Magazine Moyen Orient

Les défis de l’aprés-Kadhafi

Publié le 01 septembre 2011 par Jcharmelot

La France réunit à Paris le 1er septembre une conférence internationale pour organiser l’aprés-Kadhafi en Libye. Mais les efforts déployés pour stabiliser le pays aprés six mois de violences doivent tenir compte de facteurs alarmants: la concurrence ouverte entre les groupes rebelles armés; l’incertitude sur la gestion future des avoirs libyens; et les propres divisions de l’Otan et de l’Europe face au défi sécuritaire que pose encore ce pays.

La courte bataille de Tripoli a été menée par des formations rebelles, qui ont bénéficié du soutien sur le terrain des forces spéciales de plusieurs nations : la France, la Grande-Bretagne, les Etats-Unis, mais également le Qatar. Le petit émirat pétrolier et gazier, aux immenses ressources financières, a équipé et entrainé diverses formations rebelles, et notamment la Brigade de Tripoli. L’offensive victorieuse menée sur trois fronts a permis de chasser les forces loyalistes des principaux points stratégiques de la ville –l’aéroport, le port, la place centrale et le repaire fortifié de Kadhafi. Mais aujourd’hui l’unité forgée autour d’un objectif clair, celui de chasser le dictateur honni aprés 42 ans de règne, s’est effrité pour laisser la place à une forte concurrence pour le contrôle des territoires libérés, et des ressources énergétiques du pays. Et la situation de tension à Tripoli  n’a pas encore permis au gouvernement provisoire, le Conseil National de Transition,  de venir prendre ses quartiers dans la capitale libyenne. 

Les avoirs de l’ancien régime gelés ou investis à l’étranger font également l’objet d’une rude bataille au sein des instances dirigeantes de la Libye nouvelle. Le contrôle du fonds souverain libyen, the Libyan Investment Authority, qui affiche une valeurs de 65 milliards de dollars est trés disputé et le CNT n’a pas été en mesure de clarifier qui est en charge de diriger cette institution, qui doit jouer un rôle majeur dans la reconstruction du pays.

Cette confusion mérite toute l’attention des pays qui ont pris la tête de la campagne en Libye, notamment la France et la Grande-Bretagne. Les difficultés à conclure la phase militaire et la nécessité d’impliquer sur le terrain des équipes importantes de « conseillers » étrangers devraient servir de leçon pour le futur. Le manque d’organisation des rebelles pendant les opérations militaires risque en effet de se retrouver dans leurs efforts à mettre en place des structures de pouvoir fonctionnelles. Et l’Europe, en pointe dans la guerre, se retrouvera dès lors largement engagée dans la mise en oeuvre de la paix. Avec tous les dangers que cela comporte.

Comme le disait, avec raison, le secrétaire d’état américain Colin Powell en commentant les actions militaires à l’étranger : « when you break it, you own it ». En somme, lorsque vous  intervenez dans un pays, il vous appartient. Pour relever le défi libyen, l’Europe apparaît bien divisée, après la réticence de l’Allemagne face à l’intervention armée. Et l’Otan également, puisqu’une poignée seulement des 28 pays de l’Alliance atlantique ont participé aux opérations militaires. Cette désunion internationale doit rapidement faire place à un engagement commun pour éviter que l’apparent succés en Libye ne se révèle rapidement une périlleuse illusion.

Financial Times

IHT


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Jcharmelot 247 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte