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Le Retour Du 29 Mai 2005

Publié le 13 octobre 2011 par Sagephilippe @philippesage

Finalement, cette primaire aura été une réussite. Elle aura permis de clarifier certains points. Et désormais, nous savons. Quel que soit le candidat du PS choisi dimanche, nous savons, oui, qu’il ne sera pas (ou : peut-être pas) du côté du peuple.
Peu importe les concepts de « gauche molle » ou de « gauche dure », ils ne sont que postures médiatiques.
La vérité, c’est que le PS ne portera pas les valeurs du socialisme. Mais celles du Triple A, de la finance et des marchés qu’ils espèrent, les « impétrants », corriger à la marge.
Autant le dire de suite : c’est hautement insuffisant.
Mélenbourg-et-Montechon.jpgC’est insuffisant, car voué à l’échec. L’heure n’est plus à la gestion. Au Bayrouisme. Au raisonnable [*]. Mais à la contre-attaque.
Le temps est venu d’entendre les Todd, les Lordon. Et même, d’une certaine façon, les Montebourg, les Mélenchon. Avec toute la prudence qui, nonobstant, s’impose. Car ces derniers sont avant tout des politiques, non des idéologues purs et durs.
Bref, tout nous invite à la radicalité. Et cette radicalité, elle ne fut que trop peu portée, lors de la « primaire citoyenne ».
Cependant, et quelle divine surprise ! Ce que cette primaire a révélé, ressuscité, c’est une ligne de fracture, celle du 29 mai 2005. Tant mieux ! Merci la crise ! Merci la finance ! Vous avez réveillé un essentiel. Et cet essentiel, c’est un « non » retentissant : non à ce système, non à la mondialisation ! Non, itou, à la moralisation du capitalisme, tant nous le savons, c’est mission  impossible. Un attrape-couillons.
Alors bien sûr, d’aucuns rétorqueront que c’est pur fantasme. Quoi Montebourg ? Quoi Mélenchon ? Ça pèse combien ? 400 000 personnes pour l’un, potentiellement près d’un million pour l’autre. Mais vous êtes minoritaires ! Vous prenez vos rêves pour réalité, ma parole !
Et la dynamique, vous en faites quoi ? La force, le souffle, la ténacité.
Le combat n’a pas encore commencé, si je ne m’abuse ! Or qui sait, de ce qu’il accouchera.
D’un éléphant, vous croyez ?
« D’une souris lepéniste ! » hurlent déjà certains !
Arrêtons-nous, sur ladite souris. Puisque vous insistez.
Car oui, il faut en causer. Tant elle nous ramène, aussi, au 29 mai 2005. A la fameuse ligne de fracture. Les deux France. Du moins, c’est ce que voudraient nous faire croire les journalistes, et autres éditocrates. Ces « laquais », ces « valets » du système.
Le Pen défend la démondialisation ?
Donc, Montebourg, Mélenchon, Le Pen, c’est pareil (et Nicolas Dupont-Aignan, itou) !
C’est extraordinaire, non ? Mais c’est aussi ce qu’ils nous bavaient en 2005. Ah, les charlatans ! Todd a beau s’esbigner à dire, haut et fort, que non, c’est pas pareil, ils n’en ont cure. Normal ! Ils roulent pour le système. Pour que rien ne change.
La vérité, c’est que non, ce n’est pas pareil.
D’un côté nous avons le socialisme, et de l’autre, l’ultra-nationalisme.
D’un côté nous avons des adversaires du néolibéralisme, de l’autre des girouettes. Oui, parfaitement, des girouettes ! Car, pour qui s’en souvient, le Front national est avant toute chose, un parti qui, toujours, a défendu le système capitaliste ; ultra-libéral il est, ultra-libéral il demeure. Sa conversion à la souffrance du peuple, son intérêt soudain pour les classes populaires, n’est que pur opportunisme, dicté par une logique électorale. Et s’il combattit le système ce n’était point l’économique, mais le politique. En d’autres termes : les institutions, la Ve République.
Jamais le Front national n’a été du côté de ceux qui triment, qu’en bavent, qui désespèrent. En revanche, c’est bien le désespoir qui conduisit une partie de l’électorat (de gauche, souvent) à se tourner vers le FN. Il serait désolant, préjudiciable, que cette tendance lourde, enrayée temporairement en 2007, par un matamore, un fanfaron, se poursuivit en 2012.
