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Les vieilles peaux tu écouteras

Publié le 08 octobre 2011 par Mtislav
 
Les vieilles peaux tu écouterasDorham a publié il y a quelques jours une critique du dernier livre de Simon Liberati (Jayne Mansfield 1967, chez Grasset). Dorham vous déconseille le livre, nous vous conseillons sa critique, celle du livre mentionné plus haut et aussi de la figure de l'écrivain telle qu'elle se présente sur les plateaux télé. Vous croiserez Audrey Pulvar et Natacha Polony et en guise d'illustration, une photo de Jayne Mansfield faisant partie d'une série prise au cours d'une soirée à Beverley Hills en avril 1957. Des vedettes du moment étaient présentes (et je ne parle pas d'Audrey Pulvar, pas même de Natacha Polony) ainsi que Louella Parsons, fameuse échotière de Hollywood. Il semble que le but de la soirée était de lancer Sophia Loren, aussi de nombreux photographes des studios étaient présents. En mai, la soirée au Romanoff's fera l'objet d'un long article dans Life. Louella Parsons - dont la capacité à faire et défaire la réputation des stars est à l'époque déclinante - semble ne pas avoir tout à fait apprécié le décolleté mirobolant de Jayne Mansfield, laquelle lui répondra quelques mois plus tard.
On peut lire en effet dans un numéro de Modern Screen d'octobre 1957 à propos d'une nouvelle soirée organisée par Louella Parsons, que cette dernière avait réprimandé Jayne Mansfield pour sa tenue un trop osée. Jayne répliquait en arborant une tenue qui soulignait chaque courbe de son corps ("As she reprimanded Jayne Mansfield for wearing low cut clothes, Jayne instead wears a dress that outlines every curve of her body." Le lecteur nous excusera de proposer cette maladroite traduction. Le traducteur automatique yahoo quant à lui nous proposait une version tellement déraisonnable qu'on ne pouvait que conclure à la supériorité de l'homme sur la machine (ce dont on doutait depuis 1997, date à laquelle l'ordinateur Deep Blue  battait Gari Kasparov).
Que s'est-il passé en effet ? La réprimande de Louella Parsons date-t-elle de la soirée d'octobre ? Jayne est-elle rentrée chez elle pour changer de robe et en adopter une encore plus provocante ? Peut-on imaginer que la réprimande s'est intercalée entre la soirée du mois d'avril, particulièrement médiatisée, et celle du mois d'octobre ? Auquel cas, Jayne Mansfield a largement eu la possibilité de préparer son coup, à savoir une tenue digne d'être notée par les magazines people de l'époque. Surtout les plus sages, comme Modern Screen
Les vieilles peaux tu écouteras
Quand on observe les couvertures du magazine pour l'année 1957, on est frappée par le conformisme de la ligne éditoriale. Il n'y a n'y a guère que le numéro de février avec Nathalie Wood en une qui soit un brin rafraîchissante. Les unes dessinées et coloriées de l'âge d'or hollywoodien, particulièrement suggestives (regardez cette pomme que croque Ginger Rogers !) sont désormais bien loin. 
De son côté, Jayne Mansfield est au firmament de sa carrière. Elle devrait être épuisée par une décennie de comparaison avec Marilyn, elle devrait trembler de trouver sur sa route les les Françaises dépourvues de toute moralité (Brigitte Bardot) et les Italiennes dépravées (de celles qui divorcent, se remarient, font des enfants...).  Elle est blâmée pour exhiber sa poitrine et "accidentellement" un téton. Ce qui fait qu'aujourd'hui, elle une des rares personnalités dont le tour de poitrine serait susceptible de faire l'objet de thèses de troisième cycle. Sur Wikipedia, on n'hésite pas à faire état des mensurations résultant de son rapport d'autopsie... Sur l'Internet Movie Database, l'examen critique est plus expéditif : "Elle devient une Marilyn Monroe du pauvre" ("a sort of poor man's Marilyn") "sans sa vulnérabilité et son talent". "Et de conclure sur le déclin à partir des années 1960, les apparitions "embarrassantes" ("cheesy sexploitation and hokey"). 
A cette réputation de starlette bas de gamme s'oppose la femme au QI démesuré, parlant cinq langues, jouant du violon et du piano. La rumeur donne à penser qu'elle est décapitée lorsqu'elle meurt dans un accident d'automobile.
Voilà ce qui arrive quand on n'écoute pas les conseils des vieilles carnes.

image : Ginger Rogers, Modern Screen, 1938.

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