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Francisation

Publié le 13 octobre 2011 par Malesherbes

Je viens de recevoir un commentaire sur mon billet Le monoglotte, affiché en novembre 2009. Son auteur, Bastien, craignait de le voir supprimé. Ce n’est pas dans mes habitudes et, comme les lecteurs de ce blog risqueraient de ne pas avoir connaissance de ma réponse, j’ai choisi de la livrer dans un nouveau billet.

  

Bastien propose que, puisque, selon lui, je souhaite franciser les mots étrangers, on écrive désormais parking parquing. En l’occurrence, je ne me préoccupais pas de franciser un mot étranger mais plutôt de la transcription, en alphabet latin, du mot arabe burqua, créé dans un autre alphabet. Amoureux des langues, je suis bien sûr heureux de les voir s’enrichir d’apports étrangers mais je souhaite que chacune conserve son identité et, en ce qui concerne le français, qu’on le préserve si possible de la contamination de l’américain.

  

Ainsi, en français, en particulier dans les manuels d’histoire et de géographie, on a toujours écrit Irak et je ne comprends pas que l’hégémonie de l’américain puisse nous contraindre à orthographier désormais le nom de ce pays Iraq. Pour en revenir à burqua, on pourrait, selon la prononciation française, transcrire ce nom en burca,burka ou burqua, mais il ne me vient pas à l’esprit d’exemple d’un mot français avec cette désinence qa que l’on voit fleurir dans nos médias.

  

En ce qui concerne la francisation des noms, nous appelons la capitale du Royaume uni de Grande-Bretagne et d’Irlande, Londres, alors que ses habitants la connaissent sous le nom de London, et la ville éternelle située en Italie nous est connue sous celui de Rome, alors que nos amis italiens l’appellent Roma. Ce n’est donc pas pécher que de franciser des mots étrangers.

  

Si je considère l’emprunt de mots étrangers parfaitement légitime, l’anglais permettant en particulier une plus grande compacité que le français, j’attends toujours qu’on m’explique pourquoi des médias s’obstinent à parler de compagnies low-cost alors que à bas-coût me semble les définir tout aussi bien, avec la même économie de moyens, la même résonance phonique et l’avantage, à la différence du terme américain, d’être compréhensible par tous.   

  

Bastien se flatte de respecter les compétences linguistiques de chacun. Je ne pense pas, dans mon billet, m’être montréirrespectueux envers quiconque. Le moindre ingénieur en recherche d’emploi se voit demander quel est son niveau anglais. S’il est rejeté, on n’aura pas manqué de respect pour ses compétences linguistiques mais plutôt tiré la conséquence d’un défaut de compétence. Un président comme le nôtre, omniscient, qui fait bénéficier le monde entier, Arménie, Azerbaïdjan et Géorgie compris, de sa sagesse, de sa détermination et de son énergie, à défaut de l’employer en France autrement qu’à des déplacements électoraux bien ciblés, se devrait de ne pas être monoglotte. Je me souviens encore, avec honte, de l’avoir entendu accueillir à Paris, un jour de mauvais temps, Hillary Clinton, par un « Sorry for the time », indigne d’un collégien de 6°.  

                                                                                                                                                      

M’étant senti accusé par Bastien de « tamponner sans cesse sur nos élites hiérarchiques et politiques », je souligne que, pour moi, il s’agit plutôt de privilégiés, bien incapables d’assumer le rôle d’exemple qui devrait être le leur. On exige, à juste titre, que les aspirants à la nationalité française démontrent une connaissance satisfaisante de notre langue. Une des compétences exigées du premier des Français, élite de l’élite, devrait être une aptitude à manier correctement le français. Des années après sa création, les médias continuent à se gausser de la bravitude de la malheureuse Ségolène Royal. Les avez-vous entendus donner le même écho aux mots forgés par notre inculte de président : héritation, fatitude, conquérance, empilation, trentagénaire, sans oublier le financement péren ?


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