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Prêt d'Union lance le prêt entre particuliers en France. Presque.

Publié le 15 octobre 2011 par Patriceb @cestpasmonidee
Prêt d'Union Son tout récent agrément en poche, Prêt d'Union a lancé officiellement, en version beta, la "première plate-forme de crédit entre particuliers" française. La nouvelle devrait réjouir tous ceux qui observent depuis 6 ans le développement de ce modèle à l'étranger (en Grande-Bretagne et aux États-Unis, notamment). Malheureusement, sa transposition dans l'hexagone l'a singulièrement dénaturé...
L'affiche était pourtant alléchante : les prêteurs se voient proposer une rémunération de 5 à 6,5% (sur 3 à 5 ans), qui se "transforment" en taux de 5,85 à 7,4% pour les emprunteurs (sur les mêmes durées, pour des montants de crédit de 3 000 à 19 500 euros). Sur la cible exclusive de prêts à la consommation de la startup, ces conditions sont effectivement concurrentielles face aux offres "classiques" des banques et autres établissements spécialisés.
Comme dans tous les systèmes du genre, afin de limiter les risques de défaut pour les prêteurs, la distribution des crédits est mutualisée. Première particularité de la plate-forme, l'utilisateur n'a pas la possibilité de sélectionner les projets qu'il souhaite financer, tous ceux qui ont été filtrés et sélectionnés par Prêt d'Union le seront. La seule marge d'influence dont disposent les investisseurs est une option de "vote", qui rendra les demandes les plus populaires prioritaires par rapport aux autres.
Le principal reproche qui peut être fait à Prêt d'Union est cependant ailleurs : en fait de crédit entre particulier, le système n'est accessible, côté prêteurs, qu'aux "investisseurs qualifiés", ce qui se traduit par des exigences de porte-feuille d'un minimum de 500 000 euros et de connaissance (démontrable) du fonctionnement des marchés financiers. On est bien loin des exemples de Zopa ou Prosper, ouverts à tous !
Du côté des candidats à l'emprunt, la déception risque d'être tout aussi grande puisque les demandes sont traitées selon les mêmes critères qu'appliquent les établissements de crédit traditionnels. Prêt d'Union affirme même que sa politique de sélection est encore plus stricte. L'avantage pour les prêteurs est, naturellement, que le taux de défaut (qu'il faudra déduire des rémunérations brutes affichées) sera plus faible mais ce choix réduira à néant les espoirs des consommateurs qui n'ont pas aujourd'hui accès au crédit (sans être nécessairement insolvables) et pour lesquels le "P2P Lending" est supposé offrir une alternative (au moins dans le concept original).
Il est fort probable que ces "barrières" sont imposées par la réglementation et justifiées par le cadre juridique de l'agrément qu'à reçu Prêt d'Union : le produit proposé aux investisseurs est en réalité une obligation dans un fonds commun, qui gère effectivement les crédits. Dans une période où tout le monde appelle à plus de contrôles et d'encadrement sur le secteur financier, cet exemple illustre bien la nécessité d'un certain discernement dans le domaine...
Pour conclure, le résultat final est très éloigné des "standards" du crédit entre particuliers et son seul intérêt sera de proposer aux emprunteurs des taux avantageux, s'il existe suffisamment d'"investisseurs qualifiés" pour répondre à leurs attentes. Le "P2P Lending" n'est pas encore arrivé en France...

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