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L'avenir de GNOME3, Interview de Jon McCann, un des concepteurs de la fondation Gnome

Publié le 09 septembre 2011 par Pach

Dans cet article nous parlerons de la scission avec Ubuntu, des critiques envers GNOME Shell et nous reviendrons sur les différences entre KDE et GNOME. 

Après avoir passé des années à se concentrer sur la stabilité ainsi que sur la mise en place d'améliorations qui ne perturbent pas l'utilisateur, le bureau GNOME a récemment pris un risque important en lançant une nouvelle versionGNOME 3.0 introduit une nouvelle expérience utilisateur qui rompt avec la plupart des concepts précédemment en vigueur.
gnome3-logo.png
GNOME concepteur et développeur William Jon McCann de Red Hat.William Jon McCann, développeur chez Red Hat, fut l'un des instigateurs de cette rupture. Lors du récent Desktop Summit (NdT : événement permettant aux développeurs et communautés des bureaux GNOME et KDE de se rencontrer périodiquement pour travailler) à Berlin, Andreas Proschofsky a eu la chance de parler à McCann de l'avenir de GNOME3, de la manière dont le projet reçoit les critiques et de l'importance du développement d'applications optimisées pour GNOME3.
GNOME Concepteur et développeur chez Red Hat - William Jon McCann
DocumentsderStandard.at: Après avoir été en développement depuis de nombreuses années, GNOME 3.0 a enfin été publié il y a quelques mois. Êtes-vous heureux du rendu final?William Jon McCann : Ouais, je suis certainement fier de ce que nous avons accompli. Quand on regarde en arrière il y a toujours des trucs qu'on aurait aimés faire avec plus de temps pour les finitions ou le polissageMais avec GNOME 3.2 qui sort six mois après GNOME 3.0, nous avons l'occasion de faire évoluer le travail comme nous voulions le faire.
derStandard.at: Quels sont les principaux points que vous avez dû sauter pour 3.0
?McCann: Je pense que la plupart des bases sont là, les interactions de base sont en place. Sauf pour le Tactile. L'utilisation de Gnome3 via un écran tactile est une fonctionnalité qui arrivera très bientôt. Mais tant du côté du design que de la mise en œuvre, nous n'avions pas le temps d'y arriver, on en avait vraiment déjà trop à faire.
Mais
en ce qui concerne le futur de GNOME3 il y a encore beaucoup de choses à faire. Ce que nous avons essayé de faire avec 3.0 c'est juste d'aborder le cœur de

Gnome musique
l'interface et nous avons travaillé l'interaction avec l'utilisateur de base. L'initiative majeure qui va suivre est le
développement d'applications pour GNOME3.
Et une fois que nous aurons
mieux compris à quoi ressemblent les applications de GNOME3, nous aurons alors de meilleures possibilités de développement autour de cette plateforme. Et cela inclut l'écriture de nouvelles directives et de meilleures interfaces utilisateurs ainsi que des API simplifiés.
derStandard.at: Pensez-vous que GNOME a déjà une longue expérience avec les développeurs ?McCann: Oh - nous avons beaucoup de travail à faire. Nous n'avons pas une bonne expérience du tout. Surtout si on la compare à certaines plateformes plus faciles à développer, les plates-formes mobiles ou même par rapport au Web.Quant aux applications que nous voulons écrire pour GNOME, nous en avons une liste d'environ 6 à 10 que nous considérons comme des  différentes « classes d'applications» qui sont des utilitaires de base
PhotosLes fonctions que chaque ordinateur doit être capable de faire. Comme la gestion des photos, des musiques et des documents. Donc, nous voulons écrire certains de ces services de base, qui font plus partie de l'OS que d'une application tierce.Dans le processus de développement, il est essentiel de découvrir ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas et il est sans doute nécessaire de prendre des décisions au niveau de la conception des boites à outils qui permettent de fabriquer des applications. Donc, j'espère que dans le développement de - disons - l'application de documents - sur laquelle nous sommes en train de travailler - nous en apprendrons plus sur la façon dont GTK+4 doit être conçuQuelles services, nous aurons besoin afin de mettre au point des applications pour GNOME3.
derStandard.at: Allez-vous écrire entièrement de nouvelles applications ou bien réutiliser l'existant?McCann: Que ce soit ou non un nouveau code - c'est aux développeurs de décider. Nous ne souhaitons vraiment pas imposer quoi que ce soitafin de laisser les gens choisir. Mais au moins, pour une poignée de choses, nous voulons concevoir quelque chose qui soit spécifique à GNOME3. Qui soit cohérent avec le reste de l'interface, qui utilise toutes les bonnes interactions à droite, qui utilise correctement le menu approprié et est conçu pour un portable ou une tablette. Donc, nous voulons mener par l'exemple.
derStandard.at: Voulez-vous définir une relation avec les développeurs qui détermine quels langages et quels outils utitliser ?
