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La France et l'Amérique latine

Publié le 05 octobre 2011 par Egea

Petit texte sur les rapports de la France avec l'Amérique latine : des possibilités finalement négligées.

La France et l'Amérique latine
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L’Amérique Latine (comprise comme Amérique du sud, Amérique centrale et Antilles) est l’objet d'une impasse géopolitique. Pourtant, la France disposait d’atouts certains. Tout d’abord des territoires dans la zone (Guyane -voir billet-, Antilles françaises) lui donnent une certaine légitimité locale. Surtout, elle a bénéficié d’une influence politique réelle, puisque la « patrie des droits de l’homme » a servi de référence aux nouveaux Etats américains tout au long du XIX° siècle et encore au début du XX°.

Ce soft power s’est toutefois émoussé depuis la deuxième guerre mondiale . On peut y voir la déception envers des guerres de décolonisation qui contrebattent l’idée du pays de la liberté, une influence états-unienne plus marquée, la structuration idéologique de la bipolarité de la guerre froide, l’attention française donnée à d’autres zones.

Ainsi, depuis la visite du général de Gaulle dans le sous-continent en 1964, qui suscita un intérêt réel pour la notion d’indépendance, il faut constater une relation épisodique et peu suivie, avec des saillants (la reconnaissance du Nicaragua sandiniste par François Mitterrand vient conclure une longue fascination pour le Cuba révolutionnaire) et beaucoup de négligence.

C’est dû tout d’abord à l’affaiblissement de l’attrait français, mais aussi à l’épuisement de son universalisme, enfin par une méconnaissance pour une partie du monde latine mais non française : ainsi faut-il voir une certaine condescendance maladroite à l’occasion de négociations particulières avec la Colombie (libération d’Ingrid Bétancourt) ou le Mexique (affaire Florence Cassez).

Bien sûr, un partenariat a été signé avec le Brésil du président Lula, à cause de la fascination pour ce pays devenu enfin émergent. Il reste qu’il est peu suivi d’effets (la question de l’ achat d’avions Rafale n’est toujours pas tranchée), et que la France paye le peu de cas qu’elle a longtemps eu pour ces pays « qui avaient un avenir mais pas de passé » : maintenant qu’ils ont un présent, qu’ils commencent à peser sur la scène mondiale, qu’ils se rassemblent à la fois en prenant leurs distances avec les Etats-Unis et en créant une UNASUR sur le modèle de l’UE, la France apparaît en retard.

Vient de paraître : Denis Rolland, « La crise du modèle français, Marianne et l'Amérique latine » L’Harmattan, septembre 2011, 466 pages

O. Kempf


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