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Les loosers aussi peuvent être magnifiques

Publié le 15 octobre 2011 par Poch

Dans la série j'ai testé pour vous ...

Avant tout il me faut vous dire qu'en ayant regardé le film L'île nue de Kaneto Shindô j'ai enfin corrigé une injustice : j'avais gravé le dity film à un ami qui a dû le subir ce qui m'a valu par la suite des reproches car moi-m^me alors je ne l'avais pas encore visionné.

Commençons par le commencement : sur la pochette - oui madame, j'ai acheté ce film - il y a écrit vost... Bon, y'a pas de dailogue donc pas besoin de sous-titres.

Ensuite, c'est le dernier film de la Kindai Eiga Kyokai - société de production indépendante - qui jouait son va-tout. Le film de la dernière chance, Le film de la résurrection, des lendemains qui chantent, la renaissance et tout et tout. Ok, on se dit que ça va être énorme, grandiose, renversant et des tas d'adjectifs fous fous...

Donc l'autre soir, je regarde le film avec en tête l'injustice à reparer...

C'est la nuit sur la ville, il fait froid, pas un chat, pas une voiture, la lumière orange  des lampadaires, l'araignée qui a élue domicile au coin de ma fenêtre deverse ses sucs digestifs dans l'infortunée mouche venue s'empêtrée dans sa toile, un chat se ballade sur le toit d'en face...

L'histoire :

une famille japonaise vit sur une petite île sur laquelle les mètres carrés de surface plane se comptent sur les doigts des mains d'un mancho -figure de style, en gros y'en a pas tripette-. Y'a pas d'eau sur le caillou alors pour arroser leur potager qui l'ai fait vivre,papa et maman font sans cesse l'aller retour île terre pour ramener chacun 2 gros sceaux pleins d'eau. Puis avec l'eau ils grimpent sous le soleil de plomb le flanc de l'île pour aller arroser. Sacrément abrupte le flanc. Ils sont industrieux au possible. Toute leur vie se passe à accomplir des tâches arrassantes pour assurer leur subsistance. Maman renverse un sceau, papa lui fout une beigne puis maman reprend sa tâche, question de survie. C'est ok, tout va bien, c'est normal. L'erreur ne pardonne pas. Personne ne parle, ils sont littéralement absorbés par leurs tâches. Les enfants quoiqu'encore jeune on vite appris à se rendre utiles. Ils font corps avec leur île dont ils semblent presque prisonniers. Les jours passent, les saisons. C'est dur mais c'est la vie, leur vie. Quelques bonheurs simples tout de même : un jour grand fiston pêche un gros poisson. Toute la famille part le vendre puis se paie un resto : bol de riz enfourné dard dard, on ne parle toujours pas. Mais aussi du malheur, en plus de la malédiction que semble être leur existence du moins suivant nos critères d'évaluation petit bourgeois occidentaux de merde #!%\!!! -je m'enflamme- : grand fiston tombe malade. Papa fait la traversée comme s'il y avait un moteur à son bateau puis il court à travers toute la campagne pour trouver le médecin qui arrive trop tard. Grand fiston est mort. Ses camarades de classe viennent à son enterrement sur l'île, puis le corps du petit est encore chaud qu'il faut s'y remettre. La Nécessité ça te fait faire des trucs que t'aurais même pas pensé -si tu pouvais- mon gars.

Et là, c'est le moment ! Le truc où tu te dis que les 1h25 passées (sur 1h30, durée du film) devant n'ont pas été vaines. Que la scène que tu visionnes là dans ton salon, que le matou sur la gouttière zieute, que l'araignée à digestion externe zieute aussi, que toi tu mates les yeux tenus ouverts par des allumettes d'une marque que la politique éditoriale du site m'interdit de nommer, que cette scène va te catapulter des les sphères irredescentes du savoir unifié, dans le Grand Tout que t'aurais jamais voulu quitter (de l'inconvénient d'être né - Cioran.. faut écrire un titre comme ça tout de même), qu'elle va marquer cette scène la fin de ton cycle de réincarnations, qu'elle te fera regarder yeux dans les yeux la Volonté de Puissance Nietzscéenne, qu'elle te fera tourner sur toi même tel un derviche tourneur fraiseur pastagué à gogo... Cette scène ... et ben je te la raconte pas pour que tu te farcisses le film ! C'est pas un site blog pour de faux ici, il faut y aller, donner de sa personne, se bousculer un peu, aller voir, renifler...

Le film n'a pas été distribué :( Mais les loosers aussi peuvent être magnifiques : L'île nue reçoit le grand prix du Festival de Moscou 1960 ! D'où s'en suit une consécration internationale. Incroyable. A eu chaud. Un peu plus il tombait dans l'oubli. Merci Moscou.

...

Moi, j'ai l'air de me moquer...(*) mais en ce qui me concerne ce film je ne regrette pas de l'avoir vu. C'est du hors norme, hors mes normes, mais elles sont assez fluctuantes mes normes alors ...

Je concluerais par quelques slogans : Vive Télérama! Viva la television libré! Kill your television!

(*) si je me moque c'est pour avoir des trucs à écrire. Je ne rigole jamais mais je sais faire comme si...

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