McCann:
Je pense qu'il faut voir ce qui apparaîtra lors de ce processus. Nous allons voir ce qui fonctionne, ce qui peut nous permettre d'arriver à cet objectif d'interface utilisateur en utilisant la manière la plus efficace. Nous voulons peu de redondance, nous voulons peu de chevauchement, nous voulons de la cohérence - en réalité les mêmes objectifs que nous avions pour l'expérience utilisateur de Gnome2. Il y a un parallèle fort ici.
Les gens pensent que les choses sont radicalement différentes, mais elles ne
le sont pas réellement. Ce qu'il faut en réalité c'est un processus de conception autour de l'expérience du développeur. Car les développeurs sont des utilisateurs du système tout autant que les utilisateurs finaux. En fait, dans certains cas, ils sont encore plus importants, car s'ils n'existaient pas, comment voudriez-vous concevoir le système? C'est pour ça que les autres plateformes se concentrent vraiment sur le fait de rendre aussi facile que possible d'écrire des applications. Et c'est quelque chose que nous venons de commencer à faire. Il est possible d'écrire des applications, mais ce n'est certainement pas si facile.
derStandard.at: Outre des trucs comme des documents et de la musique, pouvez-vous mentionner  d'autres exemples de ces «applications de base»?
McCann:
  Celles qui sont les plus essentielles sont celles qui interagissent avec le bureau central lui-même - comme l
e shell. Des fonctions comme  «Rechercher une information et s'en souvenir", pour lesquelles on utilisait le gestionnaire de fichiers "autrefois".  Nous les décomposons en quelques éléments:  "Musique", "Photos", "Documents", "Vidéos" - même si les vidéos ne doivent pas nécessairement être dans une application séparée, car elles sont soit de la musique, soit de la photo. Et puis  pour les "Téléchargements" - nous avons quelques idées très sommaires sur la façon de les gérer de façon centralisée et en amont.Mais en dehors de ça, il y a deux ou trois autres choses qui touchent à gnome-shell lui même. Le plus évident c'est le calendrier qui est déjà dans un endroit bien en vue dans GNOME3. Il serait vraiment agréable d'avoir un calendrier simple intégré au système. Un client de messagerie électronique simple serait aussi très agréable,  un client avec toutes les interactions comme on  les attend d'un environnement comme GNOME3. Nous avons Evolution,  dont nous pouvons certainement apprendre beaucoup ou réutiliser certaines parties  - mais si quelqu'un veut repartir de zéro , c'est très bien aussi.
Ce sont les idées de base. Mais nous
en avons aussi quelques autres, comme l'accès à distance que nous aimerions améliorer. C'est dans GNOME depuis quelques temps, mais toujours ressenti comme un peu rajouté.
derStandard.at: Dans le  passé, Zeitgeist et une vue en journal ont été proposés à quelques reprises comme une solution pour la fonction «Rechercher une information et  s'en souvenir". Alors comment est-ce que ça se met en place avec les documents de GNOME et toutes les autres applications à venir?
McCann:
  Eh bien - GNOME documents a une vue qui est une sorte de chronologie.  Les vues en journal ne ressemble
nt généralement à rien parce qu'elles sont remplies automatiquement. Dans le monde réel, on prend des notes explicites de ce qui est important. Alors, les journaux sont difficiles à faire automatiquement, car ils deviennent vite confus, car tout ce qu'on fait n'est pas important. C'est un problème lié à la fonction de recherche de documents qui est difficile a traiter.
Alors ce que nous avons essayé de faire - dans notre vision de la gestion des documents de GNOME - c'est de montrer seulement les choses qui sont «lié au travail» - ou des documents genre PDF, et on obtient une liste chronologique des choses qu'on a ajoutées. Ça n'est en aucun cas une idée nouvelle, Google Docs l'utilise dans leur interface principale. Et ça semble fonctionner assez bien pour les gens. Les  choses sur le dessus de la pile sont plus pertinentes et les choses qui vieillissent, ou sont par nature moins fréquemment utilisées disparaissent de votre vue.
Que les gens utilisent ou non Zeitgeist pour faire ça- J'essaie de  rester en dehors des questions de mise en œuvre. Zeitgeist est certainement une approche. La personne qui travaille sur les documents en ce moment est Cosimo Cecchi. Et ce que je pense de tout ça, c'est que la personne qui travaille dessus devrait être décisionnaire. Honnêtement, je ne sais pas si il y a encore d'autres journaux en développement ou non. Mais il y a certainement de la place pour des gens qui travaillent ensemble.
derStandard.at: Ayant poussé la gestion de périphérique dans gnome-shell et travaillant maintenant sur ​​toutes ces applications nouvelles: Quel rôle le gestionnaire de fichiers devra avoir dans le futur?
