthèse a cessé ». Certaines régions du globe ont vu leurs précipitations diminuer de façon considérable, dans le même temps que les températures s’abaissaient avec brusquerie, allant jusqu’à perdre quinze degrés. Ce n’était tout de même pas rien !

L’ « effet dévastateur sur la végétation » jouant à plein, « défoliation » et « déforestation » furent largement au rendez-vous, pour le grand malheur de « la majorité des populations humaines ». Et c’est ainsi que la tragédie continua : celles-ci furent « décimées ».

« Mais il y eut des survivants ». Lançons-nous maintenant sur leur trace.

La génétique, une fois de plus, va nous aider, en étudiant « les variations d’ADN en divers endroits du monde ».

En toute logique, seule la population actuelle la plus diversifiée au plan génétique peut être la population –souche (ou source) de notre humanité contemporaine.

Il se trouve que cette population est celle de l’AFRIQUE ORIENTALE.

Ainsi, nos ancêtres directs seraient à chercher il y a 60 000 ans dans cette partie du monde, où leur « petit groupe de chasseurs-cueilleurs » a fait rien moins que « sauver l’avenir de la race humaine » après l’apocalypse presque mortelle de Toba.

Mais ceci ouvre sur une nouvelle question : comment y parvinrent-ils ?

Stanley AMBROSE a son idée, fondée sur « la circulation des matériaux de l’âge de pierre au KENYA » et sur le « développement des réseaux » entre les différentes populations de cette région.

Matériau de l’âge de pierre, l’OBSIDIENNE était particulièrement prisée des groupes préhistoriques est-africains en raison de son tranchant.

Stanley Ambrose explicite : « l’obsidienne est comme du verre brisé ».

La savant pense qu’avant la catastrophe causée par le volcan Toba, les groupes humains dont le territoire recelait des sites à obsidienne gardaient leur obsidienne pour eux.

Mais, à N’TUKA (Kenya), on a pu dénicher des artefacts dont l’obsidienne avait, de toute évidence, été apportée de plus loin, puisqu’elle provenait, pour être plus précis, d’un site distant de 112 km. Tout ceci impliquait, forcément, la « possibilité de traverser un territoire étranger ». Mieux (ou pire) : un tel déplacement était, pour les Hommes, « un rude voyage ». Il fallait se rendre du « village » de N’tuka jusqu’au filon d’obsidienne que renfermait le volcan Kuari. Compte tenu de la présence d’animaux sauvages très dangereux, cela représentait un trajet plein d’embûches et de périls. Comme nous le détaille Ambrose, « les hommes préhistoriques devaient marcher plusieurs jours et traverser les territoires d’autres communautés ». On n’aura pas de mal à comprendre que cela pouvait être délicat : « soit ils les évitaient, soit ils avaient de bonnes relations avec elles ». Ambrose, bien évidemment, penche pour la seconde alternative.

Il nous conduit sur le site à obsidienne du Mont Kuari et, là, nous apprend que « l’obsidienne de ce site peut être travaillée facilement » et que son « absence de grains », en en faisant l’une des plus pures, garantit un « tranchant très net ».

D’ailleurs, « on trouve encore sur le site des traces d’extraction laissées par les chasseurs de la préhistoire ».

Ambrose va même plus loin : d’après lui, l’attrait de cette obsidienne d’une remarquable qualité a forcé les gens à inventer de « nouvelles techniques de négociation », ce qui, pour lui encore, aurait induit « la dernière étape de développement du langage ».

En rendant l’Homme plus coopératif et plus imaginatif, l’apocalypse de Toba lui a, selon bon nombre de spécialistes, « sans doute permis de quitter l’Afrique » et de se répandre dans le reste du monde.

Le volcan Toba a déjà amené l’humanité « au bord de l’extinction ».

Est-ce à dire que, dans un futur plus ou moins proche, il serait à nouveau capable de nous détruire ?

La question vaut d’être posée, et le documentaire ne l’esquive pas.

Certes, en ce moment-même, tout porte à croire que Toba est « paisible ».

N’empêche qu’en décembre 2004, une bonne partie de l’Océan Indien, nous nous en souvenons, s’est vue ravagée par un gros séisme, aussitôt suivi d’un TSUNAMI. Ce séisme a eu pour théâtre la FAILLE DE SUMATRA, laquelle appartient au même système géologique que le lac et la caldera de Toba.

En 2001, grâce à des capteurs d’ondes sonores, le Pr MAC CAFFRY a pu sonder l’activité volcanique qui se déroule sous l’immense lac. Les capteurs, placés tout autour de ce dernier ont révélé un « gigantesque système volcanique », pourvu de deux chambres magmatiques séparées, « une grande et une plus petite » et ont également permis de signaler que l’ensemble était actuellement « ravivé par du magma souterrain ».

Faut-il pour autant s’inquiéter ?

Non, car on a effectué des relevés GPS, respectivement en 1993 et en 2001, pour constater que, d’une année à l’autre, « les choses n’avaient absolument pas bougé ». Ouf !

« Toba ne représente pas une menace dans l’avenir immédiat ».

Mais ce volcan n’est pas la seule entité supervolcanique. Pensons au site de YELLOWSTONE, qui donne toujours de nombreux signes d’activité, en particulier avec ses célèbres geysers.

Malheureusement, « nous ignorons encore les signes annonciateurs de pareils évènements cataclysmiques ». Ceci pour une très bonne raison : « il ne s’est produit aucune superépruption à l’époque moderne » !

Un géologue ne nous cache pas non plus que ces phénomènes terrifiants peuvent aussi se produire dans des endroits encore parfaitement inconnus, ce qui n’est pas fait pour rassurer.

Autant dire que l’on commence seulement à mesurer l’ampleur du problème…

Nous savons que l’éruption du Pinatubo a tout de même « freiné le réchauffement climatique ».

Or, mille fois plus destructrice serait une superéruption du type de celle qui a secoué Sumatra il y a 75 000 ans.

Les spécialistes sont tous d’accord : notre infrastructure moderne complexe est extrêmement vulnérable à un éventuel évènement de cet ordre.

Les conséquences en seraient à coup sûr, prédisent-ils, « l’anéantissement de l’économie mondiales » et la mort par famine d‘un milliard de personnes !

C’est là qu’on se dit : « on est peu de choses ».

P. Laranco


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