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Publié le 26 septembre 2011 par Legraoully @LeGraoullyOff
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Toujours aussi peu disposé à se laisser aller à la liesse populaire, on constate que les temps sont si durs que nos concitoyens se réjouissent du peu qu’il leur est permis, et de préférence pour de petits plaisirs de réaction certes consolatoires mais qui n’ont ni l’espatrouillante joie de vivre du philosophe dionysiaque qui sommeille en chacun, ni la circonspection dont devraient faire preuve les escrivaillons et les politiciens avant de qualifier un jour d’historique.

Donc voilà, le Sénat, pour la première fois sous la Vème République a une majorité socialiste (j’ai encore du mal à dire de gauche). La belle affaire. Le PS qui a le sens de l’Histoire à géométrie variable se fait une fête d’avoir pris à la droite ce bastion valétudinaire, alors qu’il y a encore peu de temps c’était une insupportable anomalie démocratique. La maison de retraite la plus onéreuse de France va donc devenir le cimetière des éléphants, pouf pouf. Et la gérontocratique chambre haute du Parlement va renvoyer à ses pénates et à ses charentaises le non moins pachydermique Gérard Larcher pour nommer à sa tête un socialiste, qui deviendra le deuxième personnage de l’Etat dans l’ordre protocolaire, sans passer par les primaires. Pour être tout à fait honnête, au début moi aussi j’ai ressenti une joie mauvaise à l’idée que Sarkozy allait devoir poser son gros booty sur sa règle d’or faute de pouvoir rassembler une majorité de trois cinquièmes au Congrès, et que sa fin de mandat part sérieusement en couille, ce qui est un moyen de transport nettement moins confortable que le yacht de Bolloré. A nous l’obstruction parlementaire, et la joie de vider de leur moëlle tous les projets liberticides de l’UMP. Puis j’ai vu la mine réjouie de Hollande et d’Aubry en visite au Sénat, et j’ai compris que c’est bien joli l’opposition et le plaisir mesquin de déféquer dans les bottines à talon du Président, mais avant de pouvoir de se la péter comme si on avait gagné l’Euromillions, il y a une élection présidentielle et des élections législatives à remporter pour remettre un peu d’ »ordre juste » dans le pays aux 365 fromages dont les plus coulants siègent au Palais du Luxembourg. Et depuis 2002, on sait que le PS est parfaitement capable de perdre un scrutin réputé imperdable, d’autant plus que Sarko, comme son père spirituel Chirac, est absolument nul aux affaires mais est une vraie bête de campagne. On nous permettra donc de rester à la vodka pour l’instant et de garder le champagne au frais pour d’autres échéances.

Autre sujet de satisfaction beaucoup plus intense, la Catalogne a vécu sa dernière corrida ce weekend. J’aurais été encore plus heureux si elle n’avait pas eu lieu du tout, et j’ose espérer qu’on érigera une statut au dernier taureau qui a subi les outrages d’un crétin à paillettes, pour que les générations espagnoles n’oublient jamais ce qu’une partie de leurs imbéciles d’ancêtres ont fait. Cette pratique barbare est encore défendue par des gros dégueulasses qui l’appellent éhontément une tradition, alors que c’est à peu près aussi folklorique que notre fête de la Mirabelle, à cette différence près que chez nous les ruminants sont dans le public. Et malheureusement, elle est encore pratiquée ailleurs qu’en Catalogne. Si la théorie de la relativité d’Einstein a été remise en cause récemment, il avait tout de même finement observé que si l’on est pas certain de l’expansion perpétuelle de l’univers, celle de la bêtise humaine était manifeste et avérée.  On ajoutera qu’on avait remarqué depuis longtemps que les particules de connerie et de cruauté sont également les plus rapides chez les porteurs de « costumes de lumières » et chez les aficionados sanguinaires. Et notre joie ne sera complète et sans mélange que lorsque la France, l’Espagne et tous les pays où se pratiquent cette boucherie  archaïque interdiront corridas et combats de chiens, de coqs, d’enfants (quoique là j’hésite) et de tous les animaux pour le plaisir d’une bande d’esthètes dégérénés qui y voient une métaphore de la soumission de la nature à l’Homme. Quand je pense que même le grand Hemingway était fan de corrida, ça me donne envie de jeter le vieil homme à la mer ( je ne parle plus du Sénat mais d’Ernest). Si vous aimez tant les tenues scintillantes et les banderilles, il y a des établissements spécialisés pour ça, où on se fera un plaisir de vous écraser les attributs à coups de talon et de vous pincer les tétons avec des pinces à linge et du fil barbelé.

Dans un prochain épisode, nous nous appliquerons à gâcher le plaisir d’un bambin qui fête ses quatre ans avec tous ses amis en lui expliquant qu’avec la récession qui s’annonce, c’est peut être son dernier gâteau d’anniversaire, et nous ferons une tournée des maternelles pour révéler que le Père Noël n’existe pas.


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