McCann:
Espérons un rôle beaucoup moins important. Les gestionnaires de fichiers ne vont
en aucun cas disparaître. Mais il aura une jolie interface avancée, et c'est important si on veut vraiment bidouiller son système de fichiers ou faire de l'organisation complexe de fichiersEt puis ça ne fonctionne vraiment qu'avec des trucs qui sont locaux - ou du moins qui font semblant d'être locaux, comme nous le faisons avec les systèmes de fichiers réseau aujourd'hui.Mais je pense que ce qui devient aujourd'hui de plus en plus commun, c' est que les gens utilisent des services dans les nuages ​​pour ce types de données. Les photos ont été l'un des premiers services à être disponible dans les nuages - vous le voyez, Flickr et Picasa sont des succès énormes. Et les documents sont également de plus en plus hébergés dans le nuage. La musique l'a été plus tard, elle a résisté à cause de toutes sortes de complications juridiques, mais les gens les ont contournées en utilisant YouTube pour écouter de la musique.Les quantités de musique qu'on peut stocker sur des appareils, finalement, sont limitées et il est de plus en plus courant d'avoir tout un tas de ces appareils personnels. Et dès qu'on parle synchronisation appareils-données, c'est une vraie plaie.C'est une des raisons pour lesquelles Apple et d'autres ont décidé de s'éloigner du gestionnaire de fichiers pour quelque chose comme un gestionnaire de données, ce qu'est devenu iTunes une fois qu'il a cessé d'être simplement un lecteur de musique. Il s'agit d'obtenir les données de votre hub numérique, d'un ordinateur portable ou de bureau afin de les transférer vers votre appareil. C'est la plaque tournante de la synchronisation.Dans le même temps nous avons aussi besoin de satisfaire les gens qui ne veulent que travailler localement, par respect pour la vie privée ou pour d'autres raisons.derStandard.at:  Donc l'objectif - en général -, c'est qu'il n'y ait plus d'importance, si certaines formes de données sont stockées localement ou dans une sorte de service dans le nuage?
McCann:
  C'est le genre d'objectif ambitieux - et nous espérons y arriver. Mais ce que je cherche vraiment à obtenir c'est: Vous avez un nouveau périphérique, vous vous y connectez pour la première fois, vous créez votre compte et vous lui donnez des informations à propos de vous
-mêmede votre identité en ligne. Vous lancez ce service et "par magie" vos données apparaissent dans votre lecteur de musique, dans votre application photo, votre gestionnaire de courrier électronique ou dans vos différentes applications. Les choses devraient juste être là, sans aucun effort supplémentaire. Mais ce sera seulement le cas avec le nouveau système, nous avons également besoin de respecter l'héritage - ou l'usage courant, où l'on a beaucoup de choses au niveau local . Donc théoriquement je visualise  toutes ces choses comme différents fournisseurs de données. Et j'obtiens une vue agrégée de tous mes documents.
derStandard.at: Dans ce modèle, ne serait-il alors pas judicieux de revisiter les idées autour de quelque chose comme le "Bureau GNOME en ligne" (Idée lancée précédemment et finalement abandonnée), c'est-à-dire avoir une identité combinée stockée quelque part, ainsi on a une connexion centrale et toutes ses données sont remplies automatiquement?
McCann:
Je pense que beaucoup d'idées de cette initiative ont du sens. Je pense que c'était très difficile à l'époque et peut-être trop tôt dans le monde pour y arriver. Alors oui ce serait un avenir possible, de
se connecter à un compte central GNOME et d'obtenir tous les services immédiatement.La façon dont ça marche aujourd'hui c'est que non seulement on se connecte à son ordinateur,  mais aussi a tous les services dans toutes les applications.C'est comme des niveaux superposés et ceux-ci ont différents points communs. La première étape est de prendre du recul et de fournir un service où l'on puisse s'identifier au niveau du bureau,de sorte que les applications l'obtiennent automatiquement. Mais ce que vous proposez aurait certainement du sens. Pour prendre encore un peu de recul et se connecter à tous les services à la fois.
derStandard.at: Mais qu'arrive-t-il dans un tel modèle quand il n'y a pas de connexion internet disponible?
McCann:  Je pense que nous pouvons faire beaucoup de choses. Il y a deux exemples dont nous pouvons apprendre:
Le premier c'est - quelque chose que vous risquez de rencontrer ici à la conférence - nous n'avons pas toujours une bonne connectivité. C'est pourquoi beaucoup de personnes font à l'avance une copie locale de Google Maps sur leur téléphone, car ils ne peuvent pas avoir confiance dans la ligne internet, quand ils sont à la recherche d'un métro - ou d'un dîner. C'est donc là un modèle que nous pouvons suivre. Une mise en cache proactive et explicite. Un autre exemple nous est donné par Google Music: La façon dont ça fonctionne est celle-ci, si vous jouez une chanson, elle sera disponible hors ligne par la suite - au moins pour quelque temps. Et je pense que dans la combinaison de ces deux exemples nous pouvons obtenir un résultat assez proche de ce que doit fournir ce genre de services, même lorsque vous êtes déconnecté.
derStandard.at: Lorsque nous parlons du nuage, nous parlons surtout de services non-libres. Est-ce alors faire un "bureau libre" moins "libre"?
