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Contrastes

Publié le 04 octobre 2011 par Toulouseweb
ContrastesL’IATA inquiète, l’ELFAA optimiste.
C’est avec une légitime impatience que sont attendus les premiers résultats commerciaux de la «base» low cost qu’Air France vient d’inaugurer à Marseille Provence. Cette contre-attaque est d’autant plus importante pour l’avenir que les atouts des compagnies traditionnelles subissent un dangereux mouvement d’érosion que rien ne semble pouvoir ralentir. Dès lors, l’aéroport provençal sert de cadre à une expérience importante, encore que quelque peu abstraite : l’emphase n’y est pas, le hall 4 n’affiche pas la couleur et ne bénéficie d’aucun décorum particulier.
Au même moment, mais c’est un pur hasard, l’IATA exprime son inquiétude à propos d’un tassement de la demande tandis que l’ELFAA, European Low Fares Airlines Association, affiche son optimisme. Le contraste est saisissant.
En août, le trafic IATA a progressé de 4,5% seulement par rapport au même mois de 2010, un recul qui surprend. D’autant que, pour le fret, un recul de 3,8% est enregistré, et cela sans explication connue. Il est à peine besoin de rappeler que le fret joue le rôle de baromètre économique quasiment infaillible et, à ce titre, une telle variation négative retient l’attention bien au-delà des seuls milieux du transport aérien. Il pourrait s’agir d’un simple incident de parcours mais il est difficile de justifier une telle hypothèse. Les chiffres de septembre, dès qu’ils seront disponibles, seront analysés avec d’autant plus d’attention.
Tony Tyler, le nouveau directeur général de l’IATA, qui s’exprime en termes plus mesurés que son prédécesseur, ne distingue guère de raisons d’optimisme qui pourraient se manifester dans l’immédiat. Il ajoute tout au contraire que c’est le climat de confiance, dans le monde économique et auprès des consommateurs, qui est en recul, ce qui n’exprime rien de bien encourageant.
On remarque néanmoins que le pavillon européen fait, cette fois-ci, figure d’exception, avec une progression de trafic, toujours en août, de 7,9%. D’où un enviable coefficient d’occupation de 83,9%. Dans un monde aérien idéal, à condition de créer les circonstances propres à une recette unitaire correcte, sur de telles bases, les compagnies bien gérées devraient afficher de bons résultats financiers. On devine d’ores et déjà que ce ne sera pas nécessairement le cas.
Au même moment, côté low-cost, le ton est différent. John Hanlon, secrétaire général de l’ELFAA, n’hésite pas à affirmer qu’au vu des statistiques de trafic les plus récentes, «il n’y a aucun doute que les compagnies low cost sont l’avenir de l’Europe». Au cours de la période de 12 mois de mi-2010 à mi-2011, le trafic des membres du groupement professionnel a progressé de 10% pour atteindre 183 millions de passagers. Un résultat obtenu avec une flotte de 750 avions.
L’ELFAA, qui s’exprime rarement, y voit la confirmation d’une tendance forte qui lui permettra de détenir 53% du marché intra-européen à l’horizon 2020. Et, en considérant séparément le trafic point à point, les compagnies low cost détiendront alors 60% du marché européen. Des prévisions qui sont crédibles en même temps qu’elles annoncent de nouvelles tensions, des difficultés, des remises en cause de tous ordres.
En perpétuel devenir depuis une bonne trentaine d’années, le secteur aérien aspire en vain à la stabilité. Même là où le marché est qualifié de «mature», les secousses se succèdent, ainsi qu’en témoigne la situation aux Etats-Unis. Cette semaine, par exemple, American Airlines s’efforce de contrer des rumeurs de dépôt de bilan, géant aux pieds d’argile à l’image du transport aérien tout entier.
Pierre Sparaco - AeroMorning

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