Un islamiste radical condamné à mort

Mumtaz Qadri avait assassiné un politicien qu’il accusait de blasphémer le prophète Mahomet.

Paru dans le Parisien/Aujourd’hui en France le 2 octobre

L'assassin de Salman Taseer, Mumtaz Qadri

Mumtaz Qadri sera pendu. C’est le tribunal de Rawalpindi, près de la capitale, qui l’a ordonné hier. Le 4 janvier, ce policier escorte Salman Taseer à Islamabad. Gouverneur de la province du Penjab, Salman Taseer est connu pour ses prises de position contre la loi du blasphème. Il milite pour réformer cette législation qui condamne à mort toute personne coupable de blasphème envers Mahomet. Le texte sert de prétexte à tous les règlements de compte. Mais pour Mumtaz Qadri, la loi est sainte. Elle protège le prophète. Pas question d’y toucher. Quatre jours plus tôt, il a écouté le sermon d’un imam appelant à tuer les blasphémateurs. C’est le déclic. Alors que Salman Taseer sort d’un restaurant, il l’abat d’une rafale de fusil automatique.

En condamnant Mumtaz Qadri, la justice pakistanaise adresse un avertissement aux religieux qui lancent des appels au meurtre contre de soi-disant blasphémateurs. La peine sera t-elle appliquée ? Mumtaz Qadri peut faire appel devant une Haute Cour puis devant la Cour suprême. Si la sentence est confirmée, il peut demander la grâce présidentielle qu’il pourrait obtenir. La question du blasphème est très sensible au Pakistan. Les hommes politiques et les ministres n’osent pas réformer la législation par peur des fondamentalistes. Ceux qui osent demander un amendement sont menacés de mort ou exécutés. L’un d’eux, le ministre des minorités religieuses Shahbaz Bhatti, avait été criblé de balles par les talibans à Islamabad le 2 mars. Dès la première comparution de Mumtaz Qadri, des dizaines d’avocats l’avaient acclamé devant le tribunal en lui lançant des pétales de rose. Certains proposaient même de le défendre gratuitement.

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