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The Tudors - Episode 2

Publié le 04 avril 2007 par Heather

Premier bon point avant même de commencer véritablement la review : cette série est dotée d'un générique -chose si rare de nos jours. Il est assez long, très beau esthétiquement (à l'image de la série) et reprenant le thème musical principal de la série. Superbe !

Ce second épisode continue sur la lancée du premier. C'est toujours aussi théâtral et magnifique esthétiquement parlant. Les esprits chagrins diront -sans doute avec raison- que c'est "too shiny", "too sexy"... Mais c'est un savoureux soap historique, auquelle on pardonne bien des arrangements avec la réalité, pour apprécier des scènes qui méritent vraiment le détour. La forme très soignée n'est pas un prétexte pour couvrir d'éventuelles faiblesses sur le fond. Le scénario continue d'être dense et plus que consistant, avec un rythme qui, s'il n'est pas endiablé, ne laisse pas le loisir au téléspectateur de s'ennuyer.

L'épisode se découpe schématiquement en deux parties. La première est consacrée au sommet organisé avec François Ier, pour la signature du fameux Traité dit de "paix universelle et perpétuelle". Douce chimère dont l'artificialité ne tarde pas à apparaitre au regard de tous, au vu du déroulement de la rencontre.

The Tudors - Episode 2

Si Henry semble vraiment s'essayer au départ à cette cohabitation pacifique, l'attitude de François n'aide guère à contenir son fougueux tempérament. Le roi de France est dépeint de son sourire supérieur jusqu'à la plume du chapeau comme le stéréotype incarné du... français. Du moins, dans l'image d'Epinal professée à l'étranger ^_^. François est d'une arrogance et d'une suffisance provocatrice qui minent peu à peu les efforts de diplomatie de Henry. Dans les premiers moments, j'ai particulièrement aimé la scène de rencontre entre les deux enfants promis l'un à l'autre par leurs royaux parents, Mary et le Dauphin.

The Tudors - Episode 2

Mais peu à peu, l'ambiance festive initiale dérape. Deux égos surdimensionnés placés côte à côte donnent logiquement des étincelles. De la parure qu'offre François à laquelle Henry répond par une plaisanterie, au complexe de supériorité écrasant de François qui ne cesse ses vantardises... Henry perd ses nerfs et le provoque lors d'un combat de lutte. Au-delà du nom du vainqueur de ce duel -François-, Henry montre surtout une absence de maîtrise de soi qui inquiète certains de ses sujets.

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Il faut toute la persuasion de Thomas More pour convaincre Henry de signer le Traité, après tous ces évènements. S'il le fait effectivement, la tête n'y est plus. Et telles des habitudes qui reviennent en réflexe, on devine que la rancune du roi d'Angleterre restera tenace. En effet, il ne faut guère de temps à Henry pour entrer en contact avec l'Empereur nouvellement élu, Charles Quint, avec lequel il partage au moins une base commune : son désir de guerre contre la France. Il charge Wosley de rédiger un nouveau Traité, cette fois d'alliance, en vu d'une guerre prochaine.

The Tudors - Episode 2

L'aspect politique est toujours aussi bien traité, comme se dégage un trio, où les conseils de Wosley -auquel la papauté échappe au vu des changements politiques de Henry- sont mis en balance avec ceux de More. Henry arbitre. Mais les différentes conversations entre Wosley et More sont particulièrement intéressantes. Ces scènes mettent très bien en relief le pragmatisme ambitieux du premier contre le 'réalisme' versant dans l'idéalisme du second. Un autre moment à souligner correspond au dialogue entre Henry et More sur la fonction de roi. Certes, c'est encore un exemple de "l'adapation romancée de la série", illustration de l'élasticité temporelle puisque Le Prince ne sera publié qu'après la mort de Machiavel en 1532 alors que nous sommes dans la série est autour de 1520. Mais les réflexions de Henry sonnent juste. Est-ce qu'un Prince doit préférer être aimé ou craint de ses sujets ? Machiavel répond que s'il peut être bien d'être apprécié, la seule chose qu'un roi doit préférer être craint, car c'est la seule chose qu'il peut contrôler. Voilà un manuel pratique que Henry semble vouloir appliquer à la lettre.

The Tudors - Episode 2

En effet, en parallèle, Buckingham continue de comploter dans l'ombre. L'image renvoyée par le sommet avec François le pousse à accélérer les choses. Wosley et Henry sont avertis et décident d'y mettre fin. Mais c'est dans le traitement final de l'affaire que les deux hommes divergent et où Henry fait encore une fois preuve de son indépendance d'esprit et d'une certaine violence, ou du moins d'un attrait pour les solutions extrêmes. Alors que Wosley souhaiterait éviter que Buckingham ne soit reconnu coupable de trahison, ce qui l'amènerait à être exécuté. Il préfèrerait l'exil, pour éviter de s'aliéner ses amis. Or, Henry oeuvre en silence derrière son dos pour s'assurer qu'il sera définitivement débarassé de ce gênant ennemi. Buckingham est reconnu coupable et décapité.

The Tudors - Episode 2

L'exécution est montée dans une scène, en parallèle avec l'accouchement de Lady Blount qui met au monde un garçon tant attendu (clin d'oeil à ceux qui suivent la série Blood Ties : ce bébé est le futur Henry Fitzroy, le vampire dans la série). La scène de la mort de Buckingham manque sans doute d'une certaine intensité qu'on pouvait légitimement attendre. Si les deux évènements assoient en quelque sorte Henry sur ses positions et le réconforte, le "vengeant" de ses déconvenues lors de la rencontre avec François, c'est un des rares passages où il y a plus d'effets que de fond véritable. La naissance d'un fils constitue une délivrance pour Henry qui est désormais rassuré : il peut avoir des fils. Suivant cette logique, la faute retombe sur la Reine. Dans l'euphorie, Henry va même jusqu'à reconnaître l'enfant. La Reine est admirable dans cette froideur stoïque qui caractérise les grands monarques. Quand elle lève son verre avec son époux, alors que ce dernier a organisé une fête pour reconnaître son fils nouveau né, elle est d'une dignité qui crève l'écran.

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Bilan : A nouveau un bon épisode, une esthétique soignée et des acteurs toujours convaincants (même si par exemple Anne Boleyn ressemble vraiment trop à une intrigante, l'image incarnée de "l'Infâme"). C'est un vrai plaisir à suivre et les arrangements factuels ne gâchent pas la saveur de ce soap-épico-historique.


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