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65% des Français sont favorables à une réforme du statut des fonctionnaires

Publié le 03 octobre 2011 par Lecriducontribuable
statut-fonctionnaires

65% des Français sont favorables à une réforme du statut des fonctionnaires. Sondage exclusif Ifop pour l’Observatoire de la fiscalité et des finances publiques.

«Le désir d’égalité est trois fois plus invoqué à l’appui de l’extinction du statut des fonctionnaires que la recherche des économies ».

L’analyse de Michel Brulé, fondateur de l’institut BVA.

La rhétorique de la campagne qui n’annonce fera une large place à la lutte contre les inégalités. On peut cependant se demander si elle abordera une des plus spectaculaires sources d’inégalité de la société française, un droit du travail propre au secteur public, qui met ses agents à l’abri des risques inhérents à la mondialisation.

Il s’agit du célèbre statut de la fonction publique qui garantit aux fonctionnaires la sécurité de l’emploi et d’importants avantages, notamment en matière de retraites.

Limiter les inégalités liées à ce statut est l’objet de la sixième des propositions de réforme de Contribuables Associés pour 2012. Mais qu’en pensent les Français ? C’est l’objet du dernier sondage mené par l’Ifop pour l’Observatoire de la fiscalité et des finances publiques.

Les deux tiers des Français se prononcent en faveur de l’alignement du droit du travail des agents publics sur les contrats des salariés du privé pour les nouvelles embauches.

En France, les fonctionnaires ont un statut spécial avec des contrats de travail différents des contrats de travail du secteur privé. Ce statut leur assure par exemple la sécurité de l’emploi et des régimes de retraite spécifiques. Selon vous, est-il souhaitable d’aligner les contrats de travail des nouveaux fonctionnaires embauchés dans l’avenir sur ceux des salariés du privé ?

Oui

  • Ensemble des Français 65%
  • Salariés du privé 77%
  • Salariés du public 36%

Non

  • Ensemble des Français 35%
  • Salariés du privé 23%
  • Salariés du public 64%

Derrière cette large majorité se dévoile un partage des opinions très contrasté, puisque si les trois quarts des salariés du privé sont favorables à cette mesure, les deux tiers des agents publics s’y opposent.

L’analyse par catégories professionnelles est éclairante : les plus désireux de voir supprimer le statut des fonctionnaires pour les nouvelles embauches sont les commerçants et artisans, mais encore plus les ouvriers, favorables à 85%.

L’analyse par famille politique montre qu’il s’agit d’un sujet où les options sont très tranchées : les électeurs de droite sont favorables à l’extinction du statut dans la proportion de trois sur quatre, les électeurs du centre dans la proportion de deux sur trois.

Mais ceux du Parti socialiste se divisent rigoureusement en deux, et ceux du front de gauche s’y opposent à deux contre un. L’aspiration à l’égalité propre à la gauche entre ici en conflit avec la défense des avantages acquis. Et on sait que le milieu des agents publics est en général un terrain où la gauche réalise d’excellents scores électoraux.

Pourquoi les Français se prononcent-ils pour cette remise en cause du statut des fonctionnaires ? Deux hypothèses viennent à l’esprit : la nécessité de réaliser des économies budgétaires, le refus des inégalités devant les rigueurs de la crise.

Selon vous, quel est le meilleur argument en faveur d’un alignement des contrats de travail des nouveaux fonctionnaires sur ceux du secteur privé ?

Une plus grande égalité entre les salariés français

  • Ensemble des Français 56%
  • Salariés du privé 64%
  • Salariés du public 35%

La réalisation d’économies budgétaires

  • Ensemble des Français 19%
  • Salariés du privé 17%
  • Salariés du public 30%

Autant l’un que l’autre

  • Ensemble des Français 25%
  • Salariés du privé 19%
  • Salariés du public 35%

Ici aussi, les réponses sont sans ambigüité : le désir d’égalité est trois fois plus invoqué à l’appui de l’extinction du statut desfonctionnaires que la recherche des économies.

Devant la netteté de ces réponses, une interrogation : pourquoi un thème aussi porteur n’est-il pratiquement jamais abordé dans les propos des candidats ? De la part  des candidats de gauche, on peut le comprendre, vu la division de leur électorat. Mais pour la droite, ce silence est plus énigmatique, étant donné le soutien qu’elle y trouverait dans le public et l’embarras où elle plongerait ses adversaires.

Deux explications viennent à l’esprit : le souvenir de la cuisante mésaventure d’Alain Juppé en 1995, quand il entreprit de s’attaquer à certains privilèges des agents publics et que les grèves qui suivirent mirent durablement à mal ses ambitions politiques.

Et puis ce trait propre à la vie politique française, le poids du secteur public tant au sein du Parlement que des gouvernement successifs et encore plus des cabinets ministériels. Or c’est là, paraît-il que s’initient les réformes…

Michel Brulé

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