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Au secours, c'est une invasion !

Publié le 25 septembre 2006 par Heather

C'est le débat à la mode. Pas un journal, un forum, un blog qui n'y échappe... Je me devais bien de réagir à mon tour. 

Le dimanche soir, le téléspectateur français assiste à un duel Bruckeimerien entre Les Experts et FBI:Portés disparus, après avoir passé sa soirée du samedi devant le marathon de TF1 (Lost, Preuve à l'appui, 24). Le mardi, France 3 découvre les séries en prime-time en servant aux téléspectateurs The Closer -une série déjà diffusée par France 2, mais qui retrouve pour l'occasion son titre original, pour des inédits artificiels. Mercredi, face à la série à la française de France 2, 'L'Etat de Grace', M6 oppose Missing : disparus sans laisser de trace. En attendant ses très bons scores de jeudi grâce à Prison Break pour laquelle M6 a fini par retrouver le rythme de deux épisodes. Le vendredi, NCIS, toujours sur M6, tient la dragée haute à la Star Ac' et bat ses records d'audience. Dans deux semaines, TF1 va diffuser les six derniers épisodes de Grey's Anatomy en moins de 24 heures, en profitant pour tester sa nouvelle série cataloguée 'à succès' en prime-time, case horaire où la saison 3 est annoncée.

Alors, trop de soirées séries en perspective ?

Se pose derrière un débat lancinant sur la façon de regarder correctement les séries. Aux Etats-Unis, elles sont conçues pour être diffusées au rythme d'un épisode par semaine, avec pour certaines des pauses de midseason de plusieurs mois, comme pour Stargate qui reprendra en janvier prochain sur Sci-Fi. En France, le rythme classique de deux épisodes, voire trois, pour les séries en soirée, sans pause au milieu de la diffusion (sauf cas exceptionnel) fait qu'en deux mois et demi, une saison est diffusée.

Le téléspectateur français n'a pas été élevé devant des soirées télé où chaque heure constitue un nouveau carrefour lui permettant de changer de chaîne. Les chaînes françaises délaissent de plus en plus, pour leurs fictions, le format de 90 minutes. Pourtant, conscientes de l'effet secondaire de ce système, elles gardent l'habitude d'accaparer avec le même programme 90 minutes de la soirée du téléspectateur. Une sorte de compromis entre tradition et modernité, une simple étape pour une grille semblable aux networks américains ?

La 'polémique' suscitée par la disparition du film du dimanche soir sur TF1 montre peut-être les limites de cette métamorphose portée par les excès de la course à l'audience des chaînes- pourtant quoique les sondages disent, les audiences cumulées des Experts et de FBI : Portés disparus dépassent les 13 millions de téléspectateurs. A ce sujet, en passant, je dois avouer que ce fameux film dominical ne me manque pas particulièrement, car pour mes dimanches cinéma, les films -toujours- diffusés sur Arte ont beaucoup plus mes faveurs en général -dernièrement 'Lilly Marleen', 'Nixon' et 'Vie privée' m'ont convaincu de délaisser mes séries, voilà des films qui à mon sens redorent plus le blason du cinéma que nombre de films diffusés sur la première chaîne.

La façon de diffuser des chaînes accentuent l'impression d'avoir à faire à une invasion de séries. En allant jusqu'à diffuser trois épisodes d'affilée, les chaînes vont-elles finir par tarir d'elles-même cette source d'audience par une surexploitation du filon ?

Ces interrogations sont récurrentes en ce moment.

Quand on me pose la question, mon réflexe est de réfléchir par rapport à ma propre situation : je dois passer en moyenne six soirées sur sept devant des séries. Et je n'ai pas le sentiment d'être lassée, au contraire. Donc a priori, j'ai du mal à cerner la problématique qui fait tant débat. Pourtant, en y réfléchissant, il y a deux grandes différences par rapport à la situation sur les chaînes hertziennes françaises.
 
Tout d'abord, la plus grande diversité de mes programmations de soirée séries. Les séries arrivent sur le hertzien à des heures très exposées, certes, mais les séries qui arrivent en prime ne représentent qu'un certain type de séries, les séries le plus grand public que les chaînes puissent trouver. Or ces séries fédératrices ne peuvent résumer à elles-seules les séries de manière générale, telles que je les entends. Pour avoir une vue plus globales, il faut aller voir du côté de Canal+, de France 4, du câble (Paris Première, 13ème Rue, Jimmy...). Si une partie des séries se démocratisent, certes, ce n'est que le pan le plus accessible de ce format. L'offre reste donc très biaisée.

La deuxième grande différence dans mon visionnage des séries, c'est que le plus souvent (même si par exemple, pour le final de Grey's Anatomy, j'ai effectivement regardé d'affilée les trois derniers épisodes qui s'enchaînent par un acte en trois parties), en suivant la diffusion américaine, j'adopte le rythme d'un épisode par semaine. Est-ce la meilleure façon de regarder les séries ? Je ne pense pas que ce débat ait un réel sens, chacun ayant ses préférences, et le type de séries ayant également une incidence non négligeable. C'est au cas par cas et il n'y a pas 'une' vérité. Cependant, cela a un avantage, c'est un sentiment de grande diversité qui en découle. Une soirée où vous enchaînez un épisode de CSI:NY, puis un de Grey's Anatomy, pour finir par MI-5 (Spooks), ne vous donne pas l'impression de passer votre soirée devant un même divertissement. Ce sont des fictions si différentes que justement, mis à part la durée (quoique Spooks soit plus long) et le fait que vous retrouverez les personnages la semaine suivante, vous ne pouvez les assimiler.

Ces deux différences permettent d'éviter de façon assez efficace tout sentiment de répétition.

Mais cela peut-il montrer les limites inhérentes à la politique actuelle des chaînes ? Je ne sais pas. En effet, ce que l'on ignore a tendance à ne manquer à personne.


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