McCann:
Je crois qu'il existe une forte motivation pour la plupart d'entre nous - moi y compris - pour s'assurer que nos vies numériques soient libres et gratuites. Les choses sont telles moins libres parce que nous utilisons des services non-libres? Je pense qu'elles le sont probablement. Mais cela doit-il nous arrêter? Non, ce que je veux veux dire, c'est que presque chacun de nous utilise Google pour quelque chose. Et même si Google est pas mal pour l'instant, tu ne connais pas l'avenir. c'est une société et ils doivent faire ce qui est bon pour leurs actionnaires, ce qui ne veut pas nécessairement dire que c'est bon pour nous ou pour nos droits liés à nos libertés numériques. Que ce soit bon ou non, l'intégration de Gnome avec les services Web ne change rien au fait que nous sommes déjà nombreux à les utiliser. Ainsi, à court terme, nous essayons d'intégrer des services que les gens utilisent déjà. Mais j'espère que ce qui va arriver - et c'est là que ça devient un peu de la spécul
ation - c'est que ça va attirer l'attention sur le fait, que beaucoup de ces services ne sont pas libres, ainsi les gens passeront un certain temps pour développer de meilleures solutions.
derStandard.at: Récemment il ya eu quelques critiques très sonore à propos de GNOME 3.0, comment les gérez-vous en tant que projet?
McCann:
J
e pense que cela nous touche en tant que communauté plus sur un plan personnel que ça ne le fait sur un plan professionnel.Il n'est jamais agréable d'entendre les gens pour qui vous avez tellement de respect émettre une opinion très mesquine. Mais c'est leur droit, chacun a une voix sur l'Internet et ils peuvent exprimer ce qu'ils pensent. Nous écoutons tout et nous ne voulons rien ignorer. Cependant,nous avons effectivement à rester concentrés sur ce que nous essayons d'accomplir.
Malheureusement sur ​​Internet - et dans le logiciel libre en particulier - nous avons beaucoup de personnes dont les voix ne sont pas
très audibles, et nous devons prendre leurs besoins en comptes ainsi que celles des personnes qui sont plus bruyantes. C'est très difficile à faire et il est très délicat de savoir ce que les gens moins bavards recherchent. Donc, nous devons rester sensibles aux deux parties.
Aussi comment réagissons-nous à ces dernières critiques ? C'est très difficile, de ne pas provoquer tous ceux qui sont nécessairement d'accord avec l'un ou l'autre.
Dans un certain sens
, les gens qui sont contre quelque chose pensent qu'ils ont quelque chose en commun, mais quand vous regardez plus en détail - ce que bien sûr nous essayons de faire - il y a très peu d'accords sur beaucoup d'autres choses, mis à part ce qu'ils n'ont pas envie de voir mis en pratique.
derStandard.at: Mais vous vous dites qu'il y a eu des critiques valables exprimés ou tout cela viens juste "de personnes qui haîssent les changements» ?McCann: C'est certainement valable dans le sens ou à partir du moment où les personnes ne conçoivent pas l'environnement, il ne peut en effet être ce qu'ils aiment.. Et c'est bien, il y a beaucoup de différents produits qui peuvent s'adapter à leurs façons spécifiques de travailler. Mais si vous regardez les choses d'un point de vue historique, ce n'est pas la première fois que nous rencontrons de telles réactions.
Beaucoup des personnes qui maintenant affirme
nt que GNOME2 était vraiment une grande chose pour eux étaient certains des opposants les plus virulents des choses que nous avons réalisées avec GNOME2. Les gens oublient que nous sommes le même groupe de personnes qui ont construit GNOME2 et ce n'est pas que nous ne savons pas ce qui était bon à ce sujet. Mais nous savons aussi ce qui n'a pas fonctionné.Certains des commentaires sont certainement valables et nous allons les utiliser pour prendre des décisions éclairées dans le cycle de GNOME3 - rappelez-vous que nous avons seulement eu un communiqué de ce jour. Au cours des entretiens, nous avons fait remarquer qu'il nous a fallu huit, à neuf ans pour arriver là où en est GNOME2 et nous avons eu seulement quatre mois depuis GNOME3. Donc, il y a beaucoup de choses que nous avons encore à faire.Il y a beaucoup de manque dans notre histoire.
