Un épisode poussif en guise de conclusion à un arc qui se voulait ambitieux, mais qui à l'évidence est tombé à plat. Si tant est si bien que le téléspectateur ennuyé finit par trouver plus de piment dans les à côtés décidément plein de rebondissements du cast de la série. Katherine Heigl (Izzie) entre en conflit avec la production pour une histoire de salaire, tandis que Kate Walsh (Addison) prépare un spin-off à Grey's Anatomy qui sera lancé en mai prochain.
Cet épisode m'a un peu fait l'office d'un pétard mouillé. Le précédent, s'il n'était pas parfait, m'avait touché par une série de scènes émouvantes. Les scénaristes font ici revenir plusieurs anciennes connaissances morts à l'hôpital, dont Denny et Kyle Chandler, qui "hantent" en quelque sorte les lieux entre la vie et l'au-delà. Ils sont ici pour faire prendre conscience à Meredith des conséquences de ses actes. En effet, s'est-elle réellement battue pour rester à la surface lorsqu'elle est tombée à l'eau ? Profondément ébranlée par les propos de sa mère, n'a-t-elle pas reproduit la scène de la baignoire en grandeur nature ? Les dialogues sont assez enlevés entre ces différents personnages d'outre-tombe qui insistent pour que Meredith leur dise la vérité. Mais la série s'offre alors un étrange mélange des genres où j'ai eu bien du mal à adhérer. Certes, c'est une narration classique dans les dramas, ces scènes "entre la vie et la mort" (New York 911, etc...). Mais même ici, la série fait du Grey's Anatomy, mixant humour et gravité, seulement sans trouver le juste équilibre. Une telle sensation d'irréalité se dégage que s'en devient assez rebutant. La progression de la prise de conscience de Meredith est très convenue. C'est parfaitement huilé, mais sans doute trop minuté justement. On n'arrive pas à se sentir impliqué émotionnellement, ni intéressé d'ailleurs par ces errements scénaristiques. C'est décevant car l'arc était à l'évidence ambitieux. On se doutait bien que Meredith s'en sortirait, mais les scénaristes auraient pu essayer de dévier ne serait-ce qu'un instant du chemin si balisé qu'ils ont emprunté.
Alors que Meredith fait peu à peu face à sa réaction (ou plutôt son manque de réaction) dans l'eau glacée, sa mère fait un arrêt cardiaque. Les deux femmes se croisent symboliquement dans le couloir de "l'entre-deux-mondes", avec une petite parole de soutien pour rayer ses propos qui avaient tant blessé Meredith : "You are anything but ordinary." Et voilà, le cycle est bouclé. La mère de Meredith meurt comme le coeur de sa fille repart et qu'elle émerge du coma... Des ficelles vraiment trop grosses pour que j'arrive à y adhérer.
Le seul point positif dans cette storyline autour de Meredith vient en fait des réactions des autres, chirurgiens et internes, confrontés à sa possible mort. Le Chef et Bailey, tentant de la réanimer, alternent entre volontarisme et sentiments d'abandon, marqués d'un profond paternalisme. Derek erre sans but dans l'hôpital, de la salle d'attente où sa douleur trouve écho auprès de celles d'autres personnes dans une situation similaire à la sienne. Il revient invariablement vers le chambre d'Ellis Grey sur laquelle il reporte sa frustration, sentant que ces propos si durs envers sa fille lors de sa journée de lucidité ont laissé des traces profondes chez sa petite amie. La scène de la baignoire le hante. Inconsciemment, devine-t-il que Meredith n'a pas lutté en se laissant aspirer par le fond ? Derek est vraiment émouvant et touchant tout au long de cet épisode, avec une détresse qui sonne très juste à l'écran.
L'indécision de Cristina est également très forte. Comme lors de la blessure de Burke, elle ne peut tout d'abord pas faire face à l'éventualité de perdre Meredith. Ses repères se brouillent. Elle finit par aller boire au bar où Burke la rejoint. Son petit discours la convainc de revenir à l'hôpital. Mais surtout, jouant sur la symbolique jusqu'au bout, les scénaristes la font revenir avant que le coeur de Meredith ne reparte. Elle réussit à se confronter à cette Meredith sans vie que Bailey et le Chef tentent jusqu'alors vainement de sauver. Cela souligne vraiment l'importance de leur relation d'amitié pour Cristina.
Pendant ce temps, la tension entre Izzie et Callie est à son maximum. Je n'arrive à cerner les fondements de la très réelle agressivité d'Izzie. Je peux comprendre qu'elle n'approuve pas le mariage. Mais un tel ressentiment peut-il s'expliquer par cette simple opinion ? Est-ce qu'elle n'en veut pas à Callie, comme elle pourrait en vouloir à toutes les petites amies/femmes potentielles de George, de lui voler une partie de cette relation d'amitié si proche qu'elle partageait avec George au début ? N'est-ce pas simplement une certaine forme de jalousie ? Pas une jalousie causée par l'amour, mais par l'importance qu'occupe désormais Callie dans la vie de George ? C'est comme ça que je finis par interpréter toutes ces piques et cette obstination à exclure Callie de la bande qu'ils peuvent former. Cependant, cette fois, George exprime son désaccord et défend Callie. J'ai bien aimé sa conclusion à Izzie. Si elle n'accepte pas Callie, ou du moins en faisant juste un effort diplomatique, elle va perdre son ami. Et si Izzie avait raison pour son futur, George aura alors besoin d'elle. Mais Izzie ne sera plus une amie d'ici là si elle continue sur cette voie...
Sinon, l'émotion suscitée par l'accident de Meredith à Derek amène Addison à réfléchir. Son ex-mari n'a jamais éprouvé des sentiments aussi forts à son égard. Mark lui objecte qu'en revanche, en dépit de toutes ses infidélités, il l'aimait et l'aime toujours avec cette passion. Addie en conclut que s'il peut s'empêcher de coucher avec une femme pendant 60 jours, elle lui redonnera une chance. Mais je ne sais trop quoi en penser avec le projet de spin-off en préparation ?
Bilan : L'épisode est décevant. L'intrigue centrée sur Meredith n'est pas très bien négociée par des scénaristes qui suivent un chemin trop convenu. En revanche, les émotions et les réactions des autres offrent des scènes intéressantes, beaucoup plus inspirées.
Jeu de briques
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