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Battlestar Galactica - 3.07 - A Measure of Salvation

Publié le 26 novembre 2006 par Heather

Encore un thème et un débat fort au coeur de cet épisode : le crime de génocide. Jusqu'où peut-on aller pour se défendre ? Les victimes d'hier peuvent-elles recourir aux mêmes extrémités que leurs agresseurs passés ? Moraliste, philosophique ou pragmatique, différents personnages vont ainsi incarner des positions et des argumentations opposées. Sur le papier, le potentiel est réel. Pourtant, à l'écran, la retranscription de l'intensité et de la densité que pouvait laisser présager un tel débat ne fonctionne pas -ou du moins, de façon moins efficace qu'on pouvait légitimement l'attendre.

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Le téléspectateur a bien du mal à se passioner et à s'inquiéter. J'ai eu l'impression d'assister à un débat quelque peu stérile, avec beaucoup de recul, froidement théorique. Les différents arguments sont ressassés. Lee, de façon assez surprenante car le personnage avait toujours montré un certain humanisme et accordé de l'importance à sa conscience, plaide pour en finir avec les cylons. Il est celui à qui vient le premier l'idée d'utiliser le virus pour faire se répandre la maladie à bord de la flotte cylon, en exécutant leurs prisonniers cylons malades. Adama se positionne volontairement au-dessus du débat, se plaçant sous les ordres et la décision de Roslin, sans doute trop tiraillé entre différentes influences -l'instinct militaire, son père qui était avocat spécialisé dans les droits de l'homme-. Helo, en revanche, plaide contre
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ce génocide envisagé qui ternirait à jamais l'humanité. L'argument est beau, idéaliste et humaniste, de quoi rehausser l'opinion du téléspectateur sur le personnage. Pour autant, le fait que ce soit Helo qui défende cette position introduit évidemment une faiblesse dans son argumentation : le fait qu'il soit marié à une cylon. Est-ce que cela obscurcit son jugement ? Ou au contraire, le choix effectué par Sharon, le libre arbitre dont elle a pu faire preuve, donne-t-il la preuve que les cylons ne sont pas uniquement des machines programmées ? Qu'on ne peut les éliminer sans distinction. Invoquer le génocide humain perpétré dans les colonies, n'est-ce pas fonder son argumentation sur une froide vengeance, sans prise en considération d'éléments militaires ou de conscience ?
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Beaucoup de questions, d'oppositions, pour autant, le téléspectateur a l'impression d'assister à un condensé très classique et convenu de débats qui ont déjà eu lieu. Ca m'a paru trop impersonnel pour vraiment pouvoir s'y impliquer et ressentir pleinement la tension du moment. D'autant que, finalement, l'histoire du virus est vite expédiée puisque Helo sabote le système d'aération de la cellule des cylons et les tue avant que le Galactica ne soit à portée de la flotte cylon. C'est très symbolique que ce soit Helo, et non Sharon, qui
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empêche l'exécution du plan. En effet, Sharon semble d'une dévotion aveugle envers la flotte coloniale, un soldat sans arrière pensée qui place son serment au-dessus de tout. Le fait qu'Adama ensuite se refuse à engager des poursuites contre le responsable du sabotage en dit beaucoup, je trouve, sur son opinion sur ce plan, approuvé froidement par la présidente.

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La storyline, un instant esquissée, où les scénaristes nous font nous inquiéter sur le devenir de Sharon, exposée au virus qui a décimé les cylons, est encore plus rapidement expédiée. J'ai trouvé quasiment bâclée, versant dans la facilité, d'invoquer le bébé et les anti-corps qu'il a permis à Sharon de développer. Le téléspectateur n'a pas vraiment le temps d'être préoccupé par l'état de la jeune femme, de s'interroger sur les capacités de Cottle à sauver les cylons malades... Finalement, c'est si simple... Trop simple...

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La scène la plus marquante de l'épisode provient en fait d'une toute autre storyline, celle de Gaïus. Accusé de trahison (de façon assez ironique) par les cylons, il est torturé par D'Anna qui veut le faire avouer. L'apparition de Six dans la tête de Gaïus essaye de l'aider à résister tandis que D'Anna se montre sans pitié. Le soutien de Six est alors de faire l'amour avec Gaïus pendant que D'Anna le torture. Cela donne une scène très étrange, quasi-irréelle, expérimentant les deux extrèmes sensations de douleur et de plaisir en même temps... Très perturbant. Mais tellement BSG. Vraiment bien trouvé dans une symbolique des paradoxes inhérents aux personnages. Gaïus crie son amour à Six alors que la douleur est à son paroxysme, et c'est D'Anna qui reçoit tout autant la déclaration qui semble la marquer.

Bilan : Les humains savent désormais que Gaïus est en vie, et que les cylons suivent la même piste qu'eux en quête de la Terre... Mais sinon, le dénouement donne un sentiment de pétard mouillé. 'Tout ça pour ça' s'interroge le téléspectateur. L'épisode n'est pas de mauvaise facture, il est simplement un ton en dessous de la qualité habituelle de la série.


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