Les gens vont regarder certaines choses et dire «Pourquoi est-ce là
? Ça a réellement un sens?". Et dans de nombreux cas, c'est parce que nous n'avons pas encore vraiment fini. Et ce qui va commencer à se passer, c'est que notre expérience va devenir un peu plus complète une fois passé ce cycle. Je ne dis pas que tous ces gens seront complètement convaincus et c'est malheureux, mais je pense qu'avec le temps les gens vont réaliser que ce que nous avons fait a été pour le moins réfléchi.
derStandard.at: Est-il même possible d'avoir un bureau qui convient à tout le monde - aux utilisateurs novices et aux "hackers du noyau"?McCann: Je pense effectivement que nous pouvons obtenir un résultat assez proche. Je ne pense pas que nous sommes tous si différents à la fin. Il y a beaucoup de choses que nous avons en commun. Qui n'aime pas écouter de la musique? Qui n'a pas besoin de vérifier ses emails, qui n'a pas besoin de discuter avec des amis? Où rechercher une carte pour savoir comment se rendre à un dîner, ou même utiliser le web ou la plupart des utilisations quotidiennes d'aujourd'hui. Il y a tellement de choses en communs. Nous finissons par nous concentrer sur les différences plus que nous devrions.Vous voyez beaucoup de pirates utilisant Mac OS X ces jours-ci et je pense que c'est un peu malheureux et il y a probablement de nombreuses raisons pour lesquelles font ça, mais ce n'est pas immédiatement ce que vous pourriez penser d'un super pirate axée système d'exploitation.
derStandard.at:  Dans son discours au "Desktop Summit " 'Richards Nick a dit qu'il pense que les extensions sont la voie à suivre afin de répondre à des cas d'utilisations différentes et pour expérimenter de nouvelles fonctions. Êtes-vous d'accord?
McCann: 
Les extensions sont définitivement là afin de donner aux personnes
ayant des besoins non standards la possibilité de participer à ce système. Richards Nick en a donné un bonne exemple dans son discours. Chez Intel, ils ont un très étrange système de numérotation des semaines. Et  c'est quelque chose qui n'aurait pas pu aller dans GNOME3,parce que c'est utile pour une seule entreprise dans le monde, alors ce n'est pas quelque chose que vous vous attendez à être un élément standard d'un système d'exploitation.
Cependant, il est totalement indispensable pour ceux qui ont un calendrier qui utilise ce système de semaine. Et je pense que c'est quelque chose qui peut être facilement résolu en utilisant une extension.
D'autre part il y a quelques cas où les extensions ne sont probablement pas dans notre meilleur intérêt. Et cela ne signifie pas que nous allons les bloquer, c'est juste quelque chose dont nous devons être conscients. Les extensions qui tournent sous GNOME3 afin de reproduire GNOME2 sont quelque peu contre-productives pour un certain nombre de raisons. En partie parce que c'est très déroutant pour les développeurs tiers.
Si  vous voulez écrire une application pour GNOME3 - et c'est quelque chose  que nous voulons vraiment encourager - il est important de savoir que les choses sont dans certains lieux ainsi vous savez à quoi vous attendre.
Nous ne sommes pas seulement des utilisateurs d'ordinateurs de bureau libre,nous sommes aussi ses défenseurs et nous faisons partie de l'équipe de conception. Partout où nous allons, les gens regardent par dessus nos épaules et disent: «Hé c'est cool, c'est quoi?" puis nous avons la chance de parler de GNOME, une chance de parler de logiciel libre. Et je pense qu'il y a beaucoup d'intérêts à avoir cette expérience qui vous montre un monde vraiment cohérent. Avec GNOME2, nous n'avons pas fait ça particulièrement bien parce que le bureau de chacun était différent.
Alors, quand les gens
le regardent, ils ne voient pas quelque chose d'unifiés, ils vous voient comme faisant partie d'un mouvement plus large. Et je pense que c'est une chose utile à examiner lors de la personnalisation de votre bureau. Mais ce n'est pas quelque chose que nous pourrons toujours empêcher.Et  y a un autre point utile à examiner: Il est important de commencer à se concentrer sur la mise aux point d'applications pour le système avant de passez beaucoup de temps à bricoler le système d'exploitation. Nous sommes tous des geeks, on aime à jouer et explorer et c'est ainsi que nous apprenons - et c'est important. Mais il y a un risque de passer trop de temps à peaufiner le système d'exploitation pour nos besoins individuels et de moins se concentrer sur  les choses qui feront que notre écosystème global sera plus complet.
