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Car à qui sait y regarder
Les lieux préservés ont encore leur saveur
.
Passé l’ultime col avant de plonger
Aux eaux noires et froides d’un lac de barrage
Nos yeux cherchaient un havre
Un lieu de repos solitaire
Où avaler
Entre deux tours de roue
Un sublime café
Premières vapeurs sur notre transhumance
.
Sur la gauche
Une fois de plus à contre courant
Une ancienne bâtisse
Murs solides et toit de tôle rouillée
Quelques tables sur terrasse en plein soleil
Parasols rouges de quelque marque brassée repliés
.
Tu pousses la porte d’entrée
Sur un escalier de guingois
A droite s’ouvre le bar
Avant même d’en toucher la poignée
.
Le lieu a dû s’arrêter de vivre
Au moment où le siècle précédent
Descendait au fond du gouffre
D’une modernité suicidaire
.
Ils sont quatre à une table
Qui dégustent leur repas
Sans prêter attention aux intrus
.
Le petit noir a la volupté des lieux retirés du monde
L’enfant demande les toilettes
Une femme sans âge le regarde :
« Par ici c’est la vaisselle
Pour le reste
C’est à l’étage
Au fond du couloir »
.
Il revient hilare
« Viens voir Papa »
.
Nous gravissons l’escalier retord
Longeons un couloir au sol inégal
A peine voilé sous un lino de basse classe
Au bout s’ouvre le cagadou
Et puis le ciel
Sur le ciel
Imprimé en lettres noires
« Une fois nos montagnes contemplées
Et les vents nauséabonds dispersés
Pensez à refermer la fenêtre
Pour éviter les courants d’air »
.
La poésie
Fait son nid partout
.
Saint Paul sur Ubaye, 14 août 2011
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