Dexter - 1.11 - Truth Be Told

Il arrive un moment où l'on acquiert la certitude d'être vraiment devant une série à part. Où l'on ne devrait plus être surpris, épisode après épisode, de voir cette série frôler la perfection. Et pourtant. Encore une fois, je cherche les superlatifs appropriés pour qualifier cette heure intense de télévision de très haute qualité.

Nous reprenons quelques heures après la fin de l'épisode précédent. Angel est grièvement blessé, tandis que tous les policiers sont à cran, concernés par le devenir de leur collègue. Dexter se rend sur la scène de crime où s'étale le sang d'Angel. Mais il n'est pas dans son état normal. Toujours profondément troublé par les souvenirs que Rudy a ramené à la surface, il ne peut s'ôter de la tête la vision de sa mère couverte de sang, tuée sous ses yeux. Tellement perturbé, Dexter est même incapable de construire son habituelle apparence inoffensive et la comédie qu'il sait si bien joué. S'il attend d'avoir des nouvelles d'Angel à l'hôpital, ce n'est que pour partir dès qu'il est rassuré sur son pronostic vital. Mais Doakes est toujours aussi attentif et méfiant à l'égard de Dexter. Sans doute est-il le seul inspecteur de toute la police criminelle de Miami à avoir de vrais instincts pour ce genre de choses, quand on fait un bilan du nombre de serial killer qu'ils fréquentent tous. Doakes n'est soudain vraiment plus dupe de Dexter, comme celui-ci est trop soucieux pour penser à sauvegarder les apparences. Il le prend violemment à partie à l'hôpital.
La seule façon de résoudre ses cauchemars est pour Dexter d'enquêter sur cette tuerie qu'il revoit sans cesse. Il commence tout naturellement par se tourner vers les archives de la police. Or, la réceptionniste pâlit à sa simple demande et s'affirme incapable de lui donner le rapport concernant cette affaire. Dexter s'entête et lit ce qui a été écrit sur le massacre dans les journaux locaux. L'évènement s'est passé le 3 octobre 1973. Donc, le 10.3 (ordre inversé par rapport au français). Le fameux nombre 103 qui revient constamment sur les lieux où l'ITK est passé. Rudy est donc vraiment au courant de tout. Dexter retourne voir l'archiviste qui concède du bout des lèvres que Harry a détruit le rapport du massacre... pour le protéger. Le protéger de quoi, de qui ? Quel secret contenait-il ? L'instinct du téléspectateur se tourne immédiatement vers Rudy, un lien de parenté éventuel apparait comme la justification de ce lien invisible qui unit les deux serial killers. Un traumatisme commun qui les aurait conduit à une inhumanité commune ? Cependant, l'épisode est tellement riche que ces tentatives de déductions, si elles viennent automatiquement, n'arrêtent pas plus que ça le téléspectateur.

Rudy, de son côté, ne perd pas de temps. Il est conscient que la piste soulevée par Angel peut conduire la police jusqu'à lui. Mais surtout qu'en ayant râté son coup, en ayant sans doute agi dans la précipitation, cela nécessite qu'il continue d'oeuvre dans la précipitation. Il commence par retrouver la prostituée à la prothèse, mentionnée par Angel. Mais cette fois, sa main en plastique ne la sauvera pas. Il la découpe en la laissant sous forme de paquets cadeaux au pied d'un sapin de Noël. De quoi occuper les policiers pendant qu'il met son plan réel à exécution. Il insiste pour que Deb vienne passer avec lui un week-end en amoureux. "We need to talk" est sa justification, mais il laisse entendre que l'engagement pourrait devenir très sérieux.

Mais toutes les intrigues arrivent à court de temps... Rudy doit mettre la main sur Deb avant que la police ne comprenne qui il est. Or, si cette dernière ne fait que des progrès très lents, Angel est la clé pour tous. C'est d'abord Dexter qui discute avec lui. Il a découvert qu'en se défendant, Angel avait heurté le visage de son agresseur, le faisant saigner. Ils ont donc désormais l'ADN de l'ITK. Angel, enthousiaste, espère qu'il lui a cassé le nez ou, au moins, "fendu la lèvre". C'est la phrase clé pour Dexter qui est le premier à établir le lien entre Rudy et leur tueur. Rudy qui avait menti sur sa blessure à la lèvre un peu plus tôt dans la journée. Dexter fait tester le sang et peu à peu, accumule les présomptions contre ce petit ami soi disant idéal. Ses présomptions sont confirmées par le sang trouvé sur la chemise d'Angel. C'est alors que Dexter découvre que Deb est finalement allée au rendez-vous auquel elle ne devait pas se rendre, sur le bâteau loué par Rudy.
Ce dernier la demande en mariage. Puis, il tente de la droguer avec du champagne. Deb, à son tour, met bout à bout certains éléments. C'est cette fois-ci un papier de mentol qui est le déclencheur. Ces pastilles entêtantes dont parlait Tucci. Rudy n'essaye plus de faire semblant. Plus effrayant encore que Dexter car sans plus instable, moins canalysé, quand il cesse de jouer la comédie. C'est le sociopathe qui parle vraiment. De quoi glacer le téléspectateur. Deb perd connaissance tandis que Dexter prend conscience de ce qu'il se passe. L'épisode se termine dans une tension extrême. Dexter sauvera-t-il Deb ? La confrontation entre lui et Rudy devrait être grandiose.

Parallèlement à tout ça, la situation du côté de Rita et des enfants se dégradent peu à peu. Certes, Paul n'est plus là. Mais il est toujours vivant, il est simplement en prison. Que dire aux enfants qui se sont à nouveau attachés à leur père ? Tenter de les protéger vainement ? Dexter n'est pas d'humeur à feindre la diplomatie, ni à supporter les secrets parentaux. Il dit assez sèchement à Rita de leur dire la vérité. Ainsi, assez paradoxalement, il lui conseille de renouer les liens avec Paul, tout en cassant quelque chose dans leur relation. Soudain, Dexter parait plus sombre avec ses secrets... Est-ce bien sage de continuer à voir Paul ? Le piège de Dexter, improvisé dans la précipitation, n'est pas exempt de soupçon. Rita cependant, malgré ses hésitations, suit les conseils de Dexter et se rend à la prison avec ses enfants.

Bilan : Un épisode intense qui rend frustrante toute attente pour le suivant. Cette série est géniale. Les acteurs sont convaincants. Je suis définitivement accro à ce petit bijou de série.