Donc je pense qu'il faut une meilleure utilisation du temps afin de se concentrer sur l'écriture d'applications excellentes, afin d'avoir un meilleur rendu des logiciels dans l'intention de faire venir des développeurs tiers dans notre écosystème en offrant une expérience de développeur incroyable, en ayant la plate-forme la plus simple du monde de manière à écrire des applications plutôt que de passer beaucoup de temps à écrire leurs propres extensions.
derStandard.at: En lisant en biais les commentaires après la sortie de GNOME3 il semble pour le moins que certaines des critiques proviennent du fait que les fonctionnalités de GNOME3 ne sont pas facilement détectables par ceux qui utilisent le nouveau modèle de l'expérience utilisateur, qui n'est  pas seulement un copier coller des vieux concepts de Windows 95. Donc, il y a un besoin fort d'avoir des «instructions visuelles" pour des trucs comme appuyer sur la touche Alt pour arriver à atteindre le menu d'arrêt?
McCann:
Jakub Steiner a abordé cette question dans son discours au "Desktop S
ummit " et il m'a dit quelque chose d'assez intéressant et je suis d'accord avec ça: Même si ce serait mieux dans un certain sens que tout soit découvrable facilement, vous ne le pouvez tout simplement pas. Non seulement à cause de la laideur visuelle que ça introduirait, mais aussi parce que quand vous faites un bon design en vue de vous concentrer sur l'objectif principal de la fonctionVous voulez mettre en place une utilisation par défaut la plus simple possible.
Si vous mettez en place des possibilités de contournement en les mettant dans une position visuelle évidente, vous allez réellement nuire à vos objectifs premiers. Ça aplatit le terrain alors que ce que vous voulez vraiment c'est une sorte de courbe en cloche, où les choses qui sont les plus importante
s, les plus souvent utilisées sont les plus faciles à mettre en œuvre. Et les choses qui sont moins fréquemment utilisées, moins encouragées, peuvent être un peu moins évidentes, un peu moins détectablesAvons nous fait les bons choix dans la manière dont nous présentons ses fonctionnalités, c'est certainement discutable. Mais spécialement pour l'arrêt, nous pensons que suspendre doit être encouragée. C'est la meilleure façon d'utiliser votre système. Vous n'avez pas à vous soucier de redémarrer vos applications, vous n'avez pas à vous soucier de revenir à la page où vous étiez. Ça a été un sujet sensible pour beaucoup de raisons, en partie parce que les gens n'ont pas confiance en la mise en veille sous Linux depuis longtemps et nous l'avons tous évités comme quelque chose qui ne fonctionne pas lorsque vous voulez l'utiliser. Mais ça fonctionne maintenant pour la plupart et si ça ne l'est pas nous devrions nous mettre tous à hurler. En fait, nous devrions être beaucoup plus exigeants lors de nos tests et vérifier l'intégration afin de s'assurer que ça fonctionne toujours.
derStandard.at: Étant donné que GNOME utilise maintenant une conception piloté par des processus: Comment fonctionne l'interaction entre les concepteurs et les développeurs ?McCann: Nous avons essayé de renforcer le rôle de conception dans le processus de développement de GNOME3 . Nous avions beaucoup de conception dans GNOME2 - et c'est ce qui - outre les principes du logiciel libre - a amené beaucoup d'entre nous dans GNOME, mettre l'accent sur la conception, rendre la vie des gens meilleure. Nous avons un peu perdu cela de vue pendant le cycle de GNOME2 et nous avons essayé de revenir à cette base lorsque nous avons commencé GNOME3.Nous n'avons pas vraiment un processus très formellement défini. Mais nous avons essayé différentes choses, des façons différentes de travailler.
Dans le modèle de conception spécifique
à GNOME Shell, nous avons fait beaucoup de choses différentes. Certains morceaux que nous avons essayé de définir de manière très stricte, très soigneusement dans le tout début, puis nous avons donné la main aux développeurs. En d'autres moments, nous faisons l'exact opposé, en faisant juste un croquis ou une image et ensuite en travaillant itérativement à travers le processus, main dans la main avec le développeurs.
Et ça dépend aussi du développeur: Je connais un développeur qui n'aime vraiment pas ses dessins sommaires, il veut avoir quelque chose de très bien défini et pensé de sorte qu'il suffit de s'en aller et de le faire. D'autres veulent vraiment travailler avec vous, ils veulent s'asseoir dans un canal avec vous, ou même en personne, et vous commencez à travailler avec elle.
Donc, c'est très fluide - et ça doit l'être. Nous sommes tous dans différents fuseaux horaires, nous parlons sur IRC, de sorte qu'un processus très formel est impossible de toute façon.
