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Bonjour Tristesse

Publié le 03 octobre 2011 par Ansolo

48 heures après le désastre face au Tonga, en ce triste lundi, et alors que se profile désormais le quart-de-finale de la Coupe du monde contre l'Angleterre se profile, il est particulièrement difficile de concevoir une issue favorable à l'aventure de nos bleus. On aimerait tellement croire dans les chances de cette équipe, dans sa faculté à retrouver les vertus du combat, de l'abnégation et de la solidarité pour terrasser notre meilleur ennemi. Mais, pour être honnête, on ne voit pas trop comment pourrait se réaliser ce qui tiendrait plus du miracle qu'autre chose.

Les conférences de presse données par Marc Lièvremont depuis la défaite ne laissent plus vraiment de place au doute quant à la déliquescence du groupe et l'absence de prise du sélectionneur sur ses joueurs.

Les efforts déployés par celui-ci pour disposer d'un contingent d'internationaux sans aspérité, de bons garçons loyaux et bien élevés, ne sont pas étrangers à l'incapacité des joueurs à se révolter et faire face à l'adversité autrement qu'en courbant l'échine et regarder ses chaussures dans l'en-but pendant les tentatives de coups de pied adverses. Ce peu de dispositions à la révolte, nous l'avions constaté il y a déjà près d'un an, lors de la monumentale déculottée reçue au Stade de France des mains du XV d'Australie.

Il ne s'agit pas aujourd'hui de souhaiter l'anarchie ou d'en appeler à manquer de respect aux règles de la vie de groupe. Mais de réclamer de la part des leaders, car il y en a, qu'ils prennent la parole, pour ne pas dire le pouvoir. Y compris contre les sélectionneurs eux-mêmes, comme cela se fit en 1999.

Cela exige plusieurs conditions. La première consiste à déterminer immédiatement l'équipe qui jouera samedi. Pour donner à ceux qui la composeront la possibilité de se projeter vers le match et aux plus expérimentés d'entre eux de rassembler les énergies autour d'un seul et unique objectif : la victoire. On n'en prend pas le chemin, puisque la composition sera annoncée mardi après midi. L'argument des blessures (Dusautoir, Rougerie) et de la possible sanction d'Estebanez ne tient pas, au moins pour les deux derniers, qui ont été tellement défaillants depuis le début de la compétition que leur absence du groupe ne constituerait aucunement une anomalie. Au demeurant, la suspension du trois-quart de Toulon ayant été annoncée il y a quelques minutes, Marc Lièvremont pouvait gagner au moins une journée.

Reste la situation du capitaine, mais rien n'empêchait de prévoir une composition alternative pour le seul poste de troisième ligne aile, voire, pourquoi pas, de « profiter » de cette blessure pour ne pas aligner un capitaine en souffrance.

La deuxième condition relève du bon sens. Le temps n'est plus à peaufiner des combinaisons improbables, qu'un turn-over permanent n'a pas permis d'automatiser, ou tenter des coups. Il faut se recentrer sur l'essentiel : la conquête, la défense, et chercher un minimum d'automatisme. François Trinh-Duc n'est pas au mieux ? Certes. Mais en quoi Morgan Parra apporte-t-il une plus-value au poste d'ouvreur ? David Marty n'est pas le premier choix en numéro 13 ? C'est une évidence. Mais il connaît parfaitement le poste, a joué régulièrement au niveau international et connaît bien la manière de jouer de Maxime Mermoz, son coéquipier à Perpignan.

La troisième condition, la plus difficile, consiste à actionner les bons ressorts de la révolte. Force est de constater que le management tricolore, défaillant, ne détient plus guère de leviers en la matière. La galère tricolore s'est transformée en radeau de la Méduse, où chacun cherche son salut sans compter sur les copains, d'où a disparu le plaisir de jouer ensemble et de "s'y filer" pour le copain. Le pathétique épisode des « packs de bières », qui vit Marc Lièvremont tenter sans succès un apéro-mise à plat avec ses joueurs, illustrera pour la postérité l'échec du projet de ce sélectionneur, qui aura aligné les tristes records.

On dit que le XV de France n'est jamais aussi fort que lorsqu'il est acculé et décrié. Ces propos tiennent même d'une forme de théorème : toute équipe de France préalablement plongée dans la mer** exerce une poussée vers les sommets.

Il y a malheureusement fort à parier que le match de samedi ne constitue l'exception qui confirme cette règle.


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