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Passer des retraites plombées aux retraites dorées

Publié le 09 octobre 2011 par Copeau @Contrepoints

Passer des retraites plombées aux retraites dorées

En Belgique, retraite se dit pension. Mais « répartition » se dit toujours « répartition », comme en France. Et, comme par hasard, en Belgique comme en France, cette répartition pose les mêmes problèmes. Peu d’ouvrages y fournissent réellement des solutions concrètes. À l’exception notable de celui de Frédéric Wauters et Ludovic Delory, « Retraites Plombées », dont j’ai pu me procurer un exemplaire…

(Je vous passe l’empoignade de folie pour, justement, me procurer le précieux opuscule, tant la bousculade fut homérique et les foules hystériques pour se procurer cette anthologie) – Sur un papier de bonne tenue et avec une police de caractère habilement choisie pour faciliter la lecture, Retraites Plombées traite donc de l’épineux historique des pensions belges, et évoque de façon assez détaillée l’histoire des retraites françaises ; non content d’exposer avec précision les mécanismes qui ont conduit les retraites dans l’impasse où elles sont maintenant, ce petit livre de 150 pages percutant comme un expresso en profite pour exposer les solutions que d’autres pays, confrontés aux mêmes problèmes, ont mis en place et détaille les succès et les écueils qu’ils rencontrèrent.

Retraites Plombées

Mieux : la thèse de nos deux auteurs belges se fend d’un calcul circonstancié et détaillé pour évaluer le traitement que toucherait un pensionné suivant le mode de répartition actuel et celui qu’ils proposent en remplacement. La différence est de plus en plus douloureuse alors que les retraites par répartitions se font chaque jour plus misérables.

Comme je l’ai évoqué quelques lignes plus haut, le livre est serré comme un café matinal et ne s’embarrasse pas d’idéologiquement ou de politiquement correct. La répartition y est exposé pour ce qu’elle est : une escroquerie pure et simple basée sur le vol des épargnants et ne profitant, au final, qu’à une poignée de privilégiés.

Si cette thèse était exposée sans plus d’explications, elle ne saurait tenir contre les arguments répétés jusqu’à l’usure des thuriféraires enthousiastes et bavards de la répartition. En réalité, en quelques chapitres bien amenés, chacun des arguments de la thèse y est exposé et démontré sans ambiguïté.

On apprend ainsi que la mise en place de la répartition s’est faite, tant en Belgique qu’en France, par la spoliation éhontée des épargnants : avant l’instauration (par la force) de la répartition, la capitalisation était la méthode la plus naturelle en vigueur. À la faveur des difficultés budgétaires de l’État, les gouvernements ont décidé de saisir le magot que représentait cette épargne pour financer leurs lubies ou nécessités du moments. Le contrat passé pour compenser cette évaporation cynique fut que l’État garantirait alors le versement d’une pension dans des conditions déterminées.

La suite, on la connaît : lentement mais sûrement, les pensions se sont érodées, les conditions se sont durcies, les garanties de l’État se sont amoindries.

Les auteurs en profitent pour exposer le vice inhérent du système par répartition : chaque travailleur aura tout intérêt à obtenir le maximum de sécurité financière en déployant le minimum d’effort. Or, dans un système par nature collectiviste, le résultat est d’opposer directement les catégories de cotisants les unes aux autres. Ils notent d’ailleurs, dans un chapitre complet, l’ensemble des facilités qui sont mises à disposition de bénéficiaires directs du régime par répartition, dont les cotisations sont très réduites et les pensions très élevées.

On retrouve ici, du reste, exactement les mêmes mécanismes en France qu’en Belgique : les politiciens, toujours très maladroits lorsqu’il s’agit des finances publiques, sont de fins renards lorsqu’il s’agit des leurs ; les pensions des députés, des sénateurs, des ministres et de l’ensemble des fonctionnaires qui ont leur oreille attentive sont notoirement plus avantageuses que celles des professions libérales ou des salariés du privé.

Enfin, nos deux pourfendeurs de la répartition montrent de façon limpide comment la capitalisation donne une chance réelle de retraite décente pour tous. Ils répondent aux objections habituelles des collectivistes et autres tenants du tout à l’égout étatique (« et les plus pauvres ? », « oui mais les marchés se plantent parfois ! », « et la solidarité, alors ? ») et passent en revue différents pays qui sont passés à la capitalisation et dont les peuples ne veulent plus entendre parler de répartition…

Mieux, ils montrent comment et pourquoi un travailleur moyen peut, par la capitalisation, disposer pendant sa retraite d’une pension supérieure à son dernier salaire !

Qu’on soit Français ou Belge, je ne peux donc qu’encourager chaudement l’achat de ce manuscrit : il balaye avec brio les objections trop souvent entendues, et remet parfaitement les pendules à l’heure. Et ça tombe bien : celle de la capitalisation a sonné, tant la retraite par répartition est à bout de souffle.

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