derStandard.at: Une des critiques que j'ai entendue soulevées à quelques reprises ici à la conférence, c'est que l'équipe de conception définirait désormais elle-même ce qui se passe dans GNOME. Donc:  devez-vous être plus ouvert ou est-ce juste une supposition erronée?McCann: Premièrement: Il est très difficile d'appeler ça une équipe parce que nous n'avons  aucune forme d'adhésion - si «l'équipe de conception de GNOME» est celle qui accélère pour faire de la conception. Elle n'est pas un corps élu, elle n'est certainement pas un groupe sélectionné. Se sont seulement des gens qui font ce travail. Tout comme le reste de GNOME. Donc n'importe qui peut y adhérer. Nous recevons certainement des critiques et des suggestions sur ce que les gens font, mais quelqu'un comme Allan Day est un bon exemple. Il est quelqu'un qui a juste intensifié son travail et s'est impliqués, il est maintenant membre de  "l'équipe de conception de GNOME". C'est juste un gars comme les autres qui a sauté le pas, fait un excellent travail et qui est maintenant respecté par de nombreuses personnes dans la communauté.Une autre chose qu'il est intéressant de noter, c'est que cette équipe n'a pas une sorte de pouvoir décisionnel. L'autorité de GNOME repose presque exclusivement sur les responsables des modules. Un concepteur n'est rien tant que quelqu'un ne met pas en œuvre sa conception. Ainsi, la prise de décision ultime passe par le code - le code c'est la loi. Si un concepteur fait quelque chose dont un mainteneur n'est pas convaincu  - ça n'arrive pas. Et si quelques uns n'aiment pas les dessins que nous faisons, ils peuvent faire les leurs - ou convaincre quelqu'un d'autre qui le fait pour eux. Et cela arrive, cela arrive beaucoup de fois.
Je pense qu'avec le temps les gens se rendront compte que nous avons un talent assez étonnant dans ce groupe - et je m'inclus moi-même y compris dans cela. Je veux dire que les gens avec qui je travaille sont fantastiques, certains d'entre eux sont les meilleurs au monde. Je sais pertinemment que certaines des personnes d'Apple et de WebOS regarde jusqu'à Jakub par exemple, en mettant en lien son travail sur leurs blogs.
derStandard.at: Vous avez parlé de l'idée d'un OS GNOME dans le passé. Alors, quel est le raisonnement derrière cette idée?McCann: Je ne peux pas prétendre que c'est une idée originale, l'idée de GNOME OS est là depuis au moins 2003 ou plus. A un moment il y avait même une liste de diffusion. Et je pense que les raisons d'aujourd'hui sont très semblables à celle de l'époque. Et il y a peu de raisons: C'est tout simplement trop difficile de travailler sur GNOME et c'est trop dur de le fabriquer. Il y a trop de visions différentes. Toutes les distributions sont légèrement différentes et sont en concurrence alors qu'elles devraient collaborer. Lorsque l'on veut vraiment arriver à ce lieu de «l'excellence», de quelque chose qui est mieux conçu, mieux testés, avec plus de contributeurs, nous avons besoin de rendre cette objectif plus facile à atteindre. Plus facile pour les développeurs de travailler durant le processus de développement, plus facile pour les tiers de  le mettre en place sur leurs équipements  et meilleur pour les utilisateurs finaux.Pour rendre les choses meilleures pour les utilisateurs finaux, nous devons améliorer considérablement la qualité du système. Et cela signifie que nous devons faire beaucoup mieux avec nos tests. Par exemple, la suspension et la reprise, ces questions dont nous avons abordé plus tôt. La façon dont les choses se font maintenant, c'est "OK" - pour nous, mais nous sommes un peu désolé de l'échec de l'utilisateur moyen. Lorsque les utilisateurs moyens jettent  leurs ordinateurs portables, en les mettant  dans leur sac et qu'il ne se suspend pas, ils sont déçus et ils n'utiliseront plus jamais votre produit à nouveau. La manière de répondre à cette question, c'est que pour chaque changement que vous faites lors de la conception, vous testez le système. Et cela nécessite de bien connaître le système - et nous appelons cela un système d'exploitation, non ? Ainsi, le système d'exploitation est fondamental dans mon idée d'expérience du système, il est composé de l'expérience utilisateur et de l'expérience des développeurs. Ce sont deux choses que nous devons réussir.
derStandard.at: Vous avez Linux comme cible, ou est-ce "juste" un détail de mise en œuvre?McCann: Je pense que c'est notre cible. Si vous regardez les autres systèmes d'exploitation dans notre écosystème, MeeGo, Android, WebOS, Linux est une évidence. Disons que vous commencez avec l'idée d'une certaine expérience utilisateur et vous vous dites "Que dois-je faire pour cela?", Vous descendez vers le plus bas niveau, pour construire le système dont vous avez besoin afin d'atteindre les objectifs que vous avez énoncés. Et quand vous allez au fond et que vous avez besoin de parler à votre matériel, vous avez besoin d'un noyau, vous voulez des drivers. Et si aujourd'hui c'est encore une question - je ne sais pas. C'est Linux, c'est gratuit, c'est génial, c'est rapide.
