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Banks La plage de verre

Publié le 25 février 2008 par Vincent

"- Ben oui. Le Destin, ça doit être un mec."

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Un livre de Silverberg au mois d'août pendant les vacances (cf. mon post précédent), c'est un peu comme les biscuits apéritif, ça ne nourrit pas son homme. Il faut un plat de résistance ensuite ! C'est pour cela que pour les vacances, j'avais fait un achat grand format plus substantiel (ce qui pour moi correspond à un achat à risque car le grand format, c'est un peu miser plus d'une vingtaine d'euros - parfois la trentaine - pour se retrouver au final avec un livre qui déplaît, risque que l'on  prend moins avec le format poche) et pas n'importe lequel: Banks. Ouais, le grand Banks.  L'auteur d'Une forme de guerre (Consider Phlebas en VO) et de L'Usage des armes qui se situent dans un cycle intitulé La Culture dont j'ai déjà un peu parlé. J'évoque immédiatement ces deux livres car du point de vue de l'atmosphère, de l'inspiration, c'est de ces deux oeuvres que La Plage de verre se rapproche (sauf que ce livre ne fait pas partie de La Culture, ce qui est un détail car le plus important c'est que ça soit du bon Banks et ça l'est). Bruit, fureur - un conte raconté par un idiot et ne signifiant rien pour reprendre la célèbre expression de Shakespeare dans Macbeth. La Plage de verre nous raconte la folle équipée de Sharrow qui est poursuivie par une secte, les Husch, lesquels veulent sa peau, ce qui la contraint à poursuivre une quête: retrouver le Canon Lent, arme ultra dangereuse mais humoristique dans son imprévisibilité. On a donc une héroïne à l'humour corrosif assortie de sa bande de mercenaires avec qui elle a  fait autrefois les quatre cent coups (au sens propre et figuré)  qui poursuit un but tout en étant  poursuivie. Autant dire que de l'action, il y en aura; quant à savoir si à la fin de l'histoire tout cela a bien un sens ... c'est au fond la même réponse que celle qui est donnée par L'Usage des armes et Une forme de guerre. Lorsque le bruit et la fureur ont cessé, on a un arrière-goût d'absurdité : tout cela était-il bien sérieux au fond ? Qu'y a-t-on gagné au bout du compte ?  

Quelques remarques en vrac:

Contrairement à ce que pourrait laisser la quatrième de couverture (Un space opera explosif), l'action ne se déroule que sur une seule planète - Golter.  On retrouve le procédé des flash-backs de L'Usage des armes mais il n'y a pas ici de surprise finale à attendre à la fin (ce qui n'exclut pas quelques retournements de situations imprévus mais chut !) et, en fait, si ces flash-backs font ressortir le passé de Sharrow, de sa famille et ses compagnons,  c'est pour  introduire une fine touche de mélancolie dans un récit plein d'actions. Un peu comme si le passé de Sharrow était le seul temps mort dans cette quête effrénée du Canon lent. On retrouve ce que j'appelle le style cinématographique de Banks - à savoir l'impression de voir un film d'actions qui défile à toute vitesse, sauf qu'au cinéma, dans ce type de film,  il suffit de regarder (sans avoir besoin de trop réfléchir)  tandis que dans un livre, il faut chercher à visualiser, si on passe machinalement deux trois lignes du récit on est largué. C'est peut-être ça qui rebute certains lecteurs chez Banks. Mais passons.

Beaucoup d'humour et d'ironie dans ce récit: depuis les Frères tristes du poids maintenu (!) à la cour du Roi inutile ("sa majesté le roi Tard XVII, seigneur du Dépit" !!) en passant par les solipsistes, le livre fourmille de traits d'humour ce qui fait que La plage de verre est bien plus léger qu' Une forme de guerre ou L'Usage des armes. Moins profond du coup mais on va chipoter non plus. L'ironie est latente, depuis l'arme facétieuse (le Canon lent) à La Cité des robots, certains poncifs du space opera (l'arme super puissante, l'artefact magique, l'androïde qui cherche à comprendre la nature humaine ... etc.) sont repris avec une légère distance ironique qui va parfois jusqu'à contaminer un paysage en carton pâte: Un vent froid et tranchant descendait d'un ciel vert-de-gris. Le soleil s'y accrochait, triste bibelot dispensant sa chiche lumière.

Bien que teinté d'ironie voire d'humour, La Plage de verre joue le jeu du space opera avec ses changements de décor, ses gentils et ses méchants (qui ne sont pas forcément ceux que l'on croit), ses batailles et son goût du spectaculaire. L'ensemble est soigné jusque dans ses détails où l'auteur ne laisse pas passer l'occasion de faire une trouvaille, d'inventer quelque chose qui surprend le lecteur.

Donc en bref, ça vaut largement ses 25 euros, ce n'est pas du niveau de L'Usage des armes ou d'Une Forme de guerre, plus profonds, c'est juste bien (mais est-ce si courant ? Je pourrais vous faire une liste des nombreux livres prétendant à ce niveau et n'y arrivant pas, mais est-ce nécessaire ?) et en plus c'est du Banks. Peut-être à lire après L'homme des jeux et avant Une forme de guerre, si l'on devait faire un ordre de lecture idéal des livres de Banks. Sinon, un bémol quand même: dommage que la couverture  soit si hideuse ...  


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