Revivre un à un les événements ayant conduit à une défaite n’est pas habituellement une perspective enthousiasmante. Voilà pourtant ce à quoi nous invite H.P.S. avec cet épisode de la série Squad battles. Si l’Afghanistan n’a jamais représenté, depuis sa création en tant qu’état souverain, la destination idéale pour passer des vacances au calme, ce territoire peu propice à la villégiature s’est en revanche fait connaître en tant que terrain de jeu idéal pour les armées du monde. Un grand cirque militaro-politique, sorte de piste aux étoiles qui, au fil des siècles, en aura coûté quelques-unes à certains généraux ambitieux. Parmi les prestations ratées, catégorie envahisseurs bien intentionnés, étudions aujourd’hui le numéro de l’ours soviétique et ses acrobaties.
Enchâssée au cœur d’une région montagneuse donc riche en cailloux de tous genres (grenats ayant notamment embelli les monarchies occidentales depuis les Mérovingiens ; lapis lazuli ; rubis, diamants et autres quartz), l’Afghanistan suscita les appétits de conquête dès l’aube du moyen-âge. Ses richesse minérales immenses mais également ses énergies fossiles (gaz naturel ou pétrole) représentent des charmes bien tentants pour les ogres qui marchent au pas. Les populations autochtones paraissant bien peu évoluées aux yeux des civilisations brillantes qui ont, de tous temps, tournées autour de ce pivot de l’Europe. Les républiques au sein desquelles semble serti ce joyau (Turkménistan ; Ouzbékistan ; Tadjikistan ; Pakistan) ont, comme lui, un jour fait partie de l’empire perse. L’Iran et la Chine complètent opportunément la métaphore joaillière, bras puissants d’un anneau enserrant fermement ce chaton. Le petit état chthonien émancipé au XVIIIe siècle, aux racines et aux fleurs fécondes… riche d’un passé militaire glorieux, s’est taillé au gré du temps et des tentatives d’invasion multiples, une solide réputation de bastion imprenable. Les plus puissantes armées, menées par les plus illustres commandants, s’y sont cassé les reins. Dernières en date (avant l’échéance américaine de retrait total des troupes), les cohortes soviétiques entrées, conquérantes, dans le maelström peu après Noël 1979. Le retour au pays, neuf ans plus tard, fut rude pour la superpuissance moribonde. On peut même dire qu’il scella le destin de l’Union, quelques mois seulement avant la chute du mur de Berlin et l’effondrement de l’édifice communiste.
La carte et ses compteurs, en version originelle donc sans modifications.
Sorti en 2007, ce titre n’est pas la plus récente entrée dans la série Squad battles. Pour plus de détails sur les concepts propres à cette dernière, on se référera aux tests présentés sur notre site (voir les Notes, en fin d’article). Le jeu incluait alors quelques innovations intéressantes. Entre autres, l’utilisation d’armes chimiques, la démolition des ponts par l’usage de charges explosives (qu’on aimerait d’ailleurs pouvoir employer sur d’autres obstacles plutôt que de voir, par exemple, un convoi entier bloqué devant un simple muret…) ou encore, la récupération dans le temps des hommes choqués et des armes endommagées.
Trois campagnes (non dynamiques ; ne rêvons pas) dépeignent les actions de deux chefs de guerre afghans et d’un commandant soviétique (tous trois fictifs). Elles constituent un mode de jeu plus intéressant que les scénarios, permettant de suivre l’évolution des personnages principaux au travers de missions chronologiquement successives. L’aspect rôle se limite à comptabiliser le nombre de points de victoire amassés ainsi que, plus motivant, leur score de L.A.P. (Leader Action Points). Ceux-ci sont acquis en menant à bien diverses activités, telles que le ralliement des troupes (voir plus loin, le chapitre Disrupted), le recours aux soutiens opérationnels hors-carte (aviation ; artillerie) ou en participant activement aux combats. Une occupation beaucoup plus risquée car pouvant entraîner la mort du personnage, ce qui équivaut à la fin de partie définitive. En complément des cinquante-trois scénarios individuels, eux aussi répartis sur l’ensemble du conflit, ces campagnes apportent indéniablement un petit plus. On regrette d’autant l’absence d’évolutions apportées à ce concept, au fil des titres parus ultérieurement.
La même vue, modifiée bénévolement par des fans.
Soviet Afghan War : quand l'URSS s'enlisa dans le bourbier afghan, 6.0 out of 10 based on 1 ratingPages: 1 2 3