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No more !

Publié le 13 octobre 2011 par Toulouseweb
No more !L’amputation du budget U.S. de la Défense suscite l’inquiétude.
«No more !», assez !, s’est écriée Marion Blakey, directrice de l’Aerospace Industries Association (AIA), après l’évocation de réductions budgétaires accrues, par rapport aux intentions actuelles de l’administration Obama. C’est-à-dire au moins 350 milliards de dollars sur 10 ans, et plus probablement de 460 à 480 milliards. Des repères qui inquiètent sérieusement l’industrie de la Défense ou, pour utiliser une terminologie à connotation péjorative, le lobby militaro-industriel.
La bataille de chiffres qui fait rage à Washington révèle, au minimum, un étonnant manque d’imagination. D’un côté, des déficits publics abyssaux, à contenir de toute urgence, de l’autre les fournisseurs du Pentagone qui ont entrepris un vigoureux chantage à l’emploi. Les régions qui risquent d’être les plus directement touchées envoient leurs élus en première ligne pour évoquer l’une ou l’autre forme de scénario catastrophe. Mais la polémique se limite en grande partie à une bataille de comptables.
De plus, certains des arguments avancés par les uns et les autres sont abstraits au point de ne pas permettre des échanges de vues utiles. Ainsi, Leon Panetta, le nouveau secrétaire d’Etat à la Défense, évoque-t-il les inquiétudes que suscitent des risques cybernétiques croissants, lesquels supposent des investissements en forte croissance, essentiellement en recherche et développement. Mais il est autrement difficile d’évoquer ce thème que des réductions de commandes de matériels ou encore les conséquences industrielles de cadences de production réduites.
On constate aussi qu’il n’est pas question de géopolitique dans les discussions actuelles. Rares sont les allusions à la difficulté croissante pour les Etats-Unis de tenir leur rang d’unique super puissance et encore moins de l’apparition de priorités nouvelles. La planète Terre n’est pas vraiment apaisée depuis la fin de la Guerre Froide mais les difficultés qui sont apparues sont sans rapport avec celles de l’époque du docteur Folamour. Pour l’essentiel, les sources d’inquiétude ne sont plus que partiellement territoriales, mais beaucoup plus idéologiques. Et il est devenu plus important de protéger des moyens informatiques omniprésents que d’aligner un nombre plus ou moins imposant de F-22.
Cette réflexion-là est largement absente, ces jours-ci. On comprend, notamment, que l’AIA défende l’intérêt de ses membres, mais une telle attitude est très insuffisante. Un haut gradé en retraite, qui pantoufle aujourd’hui chez Dayton Defense, continue d’asséner qu’il faut préserver à tout prix les capacités de «domination» du Pentagone. Il est vrai que la justement célèbre Wright-Patterson Air Force Base risque de vaciller dangereusement sur ses bases si des pans entiers de ses activités sont supprimés, comme il en est actuellement question. C’est un exemple parmi de nombreux autres : 27.000 emplois risquent de disparaître, pour la plupart civils.
Quels que soient les mérites de ces propos, qui n’ont rien d’inattendu, et dont la justification est évidente, on voudrait que le débat soit moins étriqué. Pour reprendre le thème d’un livre dont on parle beaucoup ces jours-ci, on voudrait regarder au-delà de «l’Amérique qui tombe» d’Arianna Huffington. Ce n’est pas chose facile.
Pierre Sparaco - AeroMorning

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