Mais revenons à notre futur candidat du PS. Soit, il porte les thèmes de Todd, de Lordon, etc., un tant soit peu, soit il reste dans un trip social-démocrate, et Adieu Berthe !
Soit il incarne les valeurs du socialisme, aussi la colère du peuple, l’espoir, l’imagination, le combat contre le néolibéralisme, soit il se contente d’être une alternative au sarkozysme, ce dont on se fout royalement. Car quel intérêt, pour nous, d’avoir demain à l’Elysée, un Sarkozy vaguement social ? Or donc, un Hollande (sorte de Bayrou du PS) ou une Aubry (un delorisme pépère).
Il semble, malheureusement que le candidat du PS ne bougera pas d’un iota ; il restera social-démocrate, pauvre substitut au sarkozysme. Tant pis pour lui, dans ce cas… mais qu’il sache ceci :
Sarkozy, c’est (déjà) fini. Il se peut qu’il ne passe même pas le 1er tour de la future présidentielle ! Et cette obsession à vouloir le battre, cette invitation permanente à nous en débarrasser, notamment par le foutu « vote utile », c’est une diversion. C’est pour éviter de parler de socialisme, du peuple, et du « non » qui gronde,  ce « non » que les médias complices contiennent, en rappelant, par exemple, combien le peuple est résigné.
Non, il n’est pas résigné.
En revanche, si la radicalité n’est pas dans le bon camp, il pourrait très bien voter FN, en masse.
Le FN, c’est lui, l’Adversaire. Oublier ça, c’est se tromper de combat. Todd et Lordon, l’ont compris. Quand est-ce que la « gauche », ou supposée telle, va le comprendre ?
Je m’en tape, moi, d’avoir le PS au pouvoir. Je m’en fous comme de l’an 40 de prendre une revanche sur (la droite, le sarkozysme, etc.). S’il n’est pas socialiste, l’élu, ça ne vaut rien. Ça ne changera pas mon quotidien. Je ne vivrai pas mieux. Je ne serai pas plus heureux. Mais peu importe…
Peu importe, car ce qui compte c’est qu’aujourd’hui nous avons un boulevard devant nous. Et c’est la crise qui l’a ouvert, ce boulevard. Il serait insensé de ne pas le prendre. De ne pas faire savoir, haut et fort, que nous ne voulons plus subir. Nous ne voulons plus être des variables d’ajustement. Des Kleenex. Des Molex.
Tout bien considéré, nous avons l’occasion de prendre non pas notre revanche, mais de poursuivre, reprendre, ce qui fut gagné, éphémèrement, le 29 mai 2005.
Cette date-là n’aura pas été inutile. Soit nous saisissons cette chance, soit nous remettons à demain. Mais rien ne dit, cette fois, qu’il y aura un « demain ».
En définitive, jamais une élection présidentielle, n’aura été, à ce point, importante. Cruciale.
- Sarkozy/Hollande/Aubry/Bayrou/Morin/Etc., c’est le choix de la résignation.
- Marine Le Pen, c’est le choix du repli (sur soi). Or, on ne lutte pas contre le néolibéralisme, la finance, les marchés, en se repliant. Mais en combattant. En affrontant, directement, ce qui nous broie.
Qui plus est, mais je l’ai dit, le FN-du-côté-du-peuple, c’est une énorme arnaque. Mais plus c’est gros, mieux ça passe, n’est-ce pas ?
- Or donc : le seul vrai choix, c’est Todd, c’est Lordon. Pour le moment, il n’y a qu’un candidat qui défend cette ligne : Mélenchon (avec toutes les réticences qu’il suscite, et que je comprends, d’autant que je les partage). Il conviendrait, pour que ce soit plus grand, plus fort, que Montebourg le rejoigne. Et Poutou. Et Arthaud.
Bref, tous nos étendards du 29 mai 2005.
Pour faire de ce jour, en 2012, une victoire, enfin pérenne.
[*] « Nous sommes des gens raisonnables au Parti socialiste ! » a rappelé Martine Aubry, lors du débat dit : décisif.
Eh bien, tant pis pour vous, alors…
NB : A lire d’urgence, si ce n’est pas encore fait :
« Le commencement de la fin », ainsi que : « La démondialisation et ses ennemis » par Frédéric Lordon.
« Le Front national est un front antinational » et « Face au FN, il faut rompre avec deux concepts zombies : le libre-échange et l’euro » par Emmanuel Todd.


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