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Et si la Palestine suivait les traces du Kosovo ?

Publié le 24 février 2008 par Leblogpolitique

abbas.jpgDepuis la réunion d’Annapolis en novembre dernier, peu de détails ont transparu sur l’avancée des négociations entre Israéliens et Palestiniens. Quelques citations anonymes de responsables des deux camps. Un état presque léthargique.

Jusqu’à la déclaration publique de Yasser Abed Rabbo, proche conseiller du président palestinien Mahmoud Abbas, que la Palestine devrait s’inspirer de l’exemple du Kosovo et déclarer son indépendance unilatéralement. « Si les choses ne vont pas vers l’arrêt des constructions de colonies, ni vers des négociations sérieuses et appuyées, nous devrions entamer les démarches pour annoncer notre indépendance unilatéralement », a-t-il déclaré à la radio palestinienne, mercredi.

La boîte de Pandore était ouverte. Une agitation presque oubliée a resurgi. Saeb Erekat, membre de l’équipe de négociation palestinienne, puis Abbas, lui-même, ont écarté l’idée d’une indépendance unilatérale. « A l’heure actuelle, nous avons besoin d’une vraie indépendance, pas d’une déclaration. Nous avons besoin d’une véritable indépendance en mettant fin à l’occupation. Nous ne sommes pas le Kosovo. Nous sommes sous occupation israélienne et pour une indépendance, nous avons besoin d’être indépendant », a affirmé Erekat lors d’une conférence de presse.

En 1988, l’OLP avait déclaré son indépendance sans préciser clairement les frontières de l’Etat et avec Jérusalem comme capitale. Cette déclaration n’avait reçu le soutien ni d’Israël – l’OLP ne reconnaissait pas encore l’Etat hébreu –, ni des Etats-Unis, ni de l’Union Européenne. Ce document est tombé aux oubliettes après les accords d’Oslo et la création de l’Autorité Palestinienne.

Les propos d’Abed Rabbo émergent après la rencontre entre Mahmoud Abbas et le premier ministre israélien Ehoud Olmert, qui s’inscrit dans la poursuite des négociations pour la création d’un Etat palestinien d’ici à fin 2008, comme annoncé à Annapolis.

Jusqu’à présent, très peu d’avancées sont à rapporter, les Palestiniens critiquant les projets de construction de nouvelles colonies israéliennes en Cisjordanie. L’épisode de Rafah où des hommes de main du Hamas ont fait exploser la frontière avec l’Egypte pour laisser passer des centaines de milliers de Gazaouis sous blocus israélien a également ralenti les négociations.

Il est difficile de savoir si la position tenue par le conseiller d’Abbas est un avis personnel ou partagé au sein du gouvernement. Sur la chaîne Al Arabiya, il a, sans grande surprise, répondu que cette possibilité était à l’étude. Cela ne répond toutefois pas à la question de savoir pourquoi il a fait cette comparaison publiquement, car c’est bien là que réside le cœur du problème.

La question de l’indépendance unilatérale de la Palestine fait bien entendu partie des options et elle a d’autant plus de poids que le Kosovo vient de déclarer la sienne avec les soutiens européen et américain et que les gouvernements et les opinions arabes blâment Israël pour le manque de progrès concret.

Une réunion de la Ligue Arabe se tiendra le mois prochain à Damas pour réitérer la proposition de paix arabe introduite par l’Arabie Saoudite en 2002 et pour lancer un message de rappel à Israël. Si Jérusalem ne fait pas d’effort, « les pays arabes abandonneront l’initiative et chercheront d’autres options », estime Muhammad Sobeih, en charge de la question palestinienne à la Ligue Arabe. Cela n’a aucun sens d’insister sur quelque chose qu’Israël rejette. »

Peut-être qu’Abed Rabbo cherchait juste à bousculer les négociations, faire comprendre à Israël et la communauté internationale qu’il faut que le processus suive son cours, parce que la fin de l’année est dans neuf mois et que cela n’avance pas suffisamment vite. La décision israélienne de ne trancher sur Jérusalem qu’une fois les autres contentieux résolus n’arrange rien. Olmert craint que le parti religieux ultra orthodoxe Shas quitte la coalition gouvernementale si Jérusalem Est venait à devenir la capitale de la Palestine, ce qui déstabiliserait encore plus la position précaire du premier ministre.

Peut-être également que le conseiller d’Abbas voulait exprimer la frustration de l’Autorité palestinienne devant l’indépendance du Kosovo et le soutien massif des Etats-Unis et de l’Union Européenne. En Palestine, l’imbroglio dure depuis soixante ans sans que personne n’ait jamais clairement vu le bout du tunnel.

Peut-être tout simplement qu’Abed Rabbo soutient cette position dans l’équipe de négociations et qu’il souhaiterait qu’elle soit plus envisagée. Dans un calme médiatique relatif autour des négociations, une telle bombe ne pouvait pas rester inaperçue.

Ce n’est peut-être qu’une coïncidence, mais suite à ces commentaires et les récentes critiques dans le monde arabe, Israël et l’Autorité ont décidé de former des groupes de travail. Cela va dans le bon sens des choses.

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