derStandard.at: Comment GNOME OS se positionnerait face aux distributions traditionnelles comme Fedora ?McCann: Pour être honnête: je ne sais pas, ce sont juste des idées que j'ai, donc je ne sais même pas si nous les ferons. Je pense juste que cela pourrait améliorer notre expériences donc je tente de la «vendre» à tout le monde. C'est juste une vision que je partage avec d'autres personnes et qui  a été présenté pour la première fois il y a deux ans. J'espère que tout le monde voudra y participer et je suggère que ce serait une bonne occasion de mettre beaucoup de nos différences derrière nous. Et les différences sont si petites, comme le format des paquets et d'autres choses similaires. Ça n"a tout simplement aucun sens si nous essayons de réaliser la même chose.Maintenant c'est un peu naïf, c'est vrai. Comme nous l'avons vu depuis deux ans les choses ont un peu changé de sorte que nous avons eu moins de collaboration que par le passé. Les gens vont aller faire des choses différentes - et ils ont certainement ce droit. Mais je pense toujours que si on attribue de la valeur à GNOME, et nous croyons en GNOME, nous devons faire ce qu'il faut pour notre propre vision. Et je pense que nous pouvons faire presque n'importe quoi avec le talent que nous avons au sein de notre communauté. Nous voulons changer le monde, en étant le meilleur système d'exploitation sur la planète - je pense qu'il ne devrait pas y avoir grand chose qui nous arrête.
derStandard.at: Si vous jetez un oeil autour de la conférence, vous verrez beaucoup moins les développeurs de Canonical que ces dernières années. Même si Ubuntu utilise encore en grandes parties GNOME - est-ce le signe d'une scission dans la communauté?McCann: Je pense que cette division est déjà arrivée il ya quelque temps. Comme je l'ai dit, les deux choses qui comptent sont l'expérience des utilisateurs finaux et l'expérience des développeurs. Et si ceux-ci sont différentes, vous ne pouvez pas partager plus longtemps les mêmes objectifs. Vous n'êtes plus en train de construire le même produit. Nous avons en fait partager beaucoup des mêmes éléments avec WebOS. Et nous aimons WebOS, mais faisons-nous la même chose? Non, nous faisons des choses différentes. Ils ont des noms différents, différentes identités, des comportements différents et différentes API.Donc je pense qu'il est important de se rappeler que vous pouvez être deux personnes différentes et être toujours amis. Il n'y a rien qui dit que vous avez tous à être les mêmes. Cependant, c'est malheureux dans le même temps, car nous avons moins d'aide que nous en avons eu avant et certaines personnes se sont retrouvées prises au milieu.
derStandard.at: Dans l'une des sessions sur la relation de GNOME et KDE, il a été critiqué qu'il y ait à des duplications inutiles autour du bureau libre. Unity est juste un autre cas de cette situation?McCann: Je pense que les gens s'inquiètent parfois trop des chevauchements. Beaucoup d'entre nous ont des compétences très techniques, et nous aimons regarder une partie du code source, le remanier et dire: "cette partie fait quelque chose de semblable à ceci, il partage un même modèle avec cela, je pense que nous pouvons transformer cela en un seul morceau». C'est une optimisation très naturelle, nous travaillons en tant qu'ingénieurs - et aussi en tant que designers et nous nous plaisons à simplifier. Mais je pense aussi qu'il y a des lectures qui peuvent être quelque peu contre-productives quand elles empêchent de regarder en avant, vers les objectifs à atteindre.Donc, ça ne me dérange pas que soit KDE soit GNOME fassent des choses en double, car nous avons beaucoup d'occasions de partager, le noyau Linux, D-Bus, le X-Server - il y a tellement de choses qui sont partagées. Je pense que beaucoup de ce travail est du domaine de la conférence Linux Plumbers (Conférence qui réunie les travaux autours de Linux), je pense que c'est l'endroit idéal pour parler de coopération à des niveaux inférieurs du système. Où non seulement GNOME et KDE peuvent se réunir, mais d'autres qui utilise la "pile Linux de base". Nous pourrions avoir des gens de MeeGo, d'Android, de WebOS.
derStandard.at: Ça fait du «Desktop sommet" quelques choses d'obsolètes ...McCann: Mon opinion personnelle là dessus: c'est que c'est un fait. Je ne sais pas combien de personnes partagent cette opinion. Mais je pense vraiment que dans une perspective de l'utilisateur final et du développeur tiers, GNOME et KDE sont des systèmes d'exploitation différents. Autant que MeeGo est un système d'exploitation différent. (Andreas Proschofsky, derStandard le, 15/08/11)
Article original par le journal Derstandard.at http://derstandard.at/1313024283546/Interview-GNOME-Designer-Jon-McCann-about-the-future-of-GNOME3
Traduction Française par jeromeenligne, Philippe Scoffoni, Geek de France, et quelques personnes de Framalang Reitzel, schaffner.
Avec l'aide technique du Framapad !!! (Travail de texte à plusieurs), de google Traduction, de linguee,


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