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Jericho - 1.02 à 1.05 - Un hiver nucléaire mystérieux à défaut d'être convaincant

Publié le 28 octobre 2006 par Heather

Alors que CBS a annoncé que la série aurait droit à une saison complète de 22 épisodes, après 5 épisodes, on peut commencer à avoir une idée précise des orientations de la série, de ses atouts mais aussi de ses défauts incontestables.

I - Globalement, la série a deux problèmes qui l'handicapent.

- Premièrement, l'extrème relativité des lois scientifiques dès qu'on aborde tout ce qui tourne autour des radiations consécutives aux explosions nucléaires, à force, ça finit par agacer. Même sans aucune connaissance scientifique particulière du téléspectateur, en se répétant dans sa tête que c'est une fiction, on se dit que c'est parfois vraiment n'importe quoi. Certains se refugient au fin fond d'une mine devant un déluge 'radioactif' tandis que d'autres 'survivent' tranquillement dans leur maison. On passera sur le fait que leur concept de nuage radioactif laisserait sans doute très perplexe ceux qui ont quelques souvenirs, au hasard, de 1986 en Europe.
Les scénaristes ramènent ce risque d'irradiation à l'ordre du jour périodiquement, quand ça les arrange, mais tout en restant très "théorique". Il y a bien ce pauvre réfugié de Denver irradié et échoué dans la pharmacie de Jericho, mais en revanche, passer vingt minutes sous une soi-disant pluie chargée de radiations n'a aucune conséquence particulière (à court terme du moins)...

- Deuxièmement, le manque de subtilité chronique des scénaristes est un handicap. Ils jouent à l'extrême la carte du concours de coincidences 'troublantes'. Oh, l'épicerie est vide, tiens un train stoppé juste à l'extérieur de la ville est rempli de provisions. Oh, un car-prison qui passait par là justement au moment précis où les bombes ont explosé, cela donne des fugitifs dans la nature et en plus un manque d'effectifs dans les forces de l'ordre -chic nos déjà héros de personnages vont pouvoir se démarquer un peu plus. D'autant que le manque de subtilité se ressent également dans les dialogues, la psychologie des personnages...

II - Pourquoi cela mérite quand même de s'y intéresser ?

- La série remplit un peu la même fonction que Surface la saison dernière. Une série B catastrophe dont le point fort n'est pas particulièrement la qualité des dialogues, des acteurs ou la recherche du réalisme. Mais... Parce qu'il y a un 'mais'. Au bout de trois épisodes, vous commencez à vous prendre au jeu alors que quelques informations vous sont lâchées au compte-goutte. Les chinois reportent-ils l'évènement ou sont-ils derrière, vous interrogez-vous comme tout le monde comme une transmission d'un JT chinois est capté une fraction de seconde ? Le mystère principal s'obscurcit fil des épisodes. Qui est vraiment cet agent 'ex flic de St Louis' (Hawkins) et sa mystérieuse famille ? Pour qui travaille-t-il ? Qu'est-ce qui est réellement à l'oeuvre ici ?
Voilà principalement ce qui vous fait revenir devant votre petit écran au fur et à mesure que vous commencez à essayer de comprendre ce qu'il se passe. Le téléspectateur est plus informé que la plupart des habitants car il est témoin des étranges activités de Hawkins sans pour autant savoir ce que ce dernier sait. On acquiert cependant la certitude que les bombes étaient prévues, que Hawkins savait, et que Jericho avait originellement désigné comme un point de chute pour un groupe d'individus...

- Du côté des personnages, la série offre une galerie de caricatures, du maire patriarche sur sa ville, à son fils aîné soi-disant parfait en apparence mais qui entretient une liaison avec la barwoman pour laquelle il a promis qu'il allait quitter sa femme.
Le fils prodigue de la famille est revenu à Jericho pile au bout de cinq ans d'absence le jour des bombes nucléaires. On apprend grâce à Hawkins et à son réseau intranet que le passeport de Jack est 'fiché'. Au vu de ses récents voyages, Jack travaillerait pour le gouvernement. Militaire, agent secret ? Si ce n'est pas cool ça, voilà en plus de quoi expliquer le côté 'super-héros' multi-tâches en plus.
La comptable citadine jusqu'au bout des ongles se charge de véhiculer tous les clichés du genre face à un public de 'campagnards' brandissant fièrement leurs chemises à carreaux -j'ai en horreur cette 'mode' vestimentaire- (notamment ce brave 'fermier' -celui qui prend des douches radioactives sans effet sur la santé- et dont elle a fait un audit de la ferme juste avant les explosions).
On a aussi des storylines excentrées qui ne servent pas à grand chose avec un adolescent weird rejeté par tous ses pairs mais amoureux de la belle Krystal qui règne sur la bande d'ados de la ville. Ca ne sert pas à grand chose, mais il est prouvé depuis longtemps que les ados ne servent à rien si ce n'est alourdir l'intrigue dans les séries à suspense, donc rien de bien neuf de ce côté-là non plus. Un jour peut-être, les scénaristes prendront conscience de ce fait.

Bilan : Autant être clair, la série n'est pas le parfait manuel pour apprendre à survivre à un hiver nucléaire (pour cela, même les vieux guides de la guerre froide seraient sans doute plus efficace), mais on se prend rapidement au jeu de connaître le fin mot de l'histoire, savoir qui sont derrière tout ça. La série se montre assez habile pour nous donner de nouveaux éléments régulièrement, attisant notre curiosité, tout en nous laissant dans